Chapitre 43

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Nous marchâmes en silence pendant quelques minutes. Il me semblait que le roi serrait un peu plus ma main, comme pour me consoler. Je me rendais compte qu'il ne m'avait même pas demandé pourquoi j'avais pleuré. Il avait juste essayé de me faire penser à autre chose. C'était reposant.

Après quelques instants, nous arrivâmes près d'un pont en bois bordé de barrières peintes en rouge. Il était soutenu par des colonnes faites de gros blocs de pierres blanches qui baignaient dans le cours d'une petite rivière. Sur celle-ci, des sortes de lanternes en forme de fleur glissaient au fil de l'eau, créant une illumination mouvante. Effectivement, c'était très joli.

« Viens par-là ! » me dit le roi en me tirant sur la berge. Pas loin du pont, il y avait plusieurs petits étals installés avec des personnes qui semblaient fabriquer les petites lanternes qu'on voyait flotter sur l'eau.

Très rapidement, je me retrouvai avec une fleur rose dans les mains tandis que le roi en avait une jaune. Le vendeur à qui il les avait achetés nous invita à prendre un papier sur une autre table et à nous servir de l'encrier qui y était posé. Je regardai le roi avec l'air interrogateur.

« Il faut que tu écrives un souhait. » me renseigna-t-il. « Tu le glissera dans ta lanterne et nous la mettrons à l'eau. Plus la lanterne ira loin, plus tu auras de chance qu'il se réalise. »

Je retins un soupir. J'avais bien besoin qu'un de mes vœux se réalise. Mais je ne croyais pas du tout au pouvoir d'une lanterne.

« Si tu ne sais pas écrire, tu peux aussi dessiner ce que tu souhaites. » m'encouragea-t-il, ciblant mal mon absence de réaction.

Je levai les yeux au ciel.

« Je sais écrire. » lui assurai je. « Mais à une seule main, c'est compliqué. »

« Tu n'as pas besoin de tes deux mains pour tracer. » me contredit-il.

« Vous êtes fatiguant. » soufflai je. « J'ai besoin de la deuxième main pour tenir mon papier et écrire droit. »

« Et toi, tu me dois un baiser. » sourit-il, sautant sur l'occasion.

Zut. J'avais encore oublié.

« Est-ce que tu penses que ce serait possible de me rendre ma main pour quelques minutes, San ? » lui demandai je donc avec une politesse un peu hypocrite.

« Bien sûr mais... Pas contre rien. » me répondit-il, victorieux.

« Je dois toujours tout marchander avec v... Toi ? » exhalai je.

« Je pourrais dire la même chose. » me retourna-t-il.

« Uniquement parce que vous en demandez trop et trop vite. » lui répondis je du tac au tac.

« Toi aussi tu m'en demandes beaucoup. » répartit-il. « Et tu me dois deux baisers. »

« Je ne pense pas que ce soit trop de te demander de me lâcher la main cinq minutes. » raisonnai je.

« Vu le temps que nous pouvons passer ensemble, ça l'est. » me contredit-il.

« Bon. Qu'est-ce que tu veux en échange de ma main ? » soufflai je.

Je n'allais pas encore parlementer pendant trois ans.

« En échange, je ne veux plus que tu me dises non de la soirée. » lança-t-il gaiement.

« Premièrement, je ne vous ai jamais dit non ce soir et deuxièmement, c'est la porte ouverte à tout. »

« Je t'accorde que ce ne sont pas des « non » francs et nets. » posa-t-il. « Mais de la même manière que juste maintenant, tu atermoies et tu refuses à moitié et on doit parler pendant des heures. Laisse-toi guider un peu, tu pourrais trouver ça agréable. »

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant