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Madinah.

Bord de Seine / 24 juin 1997 / 17h12.

Sam - Tu veux qu'on aille où ? Faire quoi ?

J'ai entendu le refrain commencer alors j'ai souri.

- On va écouter la musique de plus près, je l'aime trop en plus.

J'ai lâché son bras avant de marcher vers la fille qui chantait, je m'ambiançais sur le son et il se foutait de ma gueule. Je chantais sans me retenir, en lui jetant des regards par moments, puis quand elle s'est terminée je me suis tournée vers lui en souriant et je lui ai dit qu'il allait me manquer, comme la chanson le disait si bien. Il a haussé les sourcils avant de passer son bras autour de mes épaules.

Sam - On l'écoutera quand on se manquera, et puis le téléphone existe, on s'appellera. J'viendrais vous voir hein, crois pas que j'pars pour toujours.

- Mmh oui, bah reviens souvent, parce que sinon c'est pas cool. T'as débarqué dans ma vie, t'as pris une énorme place et tu pars à peine six mois après. Tu vas laisser un vide, je veux dire, il y a mes copines mais c'est pas pareil...

Je n'arrive pas à croire que je lui ai dit ça, je n'imaginais pas lui annoncer ce genre de choses ainsi. Il a froncé les sourcils, il doit être choqué, je ne suis pas du genre à m'ouvrir ainsi... Arh, qu'est-ce que j'ai fait encore... Non, je dois aller au bout de ce que je pense. Je ne dois pas fuir, pour une fois, je me suis toujours dit que j'aimerais être plus spontanée en ce qui concerne mon ressenti. Il n'a pas honte de me dire ce qu'il pense de moi, c'est à mon tour de le faire.

Sam - Comment ça ?

- Bah je sais pas, tu m'as aidée à avancer, tu m'as changée si on peut dire ça... J'ai pas peur de te le dire, t'es différent des autres, t'es mon ami mais t'es aussi... J'sais pas comment l'expliquer, t'as pris une place qui était libre depuis toujours, et tu m'as beaucoup apporté. J'sais pas vraiment ce que c'est, mais j'crois que je me suis peut-être un peu attachée à toi 'fin... Comme un frère quoi.

Merde, j'ai gaffé, pourquoi est-ce que j'ai ajouté ça ! Je n'assume tellement pas ce que je pense, j'ai tellement de fierté pour avouer que je l'aime bien, que je me suis sentie obligée d'ajouter ça. C'est faux, je ne l'aime pas comme un frère, je ne sais pas comment est-ce que je l'aime mais ce n'est pas fraternel... Sinon, je n'aurais jamais réagi de certaines manières à certains moments. Je ne dois plus me mentir à moi-même... Mais savoir ce qu'il pense de moi m'aiderait tellement à mieux comprendre ce que je ressens.

Sam - Comme un frère ?

J'ai pu lire de la déception dans son regard, est-ce qu'il s'attendait à autre chose ? Je ne sais même plus à quoi penser, je suis perturbée là.

Sam - C'est cool, j'pensais pas, mais c'est bien. J'suis content d'apprendre ça... Mais t'en fais pas, j'resterai à tes côtés même à plus de 1000 km de toi. Tu pourras m'appeler à l'heure que tu veux... Comme si j'étais avec toi.

Il m'a souri et j'ai souri en retour, nous avons fini par nous asseoir sur un banc, à manger les restes de notre déjeuner, en attendant 19h30. C'était très silencieux, j'avais presque l'impression que notre discussion avait lancé un froid, mais je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Est-ce que j'ai dit quelque chose de mal ? Peut-être qu'il est fatigué, la journée a été longue après tout... Il nous restait encore une heure à patienter, alors au lieu de rester à rien faire, j'ai eu une idée. Il y a la Grande Mosquée de Paris, je n'y suis jamais allée, peut-être qu'on pourrait la visiter et accessoirement aller prier.

- Ça te dit qu'on aille à la mosquée ? On aura le temps de faire toutes nos prières puis on reviendra ? On sera tranquilles en rentrant du coup.

Sam - Ouais, carrément.

Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant