Le souhait du roi

Chapitre 44

Alors que nous marchions en direction du palais, j'entendis une sorte de cavalcade derrière nous. Ma main toujours dans celle du roi, je me retournai pour comprendre la provenance du bruit et vis une bande d'enfants qui couraient dans notre direction en riant et criant à qui mieux mieux. Je voulus les suivre des yeux alors qu'ils nous dépassaient mais, ce faisant, je perdis l'équilibre. J'échappai à la prise du roi et m'étalai par terre, paumes en avant. En un instant, je me retrouvai au sol avec la main et le genou qui piquaient.

« Ri Ah, est ce que ça va ? » s'inquiéta le roi en me tendant la main pour me relever.

J'ignorai la main secourable et examinait ma paume. Heureusement, elle n'était qu'éraflée. Mon genou me faisait beaucoup plus mal. Je soulevai ma chima pour en avoir le cœur net.

« Qu'est ce que tu fais ? On est en public ! » protesta le roi, l'air gêné de la situation.

Comme je le pensais, mon genou saignait. Ce n'était rien de grave, juste une bonne grosse éraflure, mais ça piquait un peu.

« Tu saignes ! » s'horrifia le roi en remarquant le sang qui perlait. « On va devoir faire un détour chez le médecin. »

« Mais non, c'est rien. » lui répliquai je. « Ça va guérir tout seul. »

J'avais l'impression que la douleur m'avait en partie dégrisée. Peut-être pas totalement mais au moins, le monde ne tanguait plus autant autour de moi. D'ailleurs, je me relevai sans trop de difficulté.

« On ne peut pas laisser ça comme ça. » décida le roi. « Je vais te porter. »

« Non c'est bon, vous m'avez déjà assez portée pour la journée. » déclinai je. « Et comme je le disais, ce n'est rien. Je peux marcher toute seule. »

« Ça pourrait s'infecter. » me retourna-t-il.

Et l'infection, ce n'était pas une bonne idée vu le niveau médical que je supposais. Mais justement, est ce qu'ils n'allaient pas faire pire si je me laissais soigner ?

« Je nettoierai la plaie en rentrant. » tentai je de le rassurer.

« C'est mieux si on pouvait bander, au moins. » raisonna le roi.

« C'est vrai. » concédai je. « Mais je suis fatiguée, je voudrais rentrer. Je suis sure qu'il y a tout le nécessaire au palais. »

« Mais il y a aussi tout le nécessaire en ville. » contra-t-il. « Si tu es fatiguée, je peux aller chercher ce qu'il faut pendant que tu te reposes. »

Je soupirai. Comment est-ce que je pouvais lui refuser alors qu'il avait l'air si soucieux ?

« D'accord, si ça vous rassure. » acceptai je.

« Tiens, assied toi là. » me dit-il en me guidant vers les marches d'une maison qui bordait la route. « Et au passage, tu me dois deux baisers de plus. » me glissa-t-il.

Je levai les yeux au ciel. Il n'en ratait pas une.

« Dépêchez-vous, au lieu de raconter des bêtises. » soufflai je. « Je pense que retrouver mon lit devient urgent. »

« Ce n'est pas du tout une bêtise et on en est maintenant à cinq. » s'amusa-t-il.

Je me pris la tête entre les mains. Mais qu'est ce qui m'avait pris d'accepter de sortir avec le roi ?

Il finit quand même par partir et je me retrouvai seule, à regarder les gens qui passaient. Des enfants qui jouaient, des couples à l'air béat, des groupes de jeunes filles ou de jeunes hommes qui plaisantaient entre eux...