Émergeant du sommeil, Jeanne ressent l'absence de Vince dans le lit. Elle entend l'eau de la douche, alors elle se met à la place de Vince et enfouit son visage dans l'oreiller, pour humer l'agréable odeur de son amant et replonge dans ses rêves.
« Début décembre, cinq ans plus tôt, après avoir soigné le soi-disant ami d'Yvan, deux semaines après Vince, Jeanne s'inquiète des relations de son fils et veut savoir dans quoi il trempe.
Elle prend Yvan par le bras et le tire jusqu'à la cuisine, pour laisser le blessé récupérer un peu au calme.
— Appelle ton ami ! ordonne-t-elle à Yvan.
— De qui tu parles ? s'étonne-t-il.
— Vince ! tonne-t-elle. Je veux qu'il vienne ici, tout de suite !
— Pas question, s'offusque-t-il. Laisse tomber, m'man !
Yvan quitte la cuisine, va récupérer le blessé au salon et ils partent sans aucune justification.
Le lendemain, en fin de journée, Jeanne ne décolère pas contre son fils et son ami. Par chance ou par malchance, elle aperçoit Vince sortir d'un bar du centre-ville, alors elle se gare à la hâte sur le bas-côté et le suit dès qu'il quitte le parking avec sa Golf GTI noire.
Il doit s'être rendu compte de sa présence, parce qu'il la balade en ville quelques minutes, lui faisant ainsi faire quatre fois le tour du pâté de maison, puis il prend une autre direction et semble vouloir s'engager sur l'autoroute.
Encore plus énervée contre lui parce qu'il la prend pour une imbécile, elle lui colle au train autant que sa petite Peugeot le lui permet. Heureusement, Vince, qui semble beaucoup s'amuser, roule à une allure modérée et finit par prendre la bretelle d'une aire de repos.
Jeanne gare sa voiture à côté de la Golf, mais sa colère est retombée à l'idée du face à face qui s'annonce. Elle n'a pas le temps de sortir, car Vince a fait le tour de son véhicule et entre dans l'habitacle.
— Jeanne, la salue-t-il en la dévisageant d'un air prédateur.
— Vous avez vu que je vous suivais ? lance-t-elle, agacée.
— J'aurais préféré te conduire chez moi, mais j'pense que tu préfères parler et il me faut de la discrétion, affirme-t-il.
— OK, souffle-t-elle avant de regarder par la vitre pour constater que la nuit tombe vite.
— Jeanne ? déclare-t-il.
— Oui, répond-elle tournant la tête vers lui.
— J'suis content de te voir, lui avoue-t-il.
Jeanne soutient son regard et se sent happée par la puissance animale qu'il dégage, mais elle use de toute sa volonté pour y résister.
— Dans quoi vous avez entraîné Yvan ? s'inquiète-t-elle.
— Pour le savoir, tu vas devoir accepter le poste que je te propose, explique-t-il.
— C'est de la folie, soupire-t-elle. Qu'est-ce que vous faites ? insiste-t-elle.
— J'prendrai soin de toi et tu s'ras bien payée, affirme-t-il.
— Quoi ? s'offusque-t-elle.
— J'te parle pas de sexe, Jeanne, souffle-t-il. Même si dans ce domaine j'adorerais prendre soin de toi. J'ai besoin d'une infirmière, discrète, fiable, efficace et professionnelle, ajoute-t-il.
Jeanne soupire en étudiant son expression sincère, mais elle garde le silence, ne sachant pas quoi dire ou faire.
— J'vais y aller, souffle-t-il.
— Je veux en savoir plus, lance-t-elle pour le retenir.
— J't'enverrai un message pour te donner le jour et l'heure, affirme-t-il avant d'ouvrir la portière.
— Je n'ai pas l'intention de vous donner mon numéro ! s'indigne-t-elle.
— J'l'ai déjà, sourit-il en se penchant pour la dévisager. J'sais tout de toi et j'ai hâte de t'revoir, Jeanne !
