Chapitre 137

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J'avais passé le reste de la distribution dans un état second. Perdue dans mes tristes considérations, je n'avais plus fait que remplir les bols de manière mécanique sans faire attention à autre chose.

Ce que je venais d'apprendre m'avait assommée. Aucune des avancées que je pensais avoir faites n'avait de réalité. Tout ce que je pensais acquis était en fait bien loin d'être résolu. Je devais tout reprendre depuis le début. Et je n'avais pas le temps pour ça. Je m'étais déjà blessée, moi et Jong Ho, pour gagner plus de temps sans savoir si cela me serait effectivement utile étant donné mes tâtonnements sur la situation. Mais au moins, je pensais aller dans le bon sens.

Ça avait dû être tellement drôle pour la Piri de me voir me fourvoyer à ce point... C'était insupportable de l'imaginer rire en me voyant me débattre aussi désespérément vers une voie sans issue.

Malgré les regards inquiets que me lançaient parfois les concubines, nous menâmes l'opération jusqu'au bout, et ce même si mon esprit était déjà parti ailleurs. Cela dura toute la matinée jusqu'en début d'après-midi.

Mais si je pensais que, mon devoir accompli, je pouvais rentrer tranquillement au palais pour me morfondre sur mon sort en paix, j'en fus pour mes frais.

Après avoir tant travaillé -quelques heures dans l'année, c'était éprouvant-, les concubines s'étaient mises en tête de flâner sur le marché. La tête impayable de Min Gi à cette demande m'aurait fait rire si je n'avais pas été au bord du désespoir. J'avais bien vu qu'il voulait absolument refuser mais les concubines faisaient bloc. Qu'est-ce qu'il pouvait faire, lui, tout chef de la garde qu'il était, contre la demande insistante de onze femmes ? Oui, je ne me comptais pas dedans, je voulais aussi rentrer.

A mon grand dam, il dut réorganiser la sécurité mais rendit cela possible.

Nous restions sous bonne escorte et le tout-venant ne pouvait pas s'approcher de nous au hasard mais nous pouvions passer devant les étals avec des marchands ravis d'attirer une si riche clientèle. Ça ne devait pas leur arriver tous les jours.

Pour ma part, honnêtement, je ne regardais pas vraiment ce qui était exposé. J'étais bien trop occupée à réfléchir. Si le vœu du roi -du moins celui qui m'était lié- n'était pas le véritable amour, je n'avais plus à le chercher parmi les concubines ou à stresser que ce puisse être la reine. Ou même à angoisser que ce puisse être moi, comme certains avaient essayé de me le suggérer. Oui, j'avais bien compris l'allusion. J'avais délibérément refusé de l'envisager parce que ça bloquait la situation. Heureusement, cela n'avait plus d'importance.

Mais si les choses étaient ainsi, alors quel était le souhait du roi ? Est-ce qu'il y avait un rapport avec son rôle de souverain ? Est-ce que ce pouvait être de récupérer la mainmise sur le pouvoir royal qui semblait lui échapper ? Il avait dit vouloir faire tomber le premier ministre Choi avec moi mais en refusant de me donner des détails. Et je n'avais pas insisté car j'avais encore l'espoir à ce moment-là de ne pas faire partie du futur qu'il envisageait. Et si j'étais dans ce cas de figure, est ce que ça voulait dire qu'épouser le roi était la seule solution pour l'aider à réaliser son vœu ? Ou est ce qu'encore une fois, je me perdais en vaines conjectures et que son souhait n'avait aucun rapport ?

« Vous devriez profiter de l'occasion pour trouver un présent à votre futur époux. » me suggéra Jan Yi, interrompant mes pensées lugubres.

« Je ne sais pas si les babioles qu'on peut trouver sur un marché comme celui-ci peuvent convenir à un prince. » essayai je de me défiler, sans trop réfléchir.

« Puisqu'il va être votre mari, il sera heureux de porter quelque chose qui vienne de vous. » rêvassa-t-elle. « La valeur de l'objet sera plus sentimentale qu'autre chose. »

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant