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Brutalement, j'ouvris les yeux, le souffle coupé. Tout était plongé dans les ténèbres. Pas même un reflet, pas même une étoile, absolument rien ne pouvait me rassurer de la réalité. Aucune sensation ne venait depuis mes jambes, et ce ne fut qu'en les bougeant, que ma peau frotta contre une couette, qu'un léger courant électrique me prit. Où étais-je ? Il faisait chaud et je ne me sentais pas bien. Quelque chose m'appuyait sur la poitrine et mes poumons se remplissait de sable quand j'essayais de respirer.

D'un élan de panique, j'eus un cri étouffé et tentai de tapoter autour de mon corps. Ce fut alors que je me cognais les doigts contre un mur et grimaçai de douleur. Je sentais que mes yeux étaient humides, comme si j'avais lâché quelques larmes, actuellement en train de sécher. Mes sens se perdaient, je ne percevais pas d'odeurs, pas de sons, pas d'images, rien. Des spasmes me prirent subitement, mêlé à la panique de ne pas savoir où j'étais. L'obscurité me terrifiait, j'avais l'impression que l'on me regardait agoniser comme un animal, peut-être même qu'ils en riaient aux éclats. Ils, qui étaient-ce ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Qui étaient les deux personnes qui se tenaient devant moi ?

Cette fille trouée à la poitrine, le corps en sang, les cheveux ébouriffés et coupés, le visage peint de rouge et de bleu. Et cet homme, au large sourire, une barre de fer lui transperçant le ventre ? Ils semblaient euphoriques, me pointaient du doigt comme une vulgaire bête de cirque.

A l'aide.

— Kookie !

Soudain, je me sentis être secoué comme un pommier et quelqu'un apparu devant moi, la mine inquiète. C'était lui. Jihyung. Jihyung était là. Qu'est-ce qu'il se passait ? Pourquoi était-il là ?

— Calme-toi, calme-toi.

Les deux démons avaient disparu et je pus peu à peu respirer à peu près correctement. Mon cœur résonnait dans mon crâne, et une sensation de malaise m'enveloppa, comme si tout ce qui se trouvait autour de moi défilait comme un film au ralenti. Mon frère était là, devant moi, à essayer de me calmer. Une légère source de lumière illuminait une partie de son visage, ses yeux brillaient de soulagement au fil des secondes. Désespéré, je tentai de dire quelques mots mais rien ne sorti de ma bouche autre qu'un bruit blanc qui me fit tousser. Qu'est-ce que je venais de voir, à l'instant ?

— C'était un cauchemar, ne t'en fais pas.

Un cauchemar ? D'où venait-il ? Pourquoi deux cadavres s'étaient moqués ouvertement de moi ? Leurs rires résonnaient encore autour de nous, faisant écho dans mon crâne. Heureusement, la présence de mon frère me faisait petit à petit penser à autre chose, jusqu'à ce que, finalement, les éclats démoniaques ne s'estompent complètement. Jihyung était là, devant moi, un léger sourire aux lèvres. Il n'y avait plus que nous deux. Pour ne pas être déconnecté à nouveau de la réalité, j'entourai rapidement mes deux bras autour de son cou et le serrai contre moi, aussi fort que je le pouvais. Cela le faisait ricaner, et il finit par s'allonger à mes côtés.

— Ca va ?

Furtivement, je haussai la tête. L'oreille contre sa poitrine, les battements de son cœur m'apaisaient. Une main en l'air, il s'amusait avec un rayon lunaire traversant les volets. S'imaginer le prendre, le manipuler, croire à un superpouvoir. Aucun bruit ne venait déranger ce moment calme. Papa et Maman dormaient dans la pièce voisine, Jihyuk était sur un autre lit dans la même pièce que nous, mais n'avait pas bouger un seul cheveu. Quelle heure était-il ? A travers la fenêtre entrouverte, quelques cris d'animaux résonnaient plus ou moins fort.

— Demain, je sais ce que l'on pourrait faire, chuchota Jihyung en m'accordant un regard dans l'obscurité où quelques étoiles brillaient.

❝𝐓𝐎:𝐊𝐘:𝐎𝐎❞ ᵗᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant