Chapitre 40 Olivier

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Je jette un regard effrayé à mon alpha. J'aimerais lui demander ce qui se passe, mais il m'a bien recommandé de ne pas faire de bruit. Je le vois attraper nos bagages d'une main et ouvrir la fenêtre de l'autre. 

— Viens, chuchote-t-il. Nous allons passer par l'issue de secours. 

Je m'approche, soulagé de m'être couché tout habillé. Mon ouïe supérieure me permet d'entendre des pas lourds dans l'escalier. Plusieurs personnes approchent. 

Geoff me fait signe de me dépêcher et m'aide à enjamber la fenêtre. Je me retrouve sur le long balcon circulaire qui fait le tour de l'hôtel. 

— Il y a un escalier sur la droite, souffle l'alpha en me rejoignant. 

C'est un escalier de secours placé à l'extérieur du bâtiment. Ses marches sont en métal et se mettent à faire un bruit incroyable lorsque nous montons dessus. 

— Ils sont à notre recherche ? je finis par murmurer. C'est la police ? 

Geoff secoue la tête. 

— On dirait plutôt des sortes de mercenaires. Mais, oui, ils en ont après nous. 

Nous entendons une exclamation. Quelqu'un vient d'ouvrir la fenêtre de notre chambre. 

— Là, ils s'échappent ! 

Nous sautons les dernières marches. Une lampe torche se braque dans notre direction mais nous parvenons à l'éviter. Nous courons sur le parking en direction de la voiture lorsque nous remarquons soudain qu'un homme se tient à côté d'elle. 

Geoff pousse un juron. 

— On l'abandonne ! 

Il m'attrape par la main pour m'entraîner en direction inverse. Bientôt, nous débarquons sur une route de campagne. J'ai les poumons en feu et atrocement chaud. Si l'alpha ne me tenait pas toujours, il y a bien longtemps que je me serais écroulé par terre. 

Un bruit de moteur m'interpelle. 

— Geoff, une voiture nous suit. 

Le jeune homme se mord la lèvre. 

— Cachons-nous quelque part… 

Sauf qu'il n'y a guère de cachettes possibles. En cette saison, les cultures des champs sont encore à l'état de pousses. Il nous faudrait trouver un bosquet ou au moins des buissons… 

Mon cœur bat beaucoup trop vite. Je transpire et tremble de tous mes membres. Oh non… Je ne sais malheureusement que trop bien ce que cela signifie. 

— Geoff ? je gémis. 

— Quoi ? 

Je tremble plus fort que jamais. 

— Je… je crois que je vais me transformer… 

L'alpha me regarde avec de grands yeux. 

— Mais, ça ne devait pas être demain ? 

— Si… Mais… Mais il est déjà arrivé que cela arrive un jour plus tôt. Une fois où j'étais particulièrement stressé… 

L'alpha me fixe avec inquiétude. 

— Tu ne pourrais pas te retenir ? 

Je lui jette un regard incrédule. 

— Tu crois que c'est quelque chose que je peux contrôler ?! 

— Non, non, désolé. 

Nous continuons à avancer tant bien que mal sur la route de campagne, cherchant désespérément notre cachette. Il n'y a pas le moindre lampadaire, ici, et seule la lueur de la lune presque pleine nous permet de discerner quelques ombres. 

Je n'arrive presque plus à tenir sur mes jambes et Geoffroy passe un bras sous le mien pour me soutenir. 

Mon âme sœur me serre soudain dans ses bras. 

— C'est peut-être notre chance, chuchote-t-il. Tu arriveras sans doute à leur échapper sous ta forme de loup. Tu seras rapide et discret. Ils ne te verront pas dans la nuit et tu pourras filer à travers champs. 

Je sens mon cœur s'arrêter de battre. 

— Mais, et toi ? Comment pourras-tu me suivre ? 

L'alpha me sourit tristement. 

— Je ne le pourrais pas. 

— Mais… mais… Je ne veux pas me séparer de toi ! 

Il m'embrasse avant de me repousser doucement. 

— Il le faut. Je te retrouverai plus tard, je te le promets. Je cours moins de risques, moins. J'imagine qu'ils vont juste me ramener manu militari chez mes parents. 

Je panique. 

— Non ! 

Je m'accroche à l'alpha en secouant frénétiquement la tête. Le jeune homme prend une grande inspiration. 

— Je ne te l'ai jamais dit, O, mais je crois que mon oncle Huguet se doute de quelque chose à ton propos. 

— Quoi ? Comment ça ? 

— J'ai surpris un jour une drôle de conversation. 

— Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? 

Il fait la moue. 

— Je ne voulais pas t'inquiéter. 

— Tu préfères que je l'apprenne maintenant ? 

— Oui, bon, peu importe… 

Geoffroy m'embrasse soudain férocement. Je comprends que c'est un baiser d'adieu et je sens mon cœur se déchirer en deux. Je m'agrippe à son cou. 

— Transforme-toi maintenant et fuis, me presse Geoff. 

J'ouvre la bouche pour le supplier de trouver une autre solution lorsque la lueur de phares nous éblouit soudain. Les hommes nous ont retrouvés ! Ils sont là. Ils nous entourent. Ils vont nous séparer. 

Ils vont me voir me transformer. 

Je continue à trembler dans les bras de Geoffroy. Je reconnais les signes. Je vais me métamorphoser incessamment sous peu, au pire moment possible. Tout le monde va le voir ! 

Geoff me fixe. 

— Je t'aime, Olivier. Je t'aime et je t'aimerai toujours. 

Mes yeux se remplissent de larmes. 

Je voudrais moi aussi lui faire part de mon amour, mais je ne suis déjà presque plus capable de penser. 

— Geoff… 

Il me sourit avec toute la douceur du monde. Et il plante ses dents dans mon cou. Je pousse un cri de surprise. Il vient… il vient de me marquer ? Je voudrais poser la main sur mon cou pour m'en assurer. Mes membres ne me répondent cependant pas. Je sens juste… juste ce lien qui… qui… 

Et mon esprit sombre dans le néant. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant