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— Docteur Jeon !

En vitesse, Jihyung leva le nez de sa trousse de soin et regarda Maman, allongée comme une malade sur le canapé du salon. Son stéthoscope autour du cou, il descendit de la table à manger où nous étions installés et se rua vers elle, qui continuait de jouer la comédie.

— Madame Maman ! S'exclama-t-il, où avez-vous mal ?

— Au cœur, fit-elle d'une voix faible.

Une main soutenant ma tête, je les regardai d'un sourire. Jihyung venait de s'occuper de me soigner une coupure que je m'étais faite au bras en jouant plus tôt. Rien de bien méchant, c'était simplement l'arbre qui était au mauvais endroit, ce n'était pas de ma faute. A mes côtés, Jihyuk apprenait son cours de coréen, la comédie des deux autres ne semblait pas le déranger et je me posais souvent la question du comment il réussissait à se concentrer. Papa donnait à manger aux chiens dans le garage, nous revenions d'une longue balade au lac. Dehors, le ciel commençait à se charger à cause des hautes chaleurs, sûrement que l'orage allait bientôt frapper à mon plus grand bonheur.

— Olala Madame Maman, votre cœur bat trop vite !

Celle-ci ne put retenir un rire avant de reprendre son rôle et de geindre d'une fausse douleur. Les minutes suivantes n'étaient qu'auscultations, prise de température, ordonnance d'un seul trait au stylo sur un bout de papier. Retournant à mes occupations, je pris un crayon de couleur rouge et coloriai les mains de mon bonhomme. Nous devions faire un dessin à côté d'une nouvelle poésie que la maîtresse nous avait donné, et j'avais demandé à Jihyuk de me faire une personne droite, devant un lit. La poésie parlait d'un malade sur son lit de mort, enfin, c'était ce que mon grand-frère avait dit. Personnellement, je ne comprenais rien et ne le voulais pas non plus. Pourquoi est-ce que tu as colorié ses mains en rouge ? Avait-il demandé en m'attribuant un regard. En observant ce que je venais de faire, j'eus un doute. Il n'y avait pas de délimitation pour les gants. C'est du sang, dis-je en haussant les épaules. Il est malade, peut-être qu'il saigne aussi.

Jihyuk m'avait étrangement regardé pendant quelques secondes avant de retourner à ses révisions qui avaient plus l'air de l'embêter qu'autre chose. N'étant finalement pas convaincu de ma couleur, je pris un crayon bleu et repassai par-dessus. Malheureusement, mes fameux gants apparurent violets, comme des bleus, des pétales de tulipes ou de pensées. Les mêmes que nous avions dans le jardin. Est-ce qu'il y avait une histoire de fleurs dans la poésie ? Peut-être. Elle ne voulait tellement rien dire que c'était bien possible qu'on arrive à trouver une fleur quelque part. Soudainement, nos trois chiens arrivèrent dans le salon en furie et voyant Maman allongée sur le canapé, ils se ruèrent sur elle qui hurla de surprise mélangée aux rires. Jihyung était alors hilare, ce qui ne fit que de s'amplifier quand Papa décida de jouer à son tour le jeu. Il venait de se laisser tomber par-dessus le dossier du deuxième canapé, la tête coincée entre les coussins. Le Docteur Jeon ne perdit pas de temps pour accorder les premiers soins, malgré les larmes de rire qui dévalait ses joues. Je ne me souvenais plus si je riais, moi aussi. Je crois que j'avais entendu Jihyuk pouffer, l'attention bien plus parmi nous qu'avec ses révisions. Sur mon dessin, je dessinais des fleurs rouges et violettes dans les mains de mon bonhomme.


☯︎


Ce n'était pas la première fois que je laissais partir. Et dans ces moments-là, je haïssais mon cœur et corps murtrient par les traumatismes qui ne voulaient pas suivre ce que mon cerveau me hurlait de faire. L'arrêter. Il ne fallait pas qu'il s'en tire à nouveau. Malheureusement, c'était trop tard. Les dés étaient à nouveau lancés. Après avoir lâché cette information, comme quoi Taehyung aurait tenté de le tuer et qu'il lui rendait la pareille, mon cerveau s'était mis en état d'alerte alors que mon corps s'était figé. Namjoon était là, devant moi, tellement proche que mon poing aurait pu partir afin de lui retirer cet immonde sourire qui me dégoutait plus qu'autre chose. Il ne fallait pas qu'il continue. Et pourtant, c'était ce qu'il allait pouvoir faire. Car une fois de plus, il venait de prendre la fuite suite à l'entrée d'un infirmier et d'un autre médecin qui me rappelait vaguement quelque chose.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 09 ⏰

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