Chapitre 15

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Début décembre, mardi 22 h 13,

Charline vient de passer deux heures intenses avec Stéphane, l'un des dentistes du cabinet dentaire, qui l'emploie comme standardiste.

Deux ans qu'elle et le quadra se font du bien mutuellement à l'occasion, car il est marié et porte une belle alliance à l'annulaire, ce qui signifie qu'il a un emploi du temps chargé.

Cette situation convient très bien à la jeune femme qui n'attend absolument rien de cette histoire. D'ailleurs, elle ne couche qu'avec des hommes mariés, et si ça fait d'elle une salope, elle s'en fout, puisque la cocue, ce n'est pas elle.

Charline gare sa nouvelle voiture, une Toyota Yaris noire, devant son immeuble. Il fait nuit noire et le vent glacial gémit en balayant le parking.

Charline répond au SMS qu'elle vient de recevoir. La compagne d'Yvan lui donne des nouvelles régulièrement, car depuis son départ précipité, elle ignore les messages et les appels de Jeanne.

Malgré cette brouille familiale, Charline a le sentiment de respirer à nouveau, puisque ça fait une semaine qu'Yvan est sorti du coma. Bien qu'affaibli, il reconnaît les personnes qui l'entourent et a retrouvé la parole depuis deux jours, mais il reste paralysé des jambes.

Soulagée d'apprendre que son frère gagne des forces tous les jours, elle sort de l'habitacle et court jusqu'à l'immeuble, car le froid traverse ses vêtements et la transit jusqu'aux os.

Charline monte les quatre étages en pestant contre l'ascenseur toujours en panne.

Elle entre chez elle, allume la petite lampe de l'entrée, pose son sac, retire son manteau, ses chaussures, puis se dirige vers la cuisine. Un grincement la surprend, mais Charline n'a pas le temps de comprendre qu'elle est attrapée par les cheveux et projetée face contre mur. Le choc lui coupe le souffle et l'empêche de crier.

Maintenue fermement par les cheveux, Charline est arrachée du mur avant d'y être re-plaquée, puis son agresseur la jette au sol. Sur le ventre, elle tente de ramper pour s'échapper, mais il lui attrape une cheville et la tire à lui.

L'intrus la retourne sur le dos pour la dominer et lui donne deux violentes gifles, aller-retour, l'étourdissant brièvement.

Éclairé de la faible lumière de l'entrée, son agresseur est de carrure imposante et tout de noir vêtu. Il porte un masque qui lui cache le visage, ce qui accentue son regard vert glaçant, mais dans l'esprit de Charline, une seule pensée jaillit : « C'est La Mort en personne. »

La peur et la douleur poussent Charline à se protéger de ses bras, ce qui semble enrager l'inconnu, qui lui assène un coup de poing, heurtant sa pommette, puis l'autre, et le schéma se répète parce qu'elle tente encore de se protéger. Il lui martèle les bras et l'atteint encore au visage, lui éclatant une arcade, une pommette, la lèvre...

Sonnée, ses yeux se révulsent, alors il la frappe aux côtes, ce qui la fait suffoquer et, le coup au ventre lui fait cracher le sang qui lui coule dans la bouche.

Impuissante et martyrisée, Charline est tirée par les cheveux et soulevée du sol, puis sans comprendre comment, il la projette dans les airs.

Un sinistre craquement retentit quand elle heurte le mur en plaquo, brisant les cadres photo et répandant leur verre. Charline s'effondre, se tord la cheville, s'écorche les mains en s'étalant et gémit sa souffrance.

Dans son martyr, la douleur explose un peu plus, même si lancinante, elle rayonne déjà dans tout son corps, aspirant sa vie et l'attirant trop lentement vers l'inconscience.

Couchée sur le flanc, dos au mur, ses cheveux couvrent son visage dont la peau brûle en gonflant. Charline geint de peur quand elle entend les pas de son tortionnaire s'approcher d'elle, mais elle est incapable de le fuir.

À travers le voile de ses cheveux et malgré le sang qui lui coule dans les yeux, brouillant sa vision, elle peut apercevoir l'homme qui est déterminé à la tuer. Charline ne peut que trembler de peur face à ce monstre.

Il lui flanque un coup de pied dans le ventre, l'attrape par les cheveux pour la forcer à se mettre debout, la gifle encore, son visage déjà tuméfié saigne abandonnement. Le coup de poing qu'elle reçoit au ventre la fait basculer, n'ayant plus aucune force, elle ne peut que s'écrouler comme une poupée de chiffon.

Alors que les sons se distordent et que tout tourne autour d'elle, la lumière s'éteint...

Un claquement pourtant étouffé fait sursauter Charline qui est couchée sur le flanc. De son seul œil ouvert, Charline ne voit que l'obscurité.

Dans le noir total, une peur panique crispe tout son corps, qui n'est plus que souffrance. L'angoisse lui serre le cœur et l'estomac, lui faisant remonter de la bile dans la gorge et vient se mêler au goût du sang qu'elle a dans la bouche.

En position d'impuissance, elle vomit, réveillant ses côtes douloureuses. Comme une enfant, Charline voudrait appeler sa mère, mais elle reste pétrifiée et muette, ne sachant pas où elle se trouve.

Est-elle seule dans l'obscurité ? Où est son agresseur ? Attend-il qu'elle bouge pour lui faire plus de mal ?

Un autre claquement retentit et un fin rai de lumière apparaît pour révéler l'entrebâillement d'une porte... si proche, mais pourtant si loin pour son corps meurtri.

Charline ouvre la bouche pour tenter de hurler, mais sa lèvre éclatée saigne de plus bel, accentuant encore le goût ferreux qu'elle a en bouche. Geignant de douleur, ses larmes coulent sur la peau chaude et gonflée de son visage, apportant du sel à ses plaies.

Elle entend encore du bruit, peut-être des pas dans une cage d'escaliers.

« Chez moi ! » espère-t-elle, désorientée.

Charline roule sur le ventre. La douleur l'irradie. Elle tire sur ses bras pour avancer, ce qui remue les milliers d'aiguilles acérées et plantées entre ses côtes, qui veulent lui déchirer les chairs. Charline pousse sur ses pieds et gémit sa douleur, mais le pire : c'est la peur.

La peur de ne pas être seule dans l'obscurité de son appartement, la peur qu'il l'observe et attende pour l'attraper et la frapper... mais surtout, la peur de ne pas pouvoir atteindre la lumière.

Elle avance lentement et difficilement sur le sol, alors que les sons se rapprochent dans la cage d'escaliers.

Elle rampe, gémit, pleure, se traîne encore et enfin, elle peut tendre la main pour ouvrir la porte entrebâillée.

La lumière révèle la main ensanglantée qu'elle a apposée sur le bois. Elle pousse une dernière fois sur ses pieds et tire de ses bras...

« Oh mon Dieu ! », s'écrie une voix féminine.

« Appelle les secours », ajoute un homme.

Charline est incapable de voir qui s'approche d'elle, mais les intonations affolées lui confirment qu'elle va avoir de l'aide.

Soulagée, elle ne lutte plus contre la douleur et perd connaissance.

Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant