Chapitre 39 Geoffroy

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Nous grignotons quelques provisions que j'avais emportées en quittant la maison. C'est moins coûteux que d'aller dîner au restaurant de l'accueil. Théoriquement, il est interdit de manger dans la chambre, mais nous ne sommes plus à ça près. Nous sommes des criminels en fuite, après tout. 

Hum, criminels est peut-être un mot un peu trop fort. Quand je regarde le visage de mon oméga qui respire la douceur et la gentillesse, je me dis qu'il serait impossible de le traiter un jour de criminel. Il est trop mignon pour ça. Par contre, nous sommes indiscutablement en fuite, ça c'est certain. 

— Mange encore un gâteau. 

J'enfourne un biscuit sec dans la bouche d'Olivier avant qu'il n'aie eu le temps de protester. Ça me fait soudain penser à notre picknick dans les bois, le jour où nous nous sommes embrassés pour la première fois. Le manque d'appétit du petit oméga me contrariait déjà. Je sentais déjà notre lien sans bien le comprendre. J'avais déjà envie de le protéger contre tous les malheurs du monde. 

Je caresse les hanches d'Olivier qui tente vaillamment de grignoter son biscuit pour me faire plaisir. 

— Je t'aime. 

Et je ne lui dirai jamais assez. 

Le petit oméga avale sa dernière bouchée et m'adresse son petit sourire craquant. Mon cœur se réchauffe instantanément. Au fond, peu importe dans quelle situation nous nous trouvons tant que nous sommes ensemble tous les deux. Oui, c'est tout ce qui compte. 

Nous nous embrassons. Olivier sent bon le gâteau sec. Il pousse un petit gémissement et se presse contre moi jusqu'à monter sur mes genoux. 

— Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. 

Je pourrais répéter cette phrase jusqu'à la fin des temps. 

Mon oméga me regarde dans les yeux, les joues joliment colorées. 

— Je t'aime, Geoff. 

Je ne peux me retenir de l'embrasser à nouveau. 

— Mon amour. 

Je le fixe avec inquiétude. Olivier est pâle comme jamais et cligne des yeux. 

— Tu devrais dormir, mon chéri. 

J'écarte la couette et lui fait signe de prendre place dans le lit. Il m'obéit, les jambes tremblantes. Je positionne les draps par-dessus son joli petit corps et le borde tendrement. 

Épuisé, Olivier s'endort comme une souche dès lors que sa tête touche l'oreiller. J'observe sa poitrine se lever régulièrement. Ça me détend. Mon oméga est si adorable. Je pourrais le contempler des heures durant. 

Pour ma part, je n'arrive pas à avoir sommeil. Je suis surexcité comme une pile électrique et je finis par bondir sur mes pieds pour tourner en rond dans la petite chambre. Je pense à mes parents. À Pauline. Comment ont-ils réagi ? Mieux qu'Antoine ? Ou peut-être pire… 

Je me passe une main dans les cheveux. Mes yeux sont attirés par mon sac de voyage. Je repense aux messages qui m'ont été laissés sur mon portable. L'envie de les écouter me tiraille. Mais il serait très imprudent d'allumer mon téléphone. 

Je déambule de plus belle. Je voudrais aussi avoir accès à internet. Pour voir si un avis de recherche a effectivement été lancé sur nous. Je pourrais peut-être descendre à l'accueil pour voir s'il y a un ordinateur en libre service ? Oui, mais cela m'obligerait à m'éloigner d'Olivier et je ne peux pas m'y résoudre. Pas alors que nous nous trouvons dans une telle situation. 

J'entends soudain un bruit qui me fait dresser l'oreille. Quelqu'un parle à la réception, je crois. Des clients tardifs ? Un mauvais pressentiment me tord les boyaux. 

J'ouvre la porte le plus silencieusement possible et risque quelques pas dans le couloir. La rambarde de l'escalier est toute proche et je penche la tête pour essayer de voir ce qui se passe dans l'entrée. 

— … tout de suite reconnus, est en train de dire la patronne de l'hôtel. Alors j'ai appelé le numéro. 

— Quelle chambre ? demande une voix grave. 

— La 3. 

Je sursaute. C'est notre chambre ! 

En me penchant davantage aperçois, j'aperçois six hommes vêtus majoritairement de noir. Des gros bras à la mâchoire carrée. La police ? Non, ils n'ont pas d'uniformes ou de brassards quelconques. Mais ils sont manifestement à notre recherche. Au fond, peu importe qui ils sont tant qu'ils ne nous attrapent pas. 

Je commence aussitôt à battre en retraite. Quelle salope, cette patronne ! Elle nous a vendus ! 

Les hommes attrapent le double de la clef et se dirigent déjà vers l'escalier. Ils seront devant notre chambre dans moins d'une minute. Maudissent ma propre bêtise, je recule à toute allure. Je dois prévenir mon amour et filer avec lui. Nous n'aurions jamais dû nous arrêter ici. Ce que j'ai été idiot ! 

Je me réfugie dans la chambre et ferme la porte à double tour avant de poser une chaise devant pour essayer de la bloquer. Bien sûr, cela ne les retardera pas longtemps. 

Je secoue Olivier qui grogne. Il a l'air épuisé et cela me fait mal au cœur de devoir le réveiller. Mais je n'ai pas le choix. Je pose ma main sur sa bouche pour le faire taire. 

— Pas un bruit. Nous devons partir. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant