Une Cage et des liens 🔞 ( terminé)

Chapitre 45

3 h 05 du matin. L'air frais de la nuit s'est encore refroidi, et la lune peine à briller à travers les épais nuages noirs qui masquent la voûte céleste.

H fume un peu à l'écart et étudie le va-et-vient des ambulances, des patients et du personnel médical. Il ne prête pas vraiment attention à l'arrivée, toutes sirènes hurlantes, de l'ambulance des pompiers. Rapidement, ceux-ci transportent une femme enceinte sur civière pour qu'elle soit prise en charge par les urgentistes. Mais quelques minutes plus tard, il observe un trentenaire courir vers le sas d'entrée, l'air paniqué et totalement perdu face à ce qu'il vit durant cette nuit.

« Le mari ! » suppose H avant de jeter un œil à l'alliance qu'il garde pour se souvenir qu'à chaque fois qu'une femme lui a plu, il s'est mis en quatre pour elle et que, à chaque fois, il a été pris pour un Con.

« Trop bon, trop con ! », pense-t-il, amer, tout en se souvenant qu'une fois de plus, il a failli se faire avoir. Car, cette nuit, face à la fragilité de la vie, H a brièvement cru, ou espéré, que tout pouvait s'arranger en revoyant Charline. L'homme entiché aurait pu s'y laisser prendre, mais la raison l'a ramené dans le dur de sa vie : « il est temps que les Fondateurs se bougent le cul. La Cage ne pardonne rien. Cet enculé de traitre prend trop ses aises. Et peu importe le nombre de taupes, notre vengeance les enterrera tous ! » se promet-il.

Charline sort de l'hôpital et trouve H devant l'entrée des urgences. Quand il la voit, il jette sa roulée dans le cendrier extérieur pour rentrer. Elle prend sur elle pour ne pas se laisser accabler par ses émotions contradictoires, et fait appel à ses nombreuses années d'autoprotection pour lui faire face.

— Ma mère refuse de partir, lui déclare-t-elle pour l'arrêter. Les infirmiers ont monté Vince dans une chambre, alors elle veut y dormir pour rester avec lui.

— Pourquoi t'es là, tu peux pas l'blairer ? s'étonne-t-il d'une voix ferme presque cassante.

— Je suis là pour ma mère, répond-elle d'un haussement d'épaules. Une fois, tu m'as dit qu'elle en avait encaissé beaucoup avec Yvan et moi. Alors, tu vas devoir accepter ma présence, au moins pour quelques heures encore, lance-t-elle en croisant les bras sur la poitrine.

H soutient son regard en fronçant les sourcils, puis il pousse un soupir d'agacement et crispe les mâchoires, sans doute pour ravaler quelques paroles acerbes.

— Bref, soupire-t-elle. Patrick et ma mère terminent de remplir les formulaires d'hospitalisation. Quant à moi, je vais dormir un peu chez elle et je reviendrai pour lui apporter des affaires, je crois qu'elle ne partira pas d'ici sans lui.

— T'prends pas la tête, Patrick est passé récupérer ses affaires avant de nous rejoindre, affirme-t-il, lui offrant l'opportunité de prendre la tangente, comme elle sait si bien le faire.

H lui tourne le dos pour rentrer.

« Est-ce que je mérite vraiment toute cette colère ? » se demande-t-elle en le regardant s'éloigner.

9 h 37, la nuit a été courte et Charline a du mal à émerger. Assise devant une tasse de café à la cuisine, elle lit les informations sur son téléphone, pensant y trouver en gros titre :

« Un trentenaire blessé par balle devant chez lui, règlement de compte ou malchance ? », mais rien !

Charline repousse son portable et soupire en listant mentalement tout ce qu'elle a à faire, comme passer chez Yvan, aller voir sa mère pour la soutenir jusqu'à ce que l'homme qu'elle aime soit hors de danger, et rendre le sac que H a oublié chez elle.

D'ailleurs, fichu sac... Ne l'a-t-il pas rendu chèvre durant des heures ce fameux jour ?

Quand H est parti furieux, elle était trop énervée contre lui pour réfléchir à leur dispute. Après avoir attendu une bonne demi-heure, pensant qu'il reviendrait prendre ses biens, Charline qui n'avait pas désamorcé a pris le sac, a dévalé les trois étages au pas de charge, puis a franchi la porte du local d'entretien pour le jeter dans la grosse benne à ordures.