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Madinah.

Centre pénitentiaire / 4 juillet 1997 / 16h02.

Cela faisait quelques minutes que j'attendais qu'on me guide au parloir, et alors que je patientais, mes pensées étaient rivées sur ce que j'ai vécu tout à l'heure. Tout était flou dans mon cerveau, et je ne savais plus à quoi penser. La scène de tout à l'heure fût si violente et je suis tellement frustrée, j'aurais aimé connaître le contenu des lettres. Je n'ai même pas lu lire un huitième de tout ce qu'il avait écrit, et j'ai besoin de savoir ce qu'il y racontait.

Sa déclaration d'amour n'arrête pas de se répéter dans ma tête, je ne pense plus à rien d'autre, je suis plus perturbée que jamais. J'ai l'impression qu'il s'agit d'un rêve et que je vais bientôt me réveiller. Malgré tout, ce qu'il a dit sur le fait qu'Ibtissem soit la source de toutes ces cachotteries et ces mensonges, ça ne me rassure pas. Plus le temps passe et plus je doute d'elle, elle me ment sans arrêt, à tous les sujets, je ne vais plus pouvoir vivre ainsi... Rien ne change, elle veut toujours tout contrôler toute seule, pour me « protéger », sans me consulter.

... - Excusez-moi, madame, vous m'entendez ?

J'ai relevé la tête avant de regarder le gardien de prison qui se trouvait devant moi. Il m'a souri et m'a montré une salle, d'un mouvement de tête. Je l'ai suivi à l'intérieur et Nabila se trouvait là, son visage était le même que sur les photos que j'avais pu voir d'elle. Je n'ai pas pu m'empêcher de hausser les sourcils. Il s'agit d'une très jolie femme, et quiconque la croiserait penserait qu'elle est mannequin. Son visage angélique ne colle pas avec l'image qu'on a des détenus. Elle avait un joli visage, de longs cheveux noirs lisses et des yeux verts. J'ai esquissé un sourire en imaginant Sam avec ses yeux, il aurait été canon et toutes les filles lui auraient sauté au cou, c'est évident.

Gardien - Vous avez une heure et demie.

J'ai pris place sur la chaise en face de la sienne, en la regardant attentivement, et elle a replacé une mèche de cheveux avant de me regarder droit dans les yeux. C'est déstabilisant, alors, j'ai souri et je me suis présentée.

- Salut, tu dois l'avoir deviné, je suis Madinah, la- euh, l'amie de ton frère.

Comment est-ce que je suis censée me présenter, autrement ? Nous ne sommes rien, et pourtant, tout est si ambigu... Il va vraiment falloir que je lui parle, je ne peux pas rester dans le flou, et ne pas avoir pu lire tout ce qu'il m'avait écrit me frustre, je dois savoir ce qu'il y avait dedans.

Nabila - Enchantée, dis donc, t'as un joli petit minois. Du coup, moi c'est Nabila, c'est cool de pouvoir faire ta connaissance. Enfin, j'aurais préféré la faire dans d'autres circonstances mais...

Elle a lâché un petit rire gêné avant de poser ses mains sur la table qui nous séparait. Elle a l'air aussi gentille que son frère, j'ai souri pour la rassurer au mieux. Il est vrai que je n'imaginais pas que notre première rencontre se passerait ainsi mais, ce n'est pas bien grave, je suis contente de pouvoir la voir.

- Enchantée. C'est sûr que les circonstances sont pas vraiment bonnes mais c'est pas le plus important.

Nabila - Tu vas bien ?

J'ai hoché la tête de haut en bas.

- Et toi ? Tout est ok ?

Nabila - Tout va pour le mieux.

Nous avons commencé à discuter, à faire plus ample connaissance, elle était tellement simple et j'avais l'impression de parler à une version féminine de Sam. Ils ont tellement de choses en commun : les mêmes expressions faciales, la même manière de parler, de se comporter, les mêmes mimiques. C'était tellement déstabilisant, mais rassurant à la fois. Au bout d'une heure, je lui ai donné la lettre et elle l'a ouverte devant moi, elle l'a lue et a eu une réaction étrange. Elle a gloussé et a hoché la tête de gauche à droite en souriant puis elle m'a regardée, un sourire en coin.

Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant