Chapitre 56

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H vient chercher Charline en voiture, à 19 heures chez Jeanne. Son cœur bondit en la voyant franchir le seuil, radieuse dans sa petite robe d'été. Il sait qu'il a beaucoup de choses à lui expliquer et éprouve un véritable soulagement qu'elle reste en ville pour de bon. Il la regarde s'approcher et espère qu'elle lui accordera la chance de lui parler vraiment.

Pour l'heure, il lui rend le magnifique sourire qu'elle lui adresse en s'installant à son côté. Il retient son envie de l'embrasser et attend qu'elle ait déposé son panier à ses pieds et bouclé sa ceinture pour démarrer.

La radio passe les premières notes de « Douleur je fuis » de Stéphane, Charline monte un peu le son, ouvre sa vitre en grand et se laisse porter par la conduite de H, puis par la vitesse quand ils sortent de l'agglomération.

Elle, qui avait déjà remarqué dans l'après-midi que H ne portait plus son alliance, éprouve le besoin de vérifier à nouveau. Le soulagement qu'elle éprouve en constatant qu'il ne la porte plus, semble lui donner des ailes.

— Tu ne portes plus ton alliance ? lui demande-t-elle.

H décroche brièvement sa main du volant :

— Le mariage d'Émilie m'a rappelé le véritable sens de cet anneau, explique-t-il. Alors que moi, j'm'en servais comme garde-fou pour me souvenir que j'm'étais fait piétiner le cœur, soupire-t-il.

— Si je comprends bien, tu rangeais toutes les meufs dans le même panier à cause d'elle, suppose-t-elle.

— C'est ça, acquiesce-t-il. Mais faut avancer, alors je l'ai rangée avec d'autres trucs qui m'enchaînaient à mon ex.

— Et, tu as réussi à avancer ? s'intéresse-t-elle.

H la dévisage, conscient de ce qu'elle demande en réalité :

— J'ai eu quelques rencards, mais rien de sérieux, avoue-t-il. Tu crois qu'on pourra... Enfin peut-être qu'on pourrait...

— Aller se baigner demain, ouais c'est une excellente idée, ajoute-t-elle souriante.

— Y'a un ciné en plein air demain soir, lui propose-t-il.

— Ah, j'adore l'idée, s'enthousiasme-t-elle.

— J't'ai pas dit ce qu'ils vont projeter, sourit-il.

— Ça m'va quand même, avoue-t-elle.

— Moi aussi, répond-il, serein. On y est, ajoute-t-il en approchant, presque déçu de ne pas rester seul avec elle.


Les couleurs du crépuscule qui s'amorce derrière la frondaison des arbres, se reflètent dans l'eau du lac et l'air de ce début d'été reste agréablement chaud malgré la naissance de la nuit.

La guinguette éphémère, qui accueille à bras ouverts, voit s'allumer ses guirlandes aux grosses ampoules rouges, jaunes et bleues. Tendues au-dessus des tables, ces lumières invitent au rassemblement, à la convivialité et bien sûr à la fête.

Des flambeaux plantés çà et là brûlent et diffusent un parfum de citronnelle qui chasse les insectes indésirables. Cette odeur se mêle à celle des barbecues qui accueilleront la cuisson des viandes et des saucisses. L'esprit guinguette rétro est poussé à son extrême avec le petit groupe qui jouera des vieux airs de musique... Tout invite à graver un souvenir agréable de cette nuit.

Ce petit air de fête de village à l'extérieur de la ville sera bientôt surplombé d'une lune flamboyante dans un firmament scintillant, mais pour l'heure, le chant des grillons accompagne le soleil derrière l'horizon et couvre les rires et les discussions des convives qui arrivent au compte-gouttes.

H et Charline rejoignent la table où sont déjà installés Yvan, Émilie et Emma, Landry et Vanessa, Jess et Samira.

Vince et Jeanne arrivent peu après avec les jumeaux, suivis de près par Patrick et son neveu Samy qui est fier d'être devenu grand frère. Les rejoignent Dany, Marie et leur petite Anaëlle, qui dort dans sa poussette, ainsi que Mika et Hélène, enceinte de six mois. Leurs potes qui sont avec eux créent une grande tablée en mettant bout à bout deux tables vides pour accueillir tout ce petit monde.


La lune poursuit sa course et couve de sa douce lumière cette fête en plein air. La soirée bat son plein et les discussions et les rires vont bon train...

« Le bonheur tient à si peu », se rassure H en sentant la présence de Charline à côté de lui.

— T'as pas froid ? se soucie-t-il.

— Non, souffle-t-elle rayonnante de joie en soutenant son regard serein.

H aimerait l'embrasser, parce qu'il a l'impression d'avoir pu remonter le temps et changer le passé... mais ce n'est encore qu'une illusion, pour l'instant.


La nuit s'est étirée et la tablée se vide peu à peu, mais le moment de bien-être de cette soirée s'est gravé dans les mémoires.

— Tu me ramènes, lui demande Charline.

— On est partis, approuve H.

Le trajet de retour débute en silence, mais il sent le regard de Charline peser sur lui :

— Pourquoi tu ne l'as pas fait... me rejoindre, je veux dire ? demande-t-elle.

— Après c'que j't'ai fait... soupire-t-il.

— Je suis partie loin pour remettre bon ordre dans ma vie, je vais mieux dans ma tête et dans mon corps, maintenant j'ai surtout envie d'avoir une vraie relation, de recevoir autant d'amour que je pourrai en donner, avoue-t-elle.

— Et t'as trouvé ce que tu cherchais ? demande-t-il, espérant être celui dont elle a besoin.

— Pas là-bas, non, souffle-t-elle en accrochant son regard au sien.

— Tu penses que tu pourras m'accorder une deuxième chance ? lui demande-t-il, sérieux.

— Disons que... demain après-midi, on ira se baigner en amis, mais que le ciné, ça sera notre premier rencard, sourit-elle.

— J'ai plein d'idées pour les suivants, affirme-t-il, ravi.

Ils se mettent à faire des projets d'activités jusqu'à ce que H se gare devant la maison de Jeanne. Il coupe le moteur, mais ils n'ont aucune envie de se séparer. Charline, bien installée dans son siège, tend la main pour lui caresser sa barbe naissante, consciente qu'elle va briser sa bonne résolution, parce qu'elle ne veut pas qu'il parte :

— Tu veux entrer ? lui demande-t-elle.

H lui sourit et se penche vers elle pour lui effleurer les lèvres des siennes :

— Tu me manques tellement, Charline ! lui souffle-t-il.

Elle brise le peu de distance qu'il y a entre eux et lui donne un baiser, puis un autre, et leurs langues se cherchent et se caressent.

— Il faut que je t'avoue quelque chose, susurre-t-elle entre deux baisers.

— J't'écoute, répond-il en l'embrassant dans le cou.

— Je ne t'ai pas rendu toutes tes affaires... gémit-elle conquise pour les lèvres de H sur sa peau. J'ai gardé l'un de tes t-shirts, c'est comme si je dormais dans tes bras presque toutes les nuits.

H s'écarte et la regarde :

— Je t'ai gardé avec moi tout ce temps, lui déclare-t-elle.

— Je t'aime, Charline, avoue-t-il à voix haute.

— Je t'aime, lui répond-elle, aux anges.

Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant