Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)

Chapitre 4

H ouvre la porte non verrouillée et pousse Charline à l'intérieur.

— Va falloir te calmer, grogne-t-il alors qu'elle tente de se jeter sur la poignée pour sortir.

— T'es qui pour me donner des ordres ? s'indigne-t-elle.

— On s'en fout, soupire-t-il, en croisant les bras sur le torse faisant craquer son blouson en cuir.

— On s'en fout ? répète-t-elle exaspérée.

Charline lève l'enveloppe et lui montre la liasse de billets :

— Ce type est un dealer, alors son fric on n'en veut pas, explique-t-elle prête à exploser.

— Ma p'tite, tu dois comprendre deux choses, réplique-t-il en s'adossant à la porte. D'abord, tu n'as pas et n'auras jamais la carrure pour t'opposer à Vince.

H penche la tête et étudie le corps de la jeune femme :

— Il te manque facile quatre-vingt kilos et des tas d'amis, genre au moins trois équipes de rugbymen au complet, staff compris, ajoute-t-il.

Charline grogne son agacement et croise les bras sur la poitrine :

— D'où il connaît ma mère ? demande-t-elle.

— Vois ça avec elle, réplique-t-il en fronçant les sourcils.

— OK, approuve-t-elle. T'as raison, alors laisse-moi passer ! ordonne-t-elle.

— Nop, objecte-t-il.

— Pourquoi ? s'étonne-t-elle en reculant d'un pas puis d'un autre.

H la regarde se heurter à la voiture noire qui dort au garage, il la suit et lui pointe un index accusateur :

— L'autre chose à savoir, c'est qu'tu peux pas pointer aux abonnées absentes durant quatre ans et revenir pour juger tout le monde, réplique-t-il.

— Bien, souffle-t-elle en levant le menton. Maintenant que le sermon est donné, je peux sortir ?

— C'n'est pas de l'argent sale, ajoute-t-il ignorant la question. Yvan a de très bons potes, et Vince en fait partie. Les gars se sont cotisés pour aider à leur manière.

— Pour les obsèques ? s'étonne Charline en fronçant les sourcils de colère. Il est trop tôt pour l'enterrer, connard ! crache-t-elle furieuse.

— Putain, mais pose les pieds sur terre, Charline, grogne-t-il. Qu'Yvan s'en sorte ou qu'il meure, y'aura des frais à engager, rien n'est gratuit dans la vie et de toute façon, c'est à ta mère de décider de ce qu'elle va faire du pognon.

Charline soutient le regard bleu qui ne la lâche pas, puis elle ouvre l'enveloppe et passe son pouce sur les billets, les effeuillant légèrement. Elle relève la tête et lui plaque l'enveloppe contre le torse :

— T'as raison, c'est pour ma mère, souffle-t-elle. Alors tu lui donneras toi-même, je ne veux pas être mêlée à ça !

H marmonne « sale tête de mule » en fourrant l'enveloppe dans son blouson alors que Charline se cogne contre la voiture et prend conscience qu'il s'agit de la voiture d'Yvan.

— Qu'est-ce que l'Impala d'Yvan fait ici ? s'étonne-t-elle.

— Ton frère ne roulait plus beaucoup avec, mais il ne veut pas s'en séparer, explique-t-il. Lui et Émilie ont acheté une maison, alors il l'a mise ici le temps d'effectuer des travaux.

— Comment tu le sais ? l'interroge-t-elle peu convaincue en allant voir l'avant du véhicule.

— Ton frère sort avec ma demi-sœur, répond-il.

Charline prend conscience d'un détail important et désigne la carrosserie du doigt :

— Je croyais qu'il avait eu un accident, mais elle n'a pas une égratignure !

Charline regarde H avec insistance.

— Yvan s'est planté en moto, ajoute-t-il en se grattant la nuque mal à l'aise.

— Tu plaisantes ? s'indigne-t-elle.

— Non, soupire-t-il.

— J'y crois pas, crache-t-elle de colère. Durant des années, ma mère qui est infirmière nous a rabâché et expliqué par le menu les conséquences d'un accident en deux roues, la peau et les membres arrachés, les corps encastrés dans les glissières de sécurité, tout comme le fameux casque qui a roulé à trente mètres du crash avec la tête du motard toujours à l'intérieur... et Yvan se plante en bécane ?

— Vous n'êtes plus des mômes, réplique-t-il en s'appuyant contre le capot.

— Je ne les reconnais pas, souffle-t-elle, consciente que son absence a creusé un fossé entre elle et sa famille.

— Charline ? s'écrie Jeanne à l'extérieur.

H tourne le dos à Charline et sort du garage pourrejoindre Jeanne.