— Jungkook le roi de l'eau, chantait Jihyung à mes côtés, Poséidon n'a qu'à bien se tenir !Je le tapai discrètement à l'épaule pour le faire taire.
— Tu vas me faire perdre si tu continues !
Il gonfla des joues, et croisa les bras sur son torse fin pour se remettre à regarder le paysage rural défiler derrière la vitre. Ma mère nous observait avec fierté, assise en face, les deux mains occupées par un livre. Je n'aimais pas vraiment quand elle pensait ça de nous avec nos fuites derrière son dos, après l'école.
Le train fut un peu plus secoué que d'habitude, et je me mis à ricaner de bonheur.
Prendre les transports en communs de ce genre avait toujours été mon péché mignon, depuis tout petit. Quand on partait en vacances, je m'impatientais souvent plus pour le voyage en train ou en avion que pour la destination elle-même. Mes parents me demandaient toujours comment je pouvais autant aimer ce genre de transport. Je leur répondais que ce que j'aimais; c'était la vitesse.
Les paysages flous derrière les vitres étaient une chose que je pouvais regarder des heures non stop. Observer à quel échelle le monde et le temps passaient vite, un jour tout va bien, l'autre tout prend un tournant, et le dernier tout ne devient plus qu'enfer. Trois jours pouvaient suffire pour basculer de l'autre côté.
Plus on grandissait, plus le temps allait vite jusqu'à reposer dans une boîte étroite. D'un côté, cela m'excitait, mais de l'autre, j'en étais terrifié. J'avais peur qu'un jour, je perde toute notion de temps. Je reçus une tape derrière le crâne, me faisant lâcher un son et regarder mon frère.
— Eh ! Je t'ai rien fait !
— C'est ma vengeance !
Ma mère se mit à rire face à nos deux têtes perdues. Je crois que c'est pour ça que j'aimais Jihyung, il faisait toujours en sorte de détendre l'atmosphère peu importe la situation.
— Oui mais toi t'as fait plus fort ! Je vais avoir des neurones en moins à cause de toi !
— Tu me les donneras ?
— Dans tes rêves ! Ris-je malgré moi. Sinon je n'aurai pas la première place !
Notre petite dispute amicale se fit interrompre par mon père, revenant des toilettes du train. Ce n'était pas le fait qu'il arrivait que nous nous étions stoppés, mais plutôt parce que l'immense sourire sous ses yeux larmoyants nous avaient rendu curieux.
À peine assit en face de moi et à côté de ma mère, qu'il partit en un fou rire incontrôlable, attirant quelques regards douteux sur notre famille. J'aimais énormément son rire, il était très communicatif et donnait l'impression qu'une falaise s'écroulait à l'intérieur de sa gorge. L'une de ses mains de bûcheron sur le ventre, il continua à rire de plus belle, sûrement en se remémorant ce qui l'avait rendu dans cet état.
Ma mère avait posé son livre sur la table qui nous séparait, et regardait son mari avec un air dépité, se doutant qu'il avait encore fait une connerie. Mais ses lèvres n'arrivaient pas à résister à l'euphorie, car elles s'élevaient légèrement entre ses deux joues de hamster.
Nous nous regardâmes avec Jihyung, pensant que l'un de nous deux avaient la réponse à ce qui avait provoqué une telle rigolade. Nous avions haussé les épaules d'un même mouvement.
Lorsque mon père nous avait enfin fait part du pourquoi il riait autant, j'avais eu mon premier et dernier fou rire de toute ma vie. Je crois que jamais je n'avais, et n'allais autant rire de toute mon existence.
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❝𝐓𝐎:𝐊𝐘:𝐎𝐎❞ ᵗᵏ
FanfictionToute personne née dans ce monde se doit d'être confrontée à la terreur, d'apprendre à affronter les atrocités des abîmes tout en comprenant l'évidence de la fatalité. L'Avenir n'est qu'un mot flou, une image fantomatique qu'aucune âme ne saurait dé...