Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]

61.

Madinah.

Chez Amel / 17 décembre 2005 / 14h02.

- Tu as vraiment décoré cet appartement à ton image, c'est sobre, simple et super mignon. T'as choisi toute seule ou l'autre t'a aidée ?

J'analysais la décoration du nouvel appartement de mon amie, en souriant, tandis qu'elle riait à gorge déployée.

Amel - Tu trouves ? Bah dis-toi qu'au départ, je voulais quelque chose de plus rose, de plus « girly », mais bon il ne voulait rien entendre... Tu me diras c'est un peu logique, on est deux à vivre ici. Enfin, du coup, on a dû faire un compromis pour la décoration de tout l'appartement. Par contre, j'ai insisté pour avoir un dressing exclusif, une salle rien qu'à moi, qui me ressemble. Dans l'ancien appartement, c'était ennuyant à mourir, tout blanc, pas de décoration... 'Fin bref, j'suis trop contente là !

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire à mon tour, en voyant à quel point est-ce qu'elle en était fière. J'ai saisi la tasse de thé qui m'était destinée et j'en ai bu une gorgée, avant de la déposer à nouveau sur la table basse. Il y a quelques années, je n'aurais jamais cru que ce jour arriverait, le jour où Amel m'inviterai chez elle, et qu'elle soit mariée et épanouie. On revient de loin, toutes les deux.

- Tu l'as fait, au final, tu as réussi à obtenir la vie que tu désirais tant... Une belle maison, un mari affectueux, un travail qui te plaît. Et dire qu'on a failli perdre espoir en cours de route.

Amel - Tu te souviens, quand on était au lycée, on était tellement innocentes et naïves. J'crois que j'ai honte de celle que j'étais... J'étais si bête, et j'avais tellement perdu espoir de réussir que je pensais à épouser un homme riche. Il faut toujours croire en ses rêves, finalement.

J'ai souri avant de détourner le regard, elle n'a pas tort pourtant ses paroles me laissent un goût amer... Il faut « croire en ses rêves » oui, mais certains sont irréalisables. Parfois se faire une raison est la meilleure option, nous ne sommes pas tous voués à vivre la vie qu'on aimerait mener. Afin de ne pas être trop déçu, il est impératif d'envisager que tout ne se passe pas comme prévu...

Amel - Yahya a finalement été la meilleure chose qui me soit arrivée sur Terre.

- Et dire que ça fait, quoi, huit ans que vous vous connaissez ?

Amel - Oui, déjà. J'en reviens pas, huit ans... Le temps passe si vite, et là, ça va faire deux ans qu'on est mariés.

- La vie que tout le monde voudrait mener.

J'ai souri avant de boire à nouveau une gorgée de thé, en essayant de cacher ma peine.

Amel - Pas tout le monde, non. Ok, c'est vrai qu'il contribue énormément à mon bonheur actuel mais ça ne veut rien dire.

Je l'ai interrogée du regard et elle s'est redressée, en me souriant de manière à me réconforter.

Amel - Je sais que tu te dis que ta vie aurait pu être différente aujourd'hui si tu n'avais pas fait tel ou tel choix mais tu dois arrêter de tout remettre en question. On ne peut pas rester bloqués dans le passé, comme ça. T'as une vie à mener, et un avenir à construire, alors stop... C'est fini les regrets, maintenant.

- ... Amel, j'ai aucun regrets, c'est vrai que je ne vis pas la vie que j'aurais voulu il y a quelques années mais je suis heureuse, enfin, il manque un mari aimant et j'aurais tout ce que je souhaite.

Je me suis efforcée de sourire et j'ai vu dans son regard insistant qu'elle voulait dire quelque chose qui risquait de me froisser. Elle n'a pas à avoir peur de me bousculer, tout ça, c'est du passé... Nous devrions pouvoir en parler, sans être gênées.