Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)

Chapitre 38 (supplément 3)

Lundi 1er février, cabinet dentaire, 7 h 30,

Charline s'est préparée psychologiquement durant toute la semaine écoulée à reprendre son poste. Elle a ignoré les SMS de Stéphane depuis ces quinze derniers jours, elle doit maintenant faire face à lui, comme à ses collègues qui ont probablement tous été interrogés par la police, à cause de l'agression qu'elle a subie début décembre.

Heureusement, elle et H se sont parlé par visio presque tous les jours. H est même venu chez elle mardi soir pour un resto et une partie de jambes en l'air sensationnelle. Puis, il est revenu vendredi soir. Ils ont fait resto, ciné et nuit enflammée.

Petit bémol à ces rencontres : en tant que : « femme têtue » selon H et « femme indépendante » selon Charline, elle tient à partager les frais. H a refusé que chacun paie sa part, alors elle lui a proposé de régler la note chacun à son tour : quand l'un paie le resto, l'autre règle pour l'activité suivante et ainsi de suite. Conciliant, H a accepté, mais ça lui a coûté un peu d'amour propre, ce qu'elle a apprécié d'autant plus.

D'ailleurs, et malheureusement, Charline a toujours ce sentiment étrange : un mélange d'excitation et d'anxiété quand elle attend son appel, et c'est encore pire quand elle sait qu'il doit venir : elle a l'estomac noué durant toute la journée et son cœur subit un stress grandissant jusqu'au moment fatidique de le revoir. Mais dès qu'il est là, son corps semble réagir par anticipation, car elle a l'impression de rayonner. Il faut dire qu'en ce qui concerne le sexe, avec H, même la position du missionnaire est plus jouissive que toutes celles dans lesquelles ses amants l'ont déjà prise.

Françoise, la secrétaire comptable et responsable directe des deux standardistes en poste, lui a demandé d'arriver plus tôt pour discuter avec elle.

Bienveillante, la quinquagénaire s'est d'abord souciée de son rétablissement, puis elle lui a expliqué que des policiers étaient venus discuter avec toute l'équipe du cabinet. Ils ont posé plusieurs questions, notamment si Charline avait eu des disputes ou des désaccords avec un membre du personnel ou des patients. Selon Françoise, les inspecteurs s'intéressaient surtout à son profil psychologique et si on lui connaissait des relations amicales voire intimes avec un membre de l'équipe ou en dehors : homme ou femme.

Le compte rendu terminé, Charline quitte le bureau de sa cheffe, rassurée parce que sa liaison avec Stéphane est restée secrète au sein même du cabinet.

8 H 00, assise à son poste de standardiste, l'estomac de Charline se contracte d'angoisse en voyant Stéphane arriver.

— Bonjour Docteur, le salue-t-elle comme à l'accoutumée.

— Tiens, une revenante, sourit-il. Vous allez mieux, Charline ? l'interroge-t-il très aimablement.

— Je fais aller, merci, conclut-elle.

— Bien, ne forcez pas trop le premier jour, lui conseille-t-il en lui tendant un index d'avertissement amical.

Charline sourit et opine, alors qu'il part déjà pour se préparer pour son premier patient.

19 heures, la patientèle a défilé toute la journée. Entre deux appels, Charline et Naïma, sa collègue, recevaient les patients, les invitaient à s'asseoir, prévenaient le dentiste attitré, puis encaissaient. La routine, en somme, à la différence près que les assistantes dentaires et les dentistes lui ont jeté des regards inquisiteurs une bonne partie de la journée.

« Certains doivent se douter », a pensé Charline, mal à l'aise, mais très vite, son caractère solitaire a mis l'émotion de côté et elle a ignoré le problème.