Madinah ~ Le reflet de soi-même. [EN CORRECTION]

16.

Madinah.

Kebab / 11 mai 1997 / 16H05.

Je l'ai regardé, les yeux grands ouverts, est-ce qu'il vient de me proposer un rencard ? Je suis restée silencieuse pendant quelques instants, j'avais l'impression que mon cerveau était vide. J'ai mal compris, il n'y a pas d'autres explications. J'attendais qu'il ajoute un "nan je rigole" mais, il ne disait rien. Il me regardait, tout sourire, en attendant que je réagisse. J'ai donc souri, bêtement, avant de lever un sourcil.

- Attends, t'es sérieux ?

Jessim - Ouais, bien sûr. Dinah, j'veux pas passer par quatre chemins : tu me plais. T'es à mon goût, autant physiquement que mentalement, j'aimerai apprendre à te connaître plus sérieusement. J'ai pas envie d'avoir des regrets en te laissant comme ça, je préfère tenter, j'ai plus rien à perdre... Au pire, on n'est pas faits l'un pour l'autre, au mieux on aura peut-être une belle histoire, hein ? Alors, t'es d'accord ?

Il ne plaisante pas. Mon cœur battait irrégulièrement et j'essayais de cacher ma joie mais je pense qu'il avait bien remarqué que j'étais contente. Il me regardait en souriant, droit dans les yeux.

- J'comprends pas 'fin, je te plais ? Mais comment est-ce que c'est possible ? Ça fait combien de temps ? Pourquoi est-ce que tu me dis ça, d'un coup, je... J'comprends rien, là.

Jessim - Je t'observais déjà depuis quelque temps, j'avais un œil sur toi, parce que t'étais la sœur d'Ibtissem. Au début, c'était juste pour m'assurer qu'il ne t'arrive rien et puis on a commencé à parler tous les deux. La première fois qu'on a vraiment discuté, j'me suis dit que c'était dommage de ne pas avoir essayé de te parler avant parce que t'étais intéressante. Avec le temps, j'me suis rendu compte que tu me plaisais parce que j'aime ta manière d'être. T'es pas comme toutes les autres, t'es discrète, tu fais pas de scandales, t'es simple, t'es mignonne... Bref, t'as tout pour toi quoi. Après avoir vu que ta sœur se mariait, j'ai réalisé que j'voulais pas perdre de temps non plus et que le but d'une vie c'est...

Il a marqué une pause et a souri de plus belle.

Jessim - C'est de finir avec une vraie femme, pas n'importe qui, quelqu'un qu'on aime. Tu t'y attendais pas ? J'pensais que tu l'avais remarqué.

Il m'aime ? Et dire que je suis encore incapable de qualifier ce que je ressens pour lui, de son côté, il sait ce qu'il veut et ce qu'il ressent. Je l'admire, il a un degré de maturité différent du mien. J'ai honte d'être aussi perdue face à mes sentiments vis-à-vis de Jessim... Je suis sûre qu'il ne me laisse pas indifférente et je suis heureuse quand je passe du temps avec lui, il m'arrive de me projeter avec lui mais est-ce que c'est ça l'amour ? Si je me souviens de ce que Sam m'a dit, ça a l'air proche... Alors, est-ce que je l'aime ?

- Bah... Ça me choque quand même pas mal oui... C'est la première fois qu'on me dit ça, je ne sais même pas quoi répondre. Je suis flattée, c'est sûr, mais je... C'est tellement soudain.

Jessim - J'comprends t'inquiète, après tu sais j'te mets pas la pression... Tu peux y réfléchir avant de répondre. J'veux juste qu'on apprenne à se connaître dans l'unique but de faire quelque chose de sérieux. J'suis plus un gamin, j'ai pas de temps à perdre. Alors, promets-moi d'y penser, j'attendrai.

Il souriait et je ne savais plus où me mettre, je tentais d'éviter son regard mais je finissais toujours par le croiser. Je ne m'étais jamais rendue compte qu'il pouvait être aussi intimidant. Je pense qu'il a dû remarquer que j'étais mal à l'aise parce qu'il a attrapé mes deux mains comme pour me rassurer. J'ai été surprise mais j'ai essayé de reprendre mon calme, je suis ridicule là. J'ai pris une grande inspiration avant de lâcher ses mains et de répondre.