Olivier a officiellement pardonné Antoine une semaine plus tard. ça ne me plaisait pas du tout. Mais nous n’avions pas vraiment le choix. Ce n’était surtout pas le moment de créer des soupçons autour de nous. Surtout que ce n’était qu’une question de jours. Nous serons partis avant le mariage.
Antoine est venu me voir, pour s’excuser de s’être comporté ainsi avec mon petit protégé. Il avait encore le nez un peu enflé. Malheureusement, je ne l'avais pas cassé.
Hum… Je voulais dire heureusement, bien sûr.
J'ai poussé un grognement intérieur et j'ai dit :
— Ouais… Bon… Je suis aussi désolé de t'avoir frappé.
Cette dernière phrase a eu quelques difficultés à sortir de mes lèvres. Elle était loin d’être sincère.
— Tu as bien fait, a-t-il assuré. Ça m'a fait reprendre mes esprits.
Je me suis incliné avec ironie.
— Tout le plaisir était pour moi.
Et c'était on ne peut plus vrai. J’étais même prêt à recommencer quand il voudra.
Antoine a mis les mains dans ses poches et s’est tourné à nouveau vers moi.
— Tu l’aimes beaucoup, Olivier, n’est-ce pas ?
J’ai sursauté. Pendant une seconde ou deux, j’ai cru qu’il avait compris la vérité. Puis je me suis rendu compte qu’il ne parlait que d’un amour fraternel.
— Oui, j’ai dit. J’ai beaucoup d’affection pour lui.
Maman a passé la semaine à s'exciter au sujet du mariage. Sous sa pression, j’ai achevé de distribuer tous les faire-parts. Puis, ce soir-là, elle nous oblige à nous réunir dans la salle polyvalente de la meute pour suivre des cours de valse.
—Vous comprenez bien, nous lance-t-elle sur le chemin, nous aurons tous l'air ridicule si nous ne savons pas danser correctement le jour du mariage. Surtout toi, Geoff.
— Merci, je grogne, agacé.
Maman hausse les épaules.
— Pauline ouvrira le bal avec son père, comme le veut la tradition. Puis nous les suivront, toi et moi. Puis vous danserez ensuite ensemble.
Notre professeure est une femme assez petite d'un dynamisme fatiguant. Elle ne cesse de sauter dans tous les sens.
— Allons, commençons, dit-elle en frappant dans ses mains. Mettez-vous deux par deux.
Pauline se tourne naturellement vers moi. Et je ne peux évidemment pas lui dire non. Antoine en fait de même avec Olivier.
— Très bien, reprend la prof. La valse est une danse en trois temps. Que le cavalier prenne de sa main gauche la main droite de sa partenaire.
Pauline me tend sa paume avec sérieux.
— Le cavalier est le meneur, continue la prof. Il doit commencer par avancer le pied gauche tout en pivotant.
Nous continuons à suivre les instructions et Pauline recule d'un pas.
— Ramenez à présent le pied droit. Puis pivotez et recommencez. Comptez toujours trois pas dans votre tête.
Notre professeur lance une musique de valse entraînante.
— J’imagine que ce serait plus compliqué lorsque je porterai ma longue robe blanche, lance Pauline.
Je lui souris.
— J'imagine.
Pauline a le pied sûr. Il est agréable de danser avec elle. Nous maîtrisons la technique sans problème et nous nous contentons de nous laisser emporter par la musique.
Mes parents valsent avec énergie dans un coin. Ils ont l'air de bien s'amuser. Papa ne cesse de faire des faux pas et Maman finit par décider de mener la danse, ce qui est sans doute préférable.
Je tourne discrètement la tête pour espionner mon petit oméga. Le visage d'Olivier est concentré à l'extrême pour suivre les instructions de la prof. Je vois ses lèvres bouger pendant qu'il compte mentalement ses pas. Il est plus adorable que jamais.
La voix de Pauline me ramène brusquement sur terre.
— Olivier et Antoine se sont réconciliés, on dirait, me dit-elle en regardant à son tour leur couple.
— Ouais, je marmonne en essayant de ne pas grogner.
Pauline sourit.
— Tu es vraiment très protecteur envers lui.
Je me tends, sur le qui-vive.
— Hum… oui…
Mais ma fiancée ne semble heureusement pas avoir de soupçon particulier.
— Je suis sûre que tu agiras aussi ainsi pour nos futurs enfants. Les prétendants qui oseront vouloir les approcher devront certainement se battre avec toi auparavant.
J’étire mes lèvres pour donner l’impression de sourire à nouveau.
— Oui, sûrement…
Je ne ferai jamais d’enfant à Pauline. Je sais qu’elle souhaitait que nous commencions jeune. Elle avait même fait des listes de prénoms à leur donner. En réalité, je n’aurais même jamais d’enfant. A moins d’en adopter. Peut-être qu’Olivier y tiendra. Je ferai tout ce qu’il voudra.
La musique s’arrête sur une dernière note qui résonne dans toute la pièce. La prof frappe à nouveau dans ses mains.— Très bien. A présent que vous maîtrisez les bases, je vous propose d’essayer de danser avec un autre partenaire.
— Oh, commente Pauline, déçue. Bon, tant pis. On se retrouve tout à l’heure chéri.
Elle me fait un baiser sur la joue et se dirige d’un pas léger vers son père. J’avance pour ma part aussitôt vers Olivier qu’Antoine a enfin lâché.
— Danse avec moi, je lui dis.
Le petit oméga jette des regards nerveux tout autour de nous.
— Tu crois que c'est très prudent ? s’inquiète-t-il à mi-voix.
— Ça semblera naturel à tout le monde. Après tout, tout le monde sait que je me comporte avec toi comme un grand frère protecteur.
Je lui fais un clin d'œil et il se renfrogne. Prenant cela pour un oui, je me place devant lui. Je pose une main autour de sa taille et le tire vers moi. L'odeur de l'oméga me chatouille agréablement les narines. La musique se lance et nous commençons à tournoyer. Olivier a un bras accroché à mon cou. Il évite soigneusement de me regarder, rouge comme une tomate.
Je lutte pour ne pas l’embrasser. Je ressens comme un courant violent qui nous pousse l’un vers l’autre. Je me demande comment notre amour peut ne pas être flagrant aux yeux de tous. Je me demande comment cette attraction parvient à rester invisible. J'ai l'impression de la voir, moi, tant elle est puissante.
— Geoff…, murmure Olivier.
Je baisse les yeux vers lui. Il me regarde à présent.
— Oui ?
— Je… Tu… Nous sommes trop près…
Je refuse pour autant de le lâcher.
— Nous ne serons jamais assez près.
— Geoff…
Je soupire et relâche un tout petit peu mon étreinte. Je sursaute en voyant le regard d'Antoine posé sur nous. L'alpha n'a pas l'air fâché mais plutôt songeur.
Je lâche aussitôt Olivier.
— Euh…, je marmonne. Je crois que je vais aller m'exercer avec ma mère. Puisque je suis supposé danser avec elle le jour J…
Le petit oméga me jette un regard un peu blessé et je me sens un peu coupable.
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Attraction (bxb) [terminée]
RomanceFutur héritier de sa meute, Geoffroy Moret mène une existence paisible aux côtés de Pauline, sa petite-amie de toujours. Jusqu'à ce qu'il rencontre Olivier, un jeune oméga orphelin qui cache un lourd secret. Deux âmes sœurs peuvent-elles résister à...