Le souhait du roi

Chapitre 21

Quand la reine nous libéra enfin, je sortis d'un bon pas, suivie par Geun Rye et Hong Sim, un pas derrière moi, bien déterminée à m'éloigner le plus vite possible. Il était temps de dépenser mon temps de manière plus utile. Malheureusement, je n'eus pas le temps de réfléchir à ce que j'allais pouvoir faire de ce temps libre car je me fis interpeler tout de suite en sortant de la résidence de la reine.

« Ri Ah ? » m'appela Hyo Myeong.

Oh non... J'aurais voulu pouvoir vaquer à mes occupations et surtout, de toutes les concubines, j'aurais voulu éviter de devoir trainer avec celle qui était en guerre ouverte contre la reine. En plus, je supposais qu'elle n'en était pas à son coup d'essai vu comme la reine avait eu l'air de s'énerver rapidement.

Malgré ça, j'imaginais bien qu'il n'était pas considéré comme poli que je l'ignore et c'était la favorite du roi. Elle devait avoir un statut un peu particulier. Je me tournai donc vers elle en attendant qu'elle me dise ce qu'elle voulait.

« Je dois avouer que vous m'intriguez. » me lança-t-elle en arrivant à ma hauteur.

« J'intrigue beaucoup de monde, apparemment. » lui répondis je. « Peut-être parce que je suis une étrangère ? » supposai je avec une pointe d'ironie.

Hyo Myeong éclata de rire. C'était troublant de constater à quel point elle était l'antithèse de la reine. Les deux étaient des femmes magnifiques mais la reine était une beauté froide tandis que Hyo Myeong rappelait la chaleur naissante du printemps.

« C'est vrai. » approuva Hyo Myeong. « Mais ce n'est pas la raison pour laquelle je vous trouve intrigante. » me révéla-t-elle.

Je haussai un sourcil.

« Je dois avouer que San ne m'a jamais parlé d'aucune autre femme avant vous. » lança-t-elle, l'air réjoui.

Impossible de savoir si elle l'était vraiment ou si son sourire était faux.

« Est-ce vrai que vous lui avez demandé d'attendre un mois avant de devenir sa concubine ? »

Ah. Mais que passait il par la tête de ce roi dégénéré ? Comme il n'avait pas eu ce qu'il voulait avec moi, il était parti calmer sa frustration chez une de ses concubines et lui avait parlé de moi pendant l'action ou c'était comment ? Mais autant mettre les choses au clair tout de suite. Je n'avais pas plus envie d'être l'ennemie d'une concubine que de la reine.

« Je n'ai jamais dit que j'accepterai. » lui fis je alors remarquer.

« Oui... Vous voulez apprendre à le connaitre à ce qu'il m'a dit. Vous voulez qu'il vous séduise. Mais c'est le roi. Vous ne trouvez pas ça un peu arrogant de votre part ? » me demanda-t-elle avec un air entendu.

« Vous préféreriez que j'accepte sans réfléchir ? » lui demandai je en retour. « Ça ne m'intéresse pas de faire partie de sa collection. »

Parce que c'en était une. Toutes les concubines étaient extrêmement belles et la reine aussi. Pas de doute, il savait les choisir. En comparaison, j'étais banale. Mais voilà, j'étais différente. Une rareté à mettre sous cloche. Je ferais certainement très joli dans son harem.

Hyo Myeong rit encore plus fort.

« Il n'y a pas de doute, vous êtes unique. » s'amusa-t-elle. « Mais je m'interroge. A ce que je vois, vous n'êtes pas intéressée par San. Pourquoi lui donner une échéance d'un mois au lieu de l'éconduire ? D'autant qu'il est peu concevable que votre... Père... Vous laisse devenir concubine, même celle du roi. »

Effectivement, c'était suspect. Et je n'avais rien à répondre à ça. Quelle excuse pouvais-je même inventer ?

« Je dois vous mettre en garde. » reprit elle, un peu plus sérieusement mais sans se départir de son sourire. « Vous aurez sans doute remarqué que San, malgré son statut de roi, est quelqu'un de quelque peu... Innocent. » prit elle le temps de choisir ses mots. « Pour une raison qui m'échappe, il semble vous apprécier plus qu'il ne le devrait pour quelqu'un qu'il connait à peine. Je vous saurais gré de ne pas jouer avec ses sentiments. Il doit se consacrer à son peuple, vous savez. Ce n'est pas le genre de personne que vous pouvez blesser sans raison. »