Le souhait du roi

Chapitre 132 bis

Je m'étais levé tôt et m'étais apprêté avec assez de soin pour me prendre une nouvelle remarque moqueuse de la Piri. Pour elle, je faisais ça pour bien paraitre devant Ri Ah. Et je ne pouvais pas lui donner tort.

Le fait était que la veille, j'avais lâchement fui ses jardins en y trouvant Yun Ho. C'était trop dur pour moi de supporter sa présence. Il ne m'avait jamais rien fait personnellement et je ne doutais pas qu'il puisse être d'une grande aide pour San mais... Son être me répugnait, c'était comme ça. Il aurait fallu que je puisse faire quelque chose à son sujet mais je ne savais pas comment m'y prendre. Alors je l'évitais juste lâchement. Pire que ça, j'avais laissé Ri Ah se débrouiller avec lui, toute seule. La concubine ne comptait pas. J'étais vraiment le dernier des abrutis.

Mais j'allais me rattraper. Ces derniers temps, j'avais quand même beaucoup fui ses jardins sous différents prétextes et je n'avais pas envie qu'elle pense... Je ne savais pas ce qu'elle pensait de moi mais ça ne devait pas être bien glorieux.

« Ton attitude n'est pas très glorieuse non plus. » commenta cruellement la Piri.

Elle avait raison. Je reculai devant la moindre petite difficulté en laissant Ri Ah livrée à elle-même malgré la responsabilité que j'avais envers elle. Et elle, elle faisait front devant tout alors que son âme était brisée. Et moi, je la laissais comme ça, juste parce qu'elle était entourée de gens qui... Juste parce qu'elle était entourée de gens, en fait.

« Pauvre petit prince qui ne peut pas sortir de sa cachette. » railla encore la Piri.

Oui... C'était l'habitude que j'avais prise. Me cacher, ne pas me mêler de ce qui ne me regardait pas. Rester toujours au même endroit. Et c'était une inclination vers laquelle je tendais toujours, par habitude. Sauf qu'aujourd'hui, je me rendais compte que la seule chose à faire contre la Piri, c'était de faire autrement. Elle pouvait me brider sur plusieurs choses mais elle n'avait pas tout pouvoir sur moi. Quand je m'éloignais d'elle, je gagnais en marge de manœuvre sur le plan spirituel. Bien sûr, c'était au détriment de la sécurité que représentait ma proximité avec elle. Comment être sûr qu'elle ne réussirait pas à attirer n'importe qui à elle pour la libérer pendant mon absence ? Seulement, si je voulais aider Ri Ah, je devais prendre ce risque.

« Qu'est-ce que l'amour ne vous fait pas faire~ » chantonna l'esprit, l'air très contente d'elle.

Elle me rappelait douloureusement au passage le tour qu'elle m'avait joué en créant mes sentiments pour Ri Ah. Savoir que ça venait d'elle... ça me faisait souffrir bien plus que de raison. Et malgré tout, je ne pouvais pas empêcher mon cœur de battre pour elle. Ce n'était pas quelque chose que je pouvais contrôler. Il n'y avait que mes réactions que je pouvais contrôler, pas mes émotions. Et cela me déchirait le cœur.

Ces pensées devaient réjouir la Piri parce que je l'entendais ricaner en arrière-plan tandis que je me pressais de quitter ma demeure.

Une fois un peu plus loin, je respirai mieux. La présence de la Piri n'avait jamais été agréable mais je m'y étais habitué. Cependant, en ce moment, elle était oppressante. Elle trouvait toujours les mots pour me faire souffrir et aller chez Ri Ah était comme une bouffée d'air frais pour moi. Quand j'osais y rester.

Cependant, mon inconfort m'avait fait quitter mon pavillon un peu tôt et j'étais en avance par rapport à d'habitude. Tant pis. Je pourrais sans doute voir Ri Ah seule un peu plus longtemps. Même si la concubine favorite de San n'était pas pire que la Piri, elle était aussi le genre de personne à aimer voir les autres mal à l'aise et elle ne se privait pas de provoquer la gêne chez moi. J'avais résolu que moins je la voyais, mieux je me portais. Malheureusement, elle était une des conditions pour voir Ri Ah. Je devais donc m'en accommoder. Mais voler quelques minutes sans sa présence était faisable et bienvenu. D'autant plus qu'il fallait absolument que je jauge son état de désespoir et trouve un moyen de l'aider à ce niveau-là.