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Madinah.

Chez Madinah / 16 février 1997 / 18H03.

- Salam aleykum, Ibti', alors comme ça aujourd'hui c'est pizza ?

Ibtissem - Waleykum salam, p'tite tête. Bah ouais, franchement, j'avais trop envie d'en manger. Pas toi ?

- C'est vrai que ça fait longtemps...

Ibtissem - Je vais prier et j'arrive. Commence pas sans moi, hein !

- Oui, oui, t'inquiète.

Elle a déposé les cartons de pizzas sur la table avant de s'engouffrer dans le couloir. Je me suis assise à table et je nous ai mis du Fanta avant de soupirer, bruyamment, et de poser mon menton sur mon poing. J'étais en train de penser à la femme d'hier, Doha, je devais en toucher un mot à Ibtissem. J'y ai pensé toute la soirée, hier, et toute la journée mais je n'ai pas eu l'occasion d'en parler avec elle. On a beau vivre ensemble, elle est assez occupée, alors trouver le moment pour lui en parler n'est pas si évident. Il va falloir que j'essaie de lui en parler, ce soir, sinon je risque de virer paro. Vous savez, je ne sais pas grand-chose de ma mère, j'ai de vagues souvenirs, c'est vrai, puis il m'est impossible d'oublier son visage... Cependant, j'ai tout fait pour oublier les mauvaises choses la concernant, et elles étaient nombreuses, alors il ne me reste plus trop de souvenirs. J'étais encore petite quand elle est décédée, donc je n'ai pas non plus des millions de souvenirs avec elle.

Quelques instants plus tard, Ibti' est revenue, vêtue d'une simple robe de maison tout comme moi. Elle s'est installée à côté de moi et s'est mise à me raconter sa journée tout en mangeant. Il ne s'était rien passé de palpitant, elle se contentait d'énumérer des anecdotes de sa journée de travail. Je l'ai écoutée, silencieusement, avec attention, jusqu'à ce qu'un silence s'installe. Seul le bruit de nos bouches, en train de mâcher la nourriture, se faisait entendre dans le salon, et, en arrière-plan, se trouvait un fond de télévision. J'ai donc sauté sur l'occasion pour lui parler de ce qui me taraudait.

- Eh, j'ai pas pu t'en parler plus tôt, mais hier j'suis tombée sur une femme super bizarre. Elle doit avoir entre 30 et 40 ans, je crois qu'elle s'appelle Doha et elle m'a approchée pour me dire des trucs... 'Fin, j'ai pas trop compris ce qu'elle voulait. Elle est venue me voir alors que je m-

Elle s'est redressée soudainement, en me regardant avec de gros yeux, et en avalant bruyamment ce qu'elle avait dans la bouche. J'ai presque vu sa nourriture descendre le long de son œsophage. Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase qu'elle m'avait déjà interrompue, en affichant une mine choquée.

Ibtissem - Doha ?! Où est ce que tu l'as vue ? Qu'est-ce qu'elle t'as dit, cette tarée ?

- ... Tu la connais, alors ? J'crois qu'elle connaissait Ûmmi aussi, mais, elle ne m'inspire rien de bon.

Ibtissem - T'as bien raison, cette femme est dingue, reste loin d'elle... Et si tu la revois, ne lui parle surtout pas, ignore-la et tout ira bien pour toi, non, pour nous même.

Elle n'avait pas l'air sereine du tout, comme si cette Doha représentait un réel danger. Je dois avouer que mon cœur s'est mis à palpiter en voyant sa réaction, je crois que je ne l'avais jamais vue dans un tel état. Elle était pâle, et elle regardait dans le vide. Qui est cette Doha, et, qu'est-ce qu'elle a bien pu faire par le passé pour qu'Ibtissem soit aussi perturbée en entendant son nom ?

- J'ai bien remarqué qu'elle n'était pas bien... Elle est venue me demander si j'étais la fille de "la toxico". Mais, déjà, qui est-ce qu'elle est pour parler comme ça, et puis d'où est ce qu'elle nous connait ? C'est qui, Ibtissem ? En plus, elle m'a parlé de toi ! Elle te connaît, 'fin... Est-ce que c'est quelqu'un de dangereux ? Comment est-ce qu'elle me connait ? Elle avait l'air d'attendre cette rencontre depuis un moment, comme si elle me cherchait, c'était l'une des scènes les plus bizarres que j'ai pu vivre.

Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant