Chapitre 42 Olivier

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Mes paupières sont lourdes comme du plomb. Je cherche à les ouvrir mais elles semblent scellées, comme si mes cils avaient été collés à la super glu. 

Je renonce à utiliser mes yeux et me concentre sur mes autres sens. J'entends un bourdonnement régulier qui ressemble à un bruit de machine. 

Où suis-je ? 

Je renifle une odeur aseptisée qui ne ressemble pas à celle de ma chambre chez les Moret. Elle sent l'artificiel. Le médical. Je ne l'aime pas. Elle ne me met pas à l'aise. 

Un faible gémissement s'échappe de mes lèvres. Je n'arrive pas à comprendre comment je me suis retrouvé là. Pourquoi ne suis-je pas dans mon lit ? J'ai mal à la tête. J'ai l'impression d'avoir été assommé par un marteau. Et il y a quelque chose de douloureux à propos de mon cou. On dirait qu'il porte une blessure. Comment me suis-je blessé à cet endroit là ? 

Un frisson me saisit et ma peau se couvre de chair de poule. J'ai froid. Je suis… Je suis nu, je crois, allongé sur le dos sur quelque chose de dur. Où sont passés mes vêtements ? 

Je me concentre pour rassembler toutes mes forces et parviens à soulever mon bras droit. Je pose ma main sur mon cou, sur la blessure qui m'élance. C'est une fine trace, comme une morsure. Mes doigts la parcourent et je sens soudain mon cœur s'emballer. Geoffroy… Geoffroy m'a marqué ! Mon amour… Il m'a fait sien pour l'éternité. 

Je trouve soudain la force d'ouvrir les yeux. Je ne vois d'abord que de grandes taches blanches qui valsent et me font mal au cœur. Puis je discerne des barres grises placées à intervalles réguliers. Je cligne plusieurs fois des paupières pour ajuster ma vision. Ce sont… ce sont des barreaux ? Je suis dans… dans une cage ? Oui, une cage. Pendant une seconde ou deux, je m'imagine que c'est celle dans laquelle mes parents m'enfermaient et je m'attends à les voir surgir pour me libérer et me consoler. Puis je me rappelle que mes parents sont morts. 

Mon cœur se serre de tristesse. Je ne les reverrai plus jamais. 

— Geoff… 

Un faible murmure s'échappe de mes lèvres. J'ai peur. J'ai besoin de mon alpha. Pourquoi n'est-il pas à mes côtés alors que je me trouve plongé dans une situation si effrayante ? 

Je me redresse à mi corps. 

— Geoffroy ? 

Les événements me reviennent soudain à l'esprit et je retombe à genoux en tremblant. Pauline et Antoine ont découvert la vérité. Tu n'es qu'une sale pute. Nous nous sommes enfuis. Nous avons été retrouvés. Je me suis transformé et… 

Le reste des événements m'échappe. J'imagine que j'ai été capturé et emmené dans cet endroit qui ressemble à un laboratoire… Mon pire cauchemar est en train de se réaliser ! 

Je me roule en boule, terrifié. Mon esprit est embrouillé et je n'arrive pas à réfléchir correctement. J'ai l'impression d'avoir été drogué. Oh, à bien y réfléchir, ce n'est probablement pas qu'une impression.. 

Je regarde sombrement tout autour de moi. Ma cage est positionnée au centre d'une vaste pièce aux murs blancs. Tout est blanc, à vrai dire. Pour la première fois, je remarque qu'une caméra est placée juste devant ma cage. Je me sens terriblement vulnérable. Je voudrais au moins disposer d'un caleçon. 

Je me recroqueville et croise les bras devant ma poitrine. 

— Que me voulez-vous ? Laissez-moi sortir ! Vous n'avez pas le droit de me retenir prisonnier ici. 

Je fixe la caméra avec défi. J'ignore si elle capte également le son, mais j'imagine que oui. Je sursaute en me rendant compte qu'elle a probablement dû filmer dans les moindres détails ma transformation de loup à humain. 

— Bonjour Olivier. 

Je sursaute et recule instinctivement. Un homme vêtu d'une blouse blanche s'approche de moi à pas lents. Je ne suis pas surpris après les révélations de Geoffroy de reconnaître le professeur Huguet. Il s'arrête juste devant ma cage et me contemple de haut en bas comme si j'étais un sujet fascinant. Je cache autant que possible mon corps nu en me repliant sur moi-même. 

— Laissez-moi partir. 

J'essaie d'adopter une voix ferme. De ne pas montrer la peur qui me ronge. 

Le professeur secoue la tête. 

— Pas maintenant, mon garçon. 

Ma gorge s'assèche. 

— Quand, alors ? 

M. Huguet sourit d'une façon glaçante. 

— Quand tu auras fini de nous apprendre tout ce que nous voulons savoir. 

Je me recroqueville encore davantage. 

— Je… je n'ai rien à vous apprendre. 

— Au contraire, Olivier. Au contraire. 

Ses yeux étincellent d'une sorte de joie effrayante qui me fait frissonner. Pour lui, je ne suis pas un être humain. Je suis une énigme à résoudre. Une expérience à mener. 

L'homme avance soudain le bras comme s'il voulait me toucher. Je me jette en arrière si vite que je me cogne le dos contre les barreaux glacés. 

— Je ne vais pas te faire de mal. 

Il essaie de prendre une voix douce qui ne fonctionne absolument pas. Je sais qu'il ment. Il souhaite juste se servir de moi. Il veut comprendre comment je me transforme en loup et se moque bien du sort qui me sera réservé. 

— Tiens. 

Il me glisse quelque chose de fin et souple. Je le fixe avec méfiance sans bouger. 

— Prends des forces. La pleine lune se lèvera encore ce soir. 

Puis le professeur tourne les talons en me laissant seul. Je me mets à trembler de tous mes membres. Je déplie le morceau de tissu qu'il m'a glissé. C'est une blouse qui s'ouvre vers l'arrière, comme on en trouve dans les hôpitaux. Je voudrais ne rien accepter de mes ravisseurs, mais je ne peux pas non plus rester nu. Je l'enfile donc. Le tissu est si fin qu'il ne me procure pas la moindre chaleur. 

Je me roule en boule dans un coin et pose une main sur la marque apposée sur mon cou. 

— Geoff… 

Et je ferme les yeux en pensant à mon alpha. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant