Chapitre 60

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Avant que nous nous séparions, le prince Woo Young m'avait indiqué un chemin pour sortir de sa propriété par les jardins. La raison était qu'il voulait éviter que l'esprit ne me reparle si j'approchais de nouveau du pavillon. Je ne savais pas si je devais trouver ça simplement prudent de sa part, dans la mesure où il ne me connaissait pas et qu'il préférait sans doute que je ne sois pas tentée d'écouter l'esprit plutôt que lui, ou suspect. Après tout, je ne connaissais pas le sujet et si lui me disait que l'esprit avait essayé de me manipuler, rien ne disait que ce n'était pas lui qui était en train de le faire. Pour quelqu'un qui avait ignoré toutes mes invitations, il s'était montré plutôt sympathique, au final. De toute façon, tout me paraissait suspect. Difficile de faire confiance à qui que ce soit par ici.

Dans tous les cas, si je devais retenir un point important dans tout ça, c'était que les esprits existaient bien et que je changerai probablement le passé si j'y touchais aussi, même s'ils n'existaient plus dans mon présent. Donc dans tous les cas, je ne pouvais pas libérer l'esprit. Dans ces conditions, si le prince ne voulait pas que je lui parle, et bien, tant pis. Plus qu'à espérer qu'il allait vraiment m'aider.

« Dommage que le prince des peureux n'ait pas pensé que tes aptitudes dépassaient largement les siennes. » ricana une voix de petite fille, dans ma tête.

Je me figeai, surprise. C'était la voix de l'esprit qui m'avait parlé près du pavillon mais elle avait tellement changé de registre qu'elle en était presque méconnaissable. Les accents tristes et désespérés avaient laissé place à des notes ironiques et moqueuses, plus chantantes et plus aigues à la fois. C'était tellement différent que je me demandai pendant un instant si ce n'était pas une autre entité.

« Oooh... Lia... » chantonna l'esprit, sans aucune trace d'accent en prononçant mon prénom. « Ne te fais pas plus stupide que tu ne l'es déjà. L'ignorance est pardonnable mais la bêtise... » poursuivit elle d'un ton condescendant.

La manière dont elle me parlait n'avait vraiment plus rien à voir avec précédemment. Ce n'était plus une petite fille victime d'abus mais une entité arrogante voire malveillante.

« Oh. Je suis navrée que tu le prennes comme ça. » dit la Piri, l'air ennuyé. « Mais il n'y avait rien de malveillant dans mes actions. Quel mal y a-t-il a essayer de recouvrer ma liberté ? »

Et sur ce point, elle avait raison. Mais elle avait essayé de m'embobiner pour que je la libère au lieu de me dire la vérité. Elle s'était fait passer pour ce qu'elle n'était pas.

« Vraiment ? » demanda-t-elle, moqueuse. « Pourtant je n'ai pas menti. »

C'était perturbant d'avoir quelqu'un qui répondait à la moindre de ses pensées. A ce compte-là, je pouvais me demander depuis quand elle pouvait surveiller ce que je pensais et ce qu'elle savait sur moi.

« Absolument tout. » me répondit la Piri. « Depuis le moment où tu as mis les pieds à Joseon. Comme je sais absolument tout ce qu'il y a à savoir sur tous les résidents de ce palais. » se vanta-t-elle.

Je grimaçai. C'était de mieux en mieux. Mais au moins, maintenant je savais que c'était le prince Woo Young qui avait raison et que l'esprit avait essayé de m'avoir. Très bien. Je n'avais pas besoin de parler à une énième personne qui voulait juste se servir de moi. Je décidai de reprendre mon chemin.

« Ne t'éloigne pas tout de suite. » me demanda l'esprit. « Tu es forte, mais pas autant. Au-delà des jardins, tu ne pourras plus entendre la proposition que j'ai à te faire. »

Cette fois ci, son ton était sérieux et j'hésitai.

« Quelle proposition ? » demandai je.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant