Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]

11.

Madinah.

Chez Madinah / 23 avril 1997 / 14H09.

Je venais de me réveiller et alors que j'allais me rendre au salon, vêtue uniquement d'un short et d'une brassière, je me suis souvenue que mon oncle séjournait à la maison. J'ai donc pris le soin d'enfiler une robe de maison puis je suis allée me brosser les dents, me doucher et je suis allée au salon. J'étais sur le point d'entrer au salon mais j'ai entendu une discussion plutôt intéressante entre Ibtissem et Ali... Ma curiosité a pris le dessus et je me suis laissée glisser contre le mur afin de m'asseoir et d'écouter ce qu'ils disaient.

Ali - Attends, tu te fous de moi Ibtissem ? T'es en train de me dire que si Madinah me déteste et si elle ne veut pas me parler, c'est juste parce que t'as pas été foutue de lui raconter la vérité ? Tu dis que tu la protège en lui cachant toute l'histoire mais en réalité tu n'assumes pas ce qu'il s'est passé et que t'aimes endosser le rôle de la "sauveuse". Quand est-ce que tu comptes lui révéler toute la vérité ? Tu vas attendre de ne plus avoir de dents ? Ça va faire neuf ans, cette année, qu'est-ce que t'attends ?!

Ibtissem - Ali, comprends-moi, tu voulais que j'fasse quoi ? Que j'lui explique tout ? C'est encore en enfant, ne dis pas n'importe quoi. Je ne lui aurais jamais menti, si elle était adulte, mais c'était juste pas le moment... Je vais tout lui dire, je te le promets, mais laisse-moi du temps.

Ali - La vérité éclatera Ibtissem, et ce jour-là tu lui auras déjà tellement menti qu'elle te détestera toi... T'as pas d'âme, tu te rends compte de ce que t'as fait ?! Tu parles de l'autre cinglée mais t'es pas mieux, vous jouez tous avec elle comme si c'était une poupée... Je sais pas comment j'ai fait pour te la confier.

Leur discussion tournait autour de moi, et apparemment il y a pas mal de choses que j'ignore mais... Ils ne sont pas assez explicites, je ne comprends rien, ça me rend dingue.

Ibtissem - Je sais c'que je fais, j'suis plus l'adolescente que t'as laissé il y a quelques années, alors ne t'en mêles pas. On s'était tous mis d'accord, c'est moi qui allais éduquer Madinah. J'ai trop sacrifié pour elle, tu sais pas à quel point j'ai tout donné, alors tu vas pas venir tout gâcher avec tes menaces à la con. Elle est heureuse aujourd'hui, du moins, elle n'a pas à se mettre en danger pour ces histoires ni à se torturer l'esprit... Occupe-toi juste de tu sais qui et laisse-moi gérer avec elle, c'est ma responsabilité.

Ali - ... J'te jure que si tu fais encore un truc de travers, je prends le relais, t'as fait que de la merde, depuis le début. J'peux pas te laisser continuer, et en plus tu lui a menti sur nous. J'suis à deux doigts de lui dire tout ce qu'elle a à savoir, parce que dans l'histoire là... C'est elle et moi qui souffrons, pas toi.

Ibtissem - J'viens de te dire de ne pas t'en mêler, je sais ce que je fais, toi continue à faire ce que t'as fait pendant ces dernières années et laisse nous tranquille. 'Fin, arrêtons d'en parler, elle pourrait arriver à tout moment. Tu devrais aller acheter des pizzas, j'ai rien préparé à manger.

Ali - Fais attention, c'est tout ce que j'ai à dire.

Suite à ça, la porte d'entrée s'est claquée violemment et je me suis relevée. Je pense que mon oncle est sorti, donc il ne reste plus qu'Ibtissem. J'avais envie d'aller lui parler, de lui dire que j'avais tout entendu et que je voulais comprendre ce que ça voulait dire, mais j'étais comme bloquée. Pour l'heure, seules les paroles de Doha refaisaient surface, elle m'avait dit que ma vie n'était basée que sur des mensonges, et elle tenait des propos qui ressemblaient à ceux d'Ali.

Ibtissem n'a pas cherché à nier, donc, c'est vrai ? Est-ce qu'elle me ment depuis le départ ? Mais, à quels sujets et pourquoi ? J'ai du mal à digérer, au fond, je me dis que tout ça est impossible. Ibtissem n'aurait eu aucun intérêt à me mentir, elle a toujours tout fait pour moi, mais alors pourquoi est-ce que ça a l'air si réel ? Je dois en savoir plus mais si je ne peux faire confiance à personne, je dois enquêter seule. Après avoir réfléchi pendant quelques instants, j'ai décidé de m'aventurer au salon, malgré tout. Ibtissem était assise, les coudes posés sur la table et la tête dans les mains. Je me suis approchée lentement d'elle et je me suis assise juste à côté.