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Madinah.

Gare / 28 juin 1997 / 20h02.

- Voilà, tu connais toute l'histoire.

Nous venions d'arriver à la gare de ma ville, et j'avais passé tout le trajet à lui expliquer ce qu'il s'était passé il y a quelques jours. Amel était bouche bée, et en avoir parlé m'a fait un peu mal mais ça m'a permis de me libérer d'un poids.

Amel - Sam n'est qu'un idiot.

- Amel !

Amel - Je dis ce que je pense, et c'est un idiot. Je pense que tu devrais faire une croix sur lui, comme on le sait toutes les deux, t'as déjà beaucoup à gérer. Est-ce que t'as le temps de t'occuper d'une histoire d'amour qui n'a pas l'air d'être au top ?

- J'ai quoi à gérer, aujourd'hui ? Mmh ?

Amel savait que j'étais très prise, je n'étais jamais rentrée dans les détails mais elle savait brièvement que j'étais à la recherche de la vérité quant à ma famille.

- J'ai plus besoin de chercher après mon passé, il m'a fallu 16 ans, mais je connais finalement toute la vérité. J'ai beau me répéter que je devrais chercher plus loin, j'me rends compte que je fais ça pour que ça continue. J'ai toujours cherché après des informations sur ma mère ou mon père... J'ai l'impression de ne plus avoir de raison de vivre, maintenant que je sais tout.

Amel - Tu t'entends parler ? Reprends-toi ! Tu pouvais pas courir toute ta vie après tout ça, t'as toutes tes réponses alors vas de l'avant. La vie est belle, tu verras.

Elle m'a souri et j'ai levé les yeux au ciel.

- C'est pas si facile, à chaque fois que je... À chaque fois que j'essaie, que je me change les idées, tout me revient. J'déteste ma vie, vraiment, peut-être que c'est de ma faute. Peut-être que je mérite une vie aussi nulle, aussi difficile. Il y a près de 2 ans, j'étais vraiment déprimée et j'ai écrit ce que je ressentais sur un papier. Il m'a fallu 5 pages pour tout expliquer, pour y mettre chaque détail qui faisait que j'étais aussi détruite à cet instant précis. J'ai relu ces pages plusieurs fois, chaque jour, pendant 5 mois. Il n'y avait que ce passage qui me faisait si mal, qui me frappait violemment parce que je le trouvais véridique...

Amel - De quoi tu parles, quel passage ?

- « Il n'y a que la vérité qui blesse, et si aujourd'hui je te dis que ta vie de merde est sûrement le résultat de tout ce que tu as fait de mal. Le malheur dont on se plaint n'est peut-être que le reflet de nos agissements, le reflet de ce que comporte notre cœur, de nos intentions, le reflet de soi-même. C'est comme si j'étais destinée à vivre tristement, c'est comme si j'étais condamnée à vivre ainsi, c'est comme si je n'avais pas le droit de pouvoir respirer la joie de vivre. Au fond, je dois me battre pour ne pas faire de bêtises, je dois apprendre à vivre avec ce vide, avec cette douleur. »

Elle m'a regardée tristement.

- Je me le répétais tous les jours, pour éviter de me plaindre parce que c'était forcément moi la fautive de cette situation. Je connaissais ce passage par cœur, je ne pouvais plus lire ces mots qui décrivaient si bien mes maux, alors j'ai déchiré ces pages et je les ai brûlées mais... Mais rien à faire, tout était gravé dans mon cerveau.

Amel - C'est que des sottises, tu es une bonne personne alors Allah u a'lam mais sérieux tu te tortures avec ça. On avait déjà eu cette discussion, faut que t'arrêtes de croire que t'es une merde. Ok, ta vie n'est pas forcément belle pour le moment mais tout est en train de s'arranger comme tu l'as dit.

Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant