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— Elle dit qu'elle a participé à un concert en tant que danseuse principale, et que tout s'est très bien déroulé.

Apprenant toutes ces choses en si peu de temps, j'eus un grand sourire et regardai Haneul, à travers le téléphone pour la féliciter. Chez elle, aux Etats-Unis, il faisait encore jour. C'était même le matin, alors qu'ici, en Corée du Sud, la nuit était déjà tombée depuis un bon bout de temps. Cela faisait extrêmement bizarre de la voir illuminée par la lumière du soleil, et nous par une simple lampe de salon. Haneul affichait un immense sourire, son téléphone posé devant elle pour lui permettre d'utiliser ses deux mains, et nous parler. Par moment, elle articulait quelques phrases, ce qui m'impressionnait à chaque fois.

Deux ans étaient passés depuis la dernière fois que nous nous étions vus. En deux ans, elle avait fait d'énormes progrès au niveau de la parole. Je me souvenais encore du soir où j'avais entendu sa voix pour la première fois ; le soir où nous étions aux urgences lorsque Jimin s'était fait tirer dessus, et qu'elle m'avait remerciée. Malheureusement, je ne me souvenais plus du timbre de sa voix. Et, déformée par le son du téléphone, je ne pouvais pas l'écouter proprement.

Jimin ne me calculait presque pas depuis que l'appel avait commencé, il y avait de ça une demi-heure. Ses yeux pétillaient à chaque fois que Haneul faisait un mouvement, il se contentait de lui répondre et de me traduire tout ce qu'elle disait. Apparemment, elle était extrêmement heureuse d'avoir fait ce choix de partir pour quelques temps, et était fière d'elle, notamment dans sa compréhension de l'anglais qui s'améliorait de jour en jour. Le seul problème était qu'elle devait aussi apprendre la langue des signes anglaise afin de communiquer. Mais cela était un défi qu'elle relevait tous les jours, malgré son téléphone qui lui était d'une grande d'aide.

La meilleure nouvelle de la soirée, était que Haneul allait recevoir des congés dans quelques jours, et qu'elle allait revenir en Corée du Sud afin de retrouver Jimin ainsi que sa famille. Ce dernier m'avait déjà prévenu qu'elle reviendrait dans peu de temps, mais je ne pensais pas que cela passerait aussi vite. Depuis que je logeais, à contre-cœur, chez lui, c'était comme si le temps s'était remit en marche, que les heures défilaient à leur allure habituelle, que le jour ne me semblait plus morose. Même si Zhu n'était pas encore sortie complètement de ma vie, je me sentais définitivement mieux. Certes, cette histoire de cancer n'était pas à prendre à la légère, mais que ce serait-il passé si je n'avais pas quitté mon appartement et que les jours interminables pesaient encore sur mes épaules ? Je serais sûrement resté dans le déni de cette maladie, jusqu'à que cela soit trop tard pour faire marche arrière. A être coincé dans mon propre piège.

Seulement, ce soir, voir Jimin d'aussi bonne humeur me réchauffait le cœur. Dieu seul savait à quel point Haneul devait lui manquer, et inversement. Il était tout à fait normal que je sois mis à l'écart lors de leur appel. Cela me faisait même plaisir à voir. Que malgré la distance qui les séparait depuis déjà quelques mois, leur attachement n'avait aucunement changé. C'était un spectacle magnifique à regarder. J'en oubliais presque ce qu'il s'était passé aujourd'hui, en allant à l'hôpital.

D'un simple sourire, je les admirais, dans le silence. S'échanger des paroles, des regards, des mouvements, tout qui prouvaient à quel point ils s'aimaient ; et n'avaient qu'une hâte de se retrouver. A mon avis, je devrais les laisser tranquille les premiers soirs et loger autre part. A cette pensée, d'étranges images d'eux se retrouvant d'une certaine manière me vinrent en tête et je clignais rapidement des yeux, comme si cela pouvait tout effacer. Honteux, je me grattais la gorge. Où est-ce que j'allais bien pouvoir loger pendant quelques jours, le temps qu'ils rattrapent tout ce qu'ils avaient manqué ?

Je soupirai intérieurement. Retourner à l'appartement ? Il le fallait bien un jour ou l'autre. Seulement, je ne savais pas encore si j'en avais le courage. J'entendais déjà ma mère me faire la morale sur le fait que tant que je n'irais pas, j'avais la preuve d'être un peureux. Est-ce que je devais le faire ? Un nouveau soupir et je me levai du canapé pour aller chercher quelque chose à boire à la cuisine. Un verre d'eau dans la main, je me tournai vers les grandes baies vitrées, qui donnaient vue sur le quartier Gangnam et ses lumières multicolores. La tête des immeubles disparaissait dans les nuages, bas.

❝𝐓𝐎:𝐊𝐘:𝐎𝐎❞ ᵗᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant