Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]

83.

Madinah

Tu es mon univers tout entier.

Cimetière,
14 février 2007,
16h21.

- Je me sens tellement soulagée, comme si je traînais un poids depuis des années, et que je venais de m'en décharger.

Issam - T'en avais vraiment besoin, oui.

- Enfin, le cimetière où est enterré ton père est loin de celui-ci ?

Issam - Nan, il est à quelques pas d'ici. On en a pour un quart d'heure de route, pas plus.

- On y va alors ?

Il a hoché la tête de haut en bas et on a pris la route, rien de très palpitant, c'était silencieux. Il faut dire que le contexte n'était pas super joyeux et alors que j'avais pu vider mon cœur, Issam se préparait mentalement à revoir la tombe de son père, qu'il n'avait pas visité depuis quelques années déjà.

Hajar était très silencieuse, avec les semaines, elle devient très calme. Elle ne pleure que quand c'est nécessaire, sinon, elle se contente d'observer ce qu'il se passe autour d'elle et elle tente d'interagir avec les objets et avec nous même. Voilà qu'elle jouait avec mes doigts, en étant totalement concentrée sur ce qu'elle faisait, trop mignonne.

Issam - On est arrivés.

J'étais à l'arrière, puisqu'à la base je donnais à boire à la petite, alors quand il s'est garé, j'ai détaché Hajar et on est sortis de la voiture. C'était un endroit bien désert.

- C'est ici ?

Issam - Ouais.

Hajar s'est mise à pleurer d'un coup, alors, on s'est regardé avec Issam et il a ri.

Issam - Retournez dans la voiture, c'est mieux. J'en ai pas pour longtemps.

- T'es sûr ?

Il a hoché la tête de haut en bas. Je dois avouer que j'étais un peu déçue, j'aurais aimé visiter la tombe de son père. J'ai déposé un baiser sur sa mâchoire et je suis retournée dans la voiture, dans laquelle il faisait assez chaud. Dehors, il fait bon, dans les alentours de 20°C, il fait plus frais qu'hier déjà, après c'est la période où il fait plutôt doux. Malgré tout, on quitte Londres où il fait plutôt froid en cet hiver, donc pour la petite c'est un peu un choc j'imagine.

- Jaja, tu as chaud, hein ? T'en fais pas, on ne va pas tarder à rentrer.

Je l'ai hydratée au mieux et ça l'a calmée. J'ai ensuite pris le temps de la nourrir et elle s'est endormie dans mes bras, heureusement qu'on était à l'abri du soleil, sinon elle n'aurait pas pu dormir.

Au bout d'une dizaine de minutes, Issam est revenu, avec des yeux un peu rouge. Ça m'a fait un pincement au cœur, de toute ma vie, je ne l'ai jamais vu comme ça, il a l'air si vulnérable. C'est bizarre de se dire que même ceux qui ont un sourire sur la face, tout le temps, ceux qui paraissent inébranlables, ont des moments de faiblesse, où ils baissent leurs armes.

J'avais envie de le réconforter, mais, qu'est ce que j'allais bien pouvoir lui dire ? Peut être qu'il est préférable que je ne dise rien. Il est monté à l'avant, tandis que j'étais sur la banquette arrière, et il m'a jeté un regard à travers le rétroviseur, accompagné d'un sourire disant « ça va, t'en fais pas ».