Vince s'écarte et ferme la portière, puis il monte dans sa voiture et part.
Deux semaines plus tard, jeudi après-midi, Jeanne reçoit un SMS lui donnant des instructions pour le soir même, lui offrant son entrée dans le staff du Circuit.
Lors de sa première soirée, Jeanne a pu constater qu'elle était l'unique membre du staff médical, ce qui, au vu de la hargne des combattants, lui a donné l'intime conviction qu'elle allait avoir du travail. Surtout qu'elle a exigé que chaque combattant soit examiné avant de quitter les lieux.
Les soirées passant, elle a appris à aimer son travail pour le Circuit et elle en sait plus en ce qui concerne Vince. Ce n'est vraiment pas quelqu'un qu'on peut emmerder, il est froid, direct, cassant, intransigeant et n'a aucune patience. Les membres du Circuit s'adressent en priorité à Patrick, car il est sans conteste le plus aimable et le plus avenant des deux.
Yvan et Alban s'occupent de la sécurité et de la gestion des paris, et c'est Yvan qui procède aux paiements.
Quant à H, c'est l'un des meilleurs combattants du Circuit, même s'il n'assiste qu'à une soirée par mois, car il est à l'armée et n'a pas beaucoup de permissions. En tout cas, en son absence, Landry est la coqueluche de ces dames.
Ces filles qui accompagnent « les clients » sont ultra sexy dans leur tenue outrageusement courte et elles se perchent sur des talons démesurément hauts, mais elles misent, jurent, boivent et fument tout autant que les mecs.
D'ailleurs, ces messieurs, qu'ils viennent des cités ou des banlieues, répondent tous présents à l'appel du sang et de la violence, car autour de la Cage, les catégories sociales n'existent plus.
Comme convenu, Vince veille sur elle, et c'est très agréable, même si c'est un génie capable d'éclater des visages ou de briser des os si on essaie de tricher.
C'est d'ailleurs après l'épisode de la fracture ouverte, résultant d'une altercation entre Vince et un idiot qui a « acheté » un combattant, que Jeanne a exigé la présence d'un médecin. Ce que Patrick et Vince, les deux organisateurs de la Cage en l'absence de H, ont finalement accepté en intégrant Jean, un médecin urgentiste à l'égo démesuré, quinquagénaire et séduisant.
Jeanne ne peut pas nier que le côté illégal du Circuit s'avère être très excitant, mais elle refuse de l'avouer à Vince, qui lui avait dit qu'elle désirait vibrer. Le plus troublant pour elle, c'est qu'il ne baisse sa garde qu'avec H, Patrick et Yvan. Or avec elle, Vince est gentil, patient, d'un humour pince-sans-rire et protecteur.
Début avril, ça fait quatre mois que Jeanne est l'infirmière du Circuit, le deuxième combat vient de se terminer et le perdant sort en fureur de la Cage, sous les huées d'une foule déchaînée et bruyante.
Il saigne de son arcade ouverte et a perdu une dent, sans compter son visage tuméfié et son genou vrillé. Il pousse et invective tous ceux qui se trouvent sur son chemin, mais Jeanne n'a pas le choix : elle doit l'arrêter pour l'envoyer voir Jean.
Elle se place devant lui, mais n'a pas le temps de dire quoi que ce soit. Le combattant l'agrippe par les cheveux et lui fauche les jambes d'un coup de pied pour l'envoyer au sol.
À terre, sonnée par sa chute, Jeanne voit Vince mettre trois pains dans la tête de son agresseur, et comme il s'effondre, Vince l'accompagne tout en lui collant deux autres directs.
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Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)
RomanceSpin off de Boomerang Vince, H et Patrick sont Les Fondateurs de la Cage : Ils organisent des combats MMA clandestins. Ils mènent chacun une double vie, mais sont liés par une amitié de longue date. Amitié, amour, danger et combats sont inextric...