Chapitre 33

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Lundi 4 janvier, 20 h 12, Vince est installé devant ses écrans, mais n'arrive pas à se concentrer. En début d'après-midi, Yvan a quitté l'hosto pour le centre de rééducation, mais il n'a toléré que la seule présence d'Émilie et personne d'autre.

Jeanne a donc passé l'après-midi allongée dans la chambre de Vince, à pleurer dans ses bras. La voir dans cet état lui a fait un mal de chien et il ne sait pas comment arranger les choses. En plus, il ne lui a toujours pas parlé de ses doutes sur Gab, mais ça ne l'aiderait en rien pour le moment.

Jeanne a fini par se calmer parce qu'elle travaille de nuit à la clinique, alors elle s'est ressaisie et a quitté son appart. Elle lui a envoyé un message quand elle est rentrée chez elle pour se préparer, et plus tard en arrivant à la clinique.

Vince s'adosse à son fauteuil de bureau, puis s'allume une clope et prend une gorgée de vodka avant de pianoter sur son clavier, mais son esprit le renvoie dans le passé.

Au petit matin de leur première nuit, debout près de la porte, Vince est prêt à quitter la chambre, mais Jeanne, vêtue d'un drap et alanguie contre lui, répond à ses baisers, alors il veut prolonger leur moment ensemble.

Même s'ils n'en ont pas parlé, Vince sait que leur relation est faite pour durer, chose ô combien étonnante provenant d'un mec qui a toujours vécu au jour le jour, sans jamais faire de projet de vie. Et pourtant, quand il a rencontré Jeanne, il a su qu'elle allait être la seule constante qui allait déterminer sa vie.

Six mois ont passé en grappillant des moments à deux, car Jeanne a tenu à cacher leur liaison, parce que leur différence d'âge la met mal à l'aise.

Chez lui, en début de matinée, Vince s'appuie contre le chambranle de la porte de la salle de bain, où la femme qu'il aime comme un dingue, se sèche les cheveux, en culotte et soutien-gorge. Il la dévore des yeux et quand Jeanne le regarde dans le miroir, le sourire qu'elle lui adresse la rend encore plus belle.

Je t'aime ! lui avoue-t-il.

Jeanne se fige et pâlit avant de lui faire face.

Devant son silence et son embarras, Vince s'approche d'elle et la tient par les épaules :

Tout va bien, Jeanne, je n'attends pas de réponse en retour, la rassure-t-il sachant très bien qu'elle n'est pas prête à réaliser que leurs corps parlent pour eux depuis le début et qu'elle partage ses sentiments.

Vince, soupire-t-elle en reculant d'un pas pour fuir son contact. Je suis flattée, mais... Franchement, nous deux, c'est bien, mais il n'y a rien d'autre que du sexe entre nous.

C'est faux, objecte-t-il en croisant les bras sur le torse.

Oh mon Dieu, faut qu'on arrête, c'est allé trop loin ! s'inquiète-t-elle en se plaquant une main sur le front.

Jeanne, soupire-t-il.

Non ! le coupe-t-elle. On arrête ! clame-t-elle. On ne peut pas continuer à s'enfoncer dans le mensonge, ce n'est pas bien pour toi et je suis fatiguée de mentir à Yvan.

Qu'est-ce qu'Yvan vient faire là-dedans ? s'étonne-t-il en fronçant les sourcils.

C'est mon fils ! s'écrie-t-elle. Et toi, tu es son pote, et moi, je couche avec un ami de mon fils... oh mon Dieu, qu'est-ce que ça fait de moi ? s'affole-t-elle.

Jeanne, tout va bien ! tente-t-il pour la calmer.

Elle recule et tend les mains en avant pour l'empêcher d'avancer vers elle.

C'est fini, on arrête ! affirme-t-elle.

J'suis pas d'accord, objecte-t-il. T'es juste en train de flipper parce que je t'ai avoué mes sentiments, mais c'est rien, j'te jure !

Laisse-moi, s'il te plaît, répond-elle toute pâle. Je m'habille et je pars, c'est ma décision et tu ne peux pas m'obliger à faire autrement !

Très bien, soupire-t-il. Je vais te laisser respirer un peu, mais sache que je ne renonce pas à toi, Jeanne.

Quand elle claque la porte d'entrée, Vince attend trois minutes avant de sortir pour enfourcher sa bécane et foncer pour parler avec Yvan. Avec les règles imposées, il sait pertinemment qu'Yvan ne pourra pas quitter le Circuit, il n'aura donc pas d'autre choix que d'accepter leur relation. Quant à Jeanne, elle n'aura plus à mentir à personne et ils pourront vivre leur histoire au grand jour.

Vince gare sa moto près du chantier où travaille Yvan, qui est maçon pour une boîte qui gère l'entretien des espaces verts. Yvan lit le plan de construction qui concerne son projet de mur de soutènement. Il a l'air surpris en le voyant marcher vers lui d'un pas déterminé et son expression grave doit lui faire craindre le pire.

Faut qu'on parle ! ordonne Vince.

Je bosse, répond Yvan, agacé par son ton.

Rien à foutre, de toute manière, ça prendra pas longtemps, insiste Vince.

Tu fais chier, j'peux m'faire virer avec tes conneries, objecte Yvan en allant vers le fourgon.

Bon, accouche ! clame Yvan en le foudroyant du regard.

Jeanne et moi, ça fait six mois qu'on est ensemble et je compte officialiser notre relation en commençant par toi ! lance-t-il.

Vince ne voit pas le poing partir, mais il le sent bien et le fait même reculer.

J'l'ai mérité, affirme-t-il en se tenant la mâchoire.

Tu te tapes ma mère, enfoiré ! s'écrie-t-il. Putain, j'devrais t'éclater la tronche ! ajoute-t-il en marchant de droite à gauche comme un animal en cage.

Je l'aime, connard ! réplique Vince. Et j'la laisserai pas filer parce que t'approuves pas. J'la rends heureuse et j'prends soin d'elle, ajoute-t-il en soutenant le regard de son pote.

C'est... c'est... putain d'merde, j'trouve pas les mots pour décrire c'que j'en pense, grogne Yvan.

J'te l'ai dit, je l'aime et j'laisserai rien se mettre entre nous, affirme Vince. Tu peux pas quitter l'Circuit, alors t'as pas l'choix, faut que t'acceptes qu'on soit ensemble, et Jeanne ne sera pas totalement heureuse, si tu rejettes tout ce que je peux lui apporter de bon !

Pourquoi c'est pas elle qui m'en parle ? s'étonne Yvan furieux.

Elle a peur de ta réaction, explique Vince.

Yvan marche de long en large, puis il se plante devant Vince et soutient son regard :

J'te préviens, si tu t'fous d'sa gueule, si tu la trompes avec l'une de ces putes qu'on croise au Circuit, ou si tu lui fais d'la peine, Je. Te. Tue !

Je l'aime comme un dingue, affirme Vince. Et je ne reculerai devant rien pour la rendre heureuse !

Putain d'merde, souffle Yvan conscient qu'il est sincère. T'as intérêt ! le prévient-il. Que tu sois un des fondateurs ne changera rien, si tu lui fais du mal, j'te tuerai !

J'suis content de voir que tu l'aimes à ce point, se réjouit Vince. Elle le mérite, j'te jure !

Les choses misent au point avec Yvan, Vince repart et va directement chez Jeanne...

Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant