Chapitre 44

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22 h 11, la lune joue à cache-cache à travers de gros nuages qui engloutissent le firmament scintillant. Jeanne se gare devant l'immeuble de Vince, qui devrait être là parce qu'il lui a envoyé un message en partant de chez Yvan, mais il n'y a pas de lumière provenant de son appartement.

Elle fouille dans son sac pour vérifier qu'elle a bien son trousseau de clés, prend ses affaires et sort de l'habitacle. Elle verrouille à distance et se dirige vers les escaliers. Peut-être est-ce un pressentiment qui lui fait tourner la tête vers les garages. En tout cas, la faible clarté de l'astre met en évidence un corps inerte...

« Oh mon Dieu ! » s'écrie-t-elle en saisissant son portable pour appeler les secours tout en courant vers la silhouette au sol, mais elle pousse un cri déchirant et lâche tout ce qu'elle tient quand elle réalise de qui il s'agit. Elle crie son prénom en s'agenouillant à son côté, mais Vince ne réagit pas. La peur lui contracte l'estomac, car même dans l'obscurité, Jeanne peut voir la tache de sang qui ne fait que s'élargir sur son torse.

— Vince, l'appelle-t-elle en le palpant pour vérifier qu'il n'a pas d'autre hémorragie. Vince ouvre les yeux, je t'en prie, tonne-t-elle en retirant sa veste pour ôter son pull.

— Allez, Vince, reste avec moi, l'implore-t-elle en comprimant la plaie. À l'aide ! hurle-t-elle dans la tranquillité de la nuit.

Consciente que c'est samedi soir et que l'immeuble, d'ordinaire plein de jeunes actifs, est désert, Jeanne panique et cherche son portable qu'elle a laissé tomber.

— Vince, reste avec moi, lui ordonne-t-elle affolée.

En approche de la résidence de Vince, H, perclus de courbatures et d'ecchymoses, aperçoit une scène étrange près des garages. Un mauvais pressentiment le force à se garer de sorte d'éclairer ce qui se passe. Il sort la peur au ventre en réalisant que Jeanne prodigue les premiers secours à Vince et qu'elle le supplie de ne pas la quitter.

— H ! lui hurle-t-elle pour avoir son aide alors qu'il sort de sa voiture.

— Qu'est-ce qu'il a ? s'inquiète-t-il en s'agenouillant.

— Une plaie au thorax... une balle, je pense, pleure-t-elle en compressant la plaie avec son pull. J'ai perdu mon portable, appelle les secours, s'écrie-t-elle horrifiée d'être incapable de faire mieux.

— On peut pas attendre, on l'met dans ma caisse et on file aux urgences, clame-t-il.

— Appelle les urgences, l'implore-t-elle.

Ignorant ses meurtrissures, H court jusqu'à son véhicule et fait marche arrière pour présenter le coffre devant Jeanne. Il sort, ouvre le haillon arrière et rabat les sièges, ensuite Jeanne et H s'associent pour y allonger Vince.

H claque les portières et part en trombe, et sous la pression de Jeanne, appelle les secours tout en roulant à fond, grillant tous les feux, tous les stops et dépassant autant qu'il peut les files de voitures gênantes... Les minutes semblent interminables, alors que la distance entre eux et l'hosto refuse de raccourcir.

Dans l'habitacle, les voix se confondent, Jeanne qui répète inlassablement à Vince qu'elle l'aime et qu'il ne doit pas la quitter, et H qui tantôt grogne contre la circulation, tantôt supplie son meilleur ami : « Reste avec nous, Vince. Nous lâche pas, enfoiré ! »

Enfin, H se gare devant les portes automatiques des urgences et s'empresse d'entrer pour réclamer de l'aide.



22 h 32, Jeanne et H franchissent les portes, juste derrière les urgentistes. Une infirmière ralentit le pas en dévisageant H, qui garde de beaux hématomes et des courbatures de son combat contre Klaus.

Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant