Le souhait du roi

Chapitre 63

Je me levai un peu à contrecœur, déjà lassée. Pas que je n'appréciais pas le roi mais... Je pourrais peut-être plus l'apprécier s'il n'était pas roi, justement. Et qu'il n'était pas au centre des obligations que me donnait le premier ministre Choi. Et ce soir, justement, j'avais la tâche difficile de le persuader de m'épouser malgré les difficultés, tout en étant subtile et alors même que je n'en avais aucune envie. Si j'avais pu avoir la certitude de pouvoir rentrer chez moi rapidement, j'aurais tout envoyé balader mais, même si je n'en avais pas envie, je devais envisager le scénario le plus pessimiste, celui selon lequel je ne pourrais jamais revenir dans mon présent et resterai vivre ici jusqu'à ma mort. Et ben justement, je devais travailler pour que celle-ci ne soit pas trop précoce. Mais je n'aimais pas ça. Parce que je ne voulais pas agir au contraire de mes sentiments et parce que je ne voulais pas arnaquer quelqu'un avec des sentiments. Peut-être que le roi n'avait aucun problème avec le concept de polyamour et peut être même avec celui d'amour à sens unique mais je n'aimais pas le fait de devoir être fausse avec lui.

« Tu n'es pas obligé d'y aller, tu sais ? » me dit Yeo Sang qui avait dû voir ma mine déconfite. « Maintenant que tu vas être fiancée au prince Seong Hwa et que ça a été validé par le roi lui-même -que ça ait été contre sa volonté ou non-, tu peux légitimement arguer que tu n'as pas à te retrouver tard le soir avec un autre homme que celui qui t'est promis, même si c'est le roi. En plus, si tu y penses logiquement, ce serait même mauvais pour toi et pour lui que vous vous voyiez seuls, que ça se sache ou pas. Parce que ça pourrait créer des conflits entre le roi et le prince Seong Hwa et dans ce conflit, ce serait le roi qui serait en tort et qui porterait préjudice au prince, ce qui mettrait son statut royal en défaut et qui pourrait créer une crise au sein du palais, surtout quand on sait que les deux sont déjà opposés. Enfin, ce que je veux dire, c'est que c'était le prince Seong Hwa qui était destiné à être roi au début et qu'il a encore des soutiens qui seraient surement prêts à saisir le moindre scandale pour le relégitimer, à supposer que ce soit possible. Et soyons honnête, ce n'est pas comme si le roi menait une politique prospère. Il y a beaucoup de mécontents dans la population. Et j'en sais quelque chose puisque je vis à l'extérieur du palais. Et puis pour toi, c'est aussi une mauvaise chose parce que le prince Seong Hwa pourrait supposer que le roi t'a ravi ton honneur et à partir de ce moment-là, il pourrait refuser de t'épouser. Je sais bien que ce n'est pas quelque chose qui t'inquiète mais s'il refuse de t'épouser pour ces raisons, ça veut dire que personne ne voudra jamais t'épouser et à partir de ce moment-là, tu deviendras complètement inutile pour le premier ministre Choi. » me dit-il en une tirade sérieuse mais rapide.

« Premièrement, tu as le droit d'aérer ton discours. » ne pus je m'empêcher de lui faire remarquer. « Parce que tu donnes beaucoup trop d'informations en peu de temps. Et ensuite, je n'ai pas vraiment le choix, si je ne convaincs pas le roi de ne pas abandonner l'idée de m'épouser, je deviens de toute façon inutile pour le premier ministre Choi. Et je crois que tu as bien compris ce que cela impliquait. »

« Sauf que lorsque tu seras fiancée au prince Seong Hwa, tu seras sous sa protection et il ne laissera jamais aucun mal t'arriver. C'est une question d'honneur, tu sais ? Et puis moi, je serais toujours là. Parce que Jong Ho restera toujours ton frère et qu'il ne permettra jamais que tu sois en danger s'il peut l'éviter. J'ai ordre de te protéger contre n'importe qui qui te voudrait du mal, y compris le premier ministre Choi. » m'indiqua Yeo Sang.

Je levai les yeux au ciel.

« Et tu feras quoi quand Jong Ho voudra que tu me tues à la place ? » lui demandai je.

Je ne pensais pas que Jong Ho puisse ordonner ça un jour mais je voulais faire comprendre à Yeo Sang que je ne pouvais compter que sur moi-même. Les protections des uns et des autres étaient conditionnées à leurs intérêts et ils pouvaient changer. Ma priorité personnelle serait toujours ma vie.