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Le « happy end » final est de rigueur et célèbre le consensus sur le statu quo social et politique. La conjoncture n'est donc pas ici un moteur ou un acteur de l'action, elle reste un décor figé, les moteurs restant archaïques et traditionnels. Ces films ont la « couleur » de l'actualité, femmes modernes qui exercent une profession « d'homme », liberté de la presse, bien-être matériel des jeunes couples, mais ne traitent pas de l'actualité comme quelque chose sur laquelle les spectateurs-citoyens peuvent agir. Le nécessaire aller-retour permanent entre le contexte et les actes des personnages, que l'on trouve chez Park Kwangsu par exemple, et qui atteste d'une véritable mise en situation d'une problématique contemporaine, est absent.

Je raturai frénétiquement mon paragraphe en soufflant d'agacement. Les happy ends, quel beau mensonge. Une histoire se finissant sur ce happy end n'était jamais réellement terminée, ou alors elle cachait une part de vérité. Je comprenais pourquoi Jimin avait voulu faire ce dossier avec moi, il était long et commençait à me prendre la tête dès le matin.

Le ronronnement du rasoir électrique, qui me martyrisait les oreilles depuis plus de vingt minutes, s'arrêta à mon plus grand soulagement.

— Lève la tête pour voir, fit ma mère en passant devant moi.

Je redressai le visage de mon paquet de feuilles à mes genoux et la regardai observer mes cheveux. Les siens étaient attachés en une queue de cheval basse, et ses yeux jonglaient un peu partout, sa main arrangeant quelques mèches sur mon front. J'avais l'impression de ne plus avoir un poil sur le caillou maintenant. Un sourire étira ses fines lèvres et elle alla chercher un petit miroir dans la cuisine qu'elle présenta devant moi.

Ma mère était définitivement multitâche, c'était comme si un véritable coiffeur venait de m'arranger la tête.

J'avais à présent retrouvé ma coupe favorite, celle qui m'allait le mieux selon ma mère. L'arrière du crâne était assez court, remontant en un léger dégradé où mes mèches tombaient jusqu'au début de mes oreilles. Celles sur mon front étaient divisées en deux parties, donnant forme à un V à l'envers.

— Merci Maman, la remerciai-je en un grand sourire.

Elle embrassa mon front et retira la serviette qui couvrait mes épaules pour secouer tous les cheveux coupés aux sols. De ma chaise, que je venais d'avancer vers la table à manger où était disposé le reste du dossier sur lequel je travaillais depuis mon réveil, j'alignai le miroir et le rasoir électrique dans un coin pour aider un peu ma mère. Qui d'ailleurs me disputa gentiment, car elle préférait que je travaille sur mes devoirs plutôt que de l'aider à ranger deux trois babioles.

Bref, au boulot.

Onze heures trente-huit.

Je lâchai mon stylo en soupirant de frustration. Je n'arrivais pas voir le bout de ce foutu dossier de vingt pages.

— Qu'est-ce qu'on mange ce midi ? Demandai-je en me levant de ma chaise.

De mon pied nu, je tapotai le sol carrelé afin de vérifier s'il était toujours humide ou pas. Ma mère avait profité de mes cheveux coupés pour faire le ménage dans la salle, et je ne voulais pas gâcher son travail.

Voyant que tout était sec, je la rejoignis sur le canapé où elle était enveloppée dans un plaid devant sa série préférée. Son regard chocolat se posa sur moi, et elle me fit un léger sourire en m'invitant à s'installer à ses côtés. Chose que je fis sans attendre en déposant ma tête sur ses cuisses recouvertes de sa couverture, et m'allongeai de tout mon long. Mes paupières se fermèrent instantanément lorsque sa main se perdit dans mes cheveux.

❝𝐓𝐎:𝐊𝐘:𝐎𝐎❞ ᵗᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant