Chapitre 15

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Pendant le banquet, je pus me rendre compte que finalement, les repas que j'avais pu prendre chez Jong Ho n'étaient pas si extravagants. Je n'aurais même pas su compter à combien d'accompagnements nous avions eu le droit. Même si j'aurais voulu goûter à tout -après tout, ça sortait de cuisines royales-, je jouai la sécurité en ne prenant que ce que j'étais sûre de pouvoir attraper avec les baguettes, et encore... Je vis même le roi me jeter des coups d'œil amusés tandis que mon père d'adoption manifestait plutôt un agacement contenu. Clairement, je ne correspondais pas à ses attentes sur ce point.

Pour la conversation, je n'échangeai que deux ou trois banalités sans substance avec le roi et passait le reste du temps à écouter les ministres parler et plaisanter sur la politique. Les reines, quant à elles, se contentaient de manger en silence. Vu les œillades que me lançait le roi, il devait avoir envie de me parler de choses un peu plus intéressantes, comme par exemple les différentes versions de mon histoire. Mais comme moi, il semblait préférer attendre que nous soyons moins entourés, ce qui me rassurait. A vrai dire, je pensais être en sécurité de ce côté-là, au moins le temps que je resterais un objet de curiosité pour lui. S'il avait voulu se débarrasser de moi, il n'aurait eu qu'à m'exposer sur le champ ou alors donner un simple ordre. Si le père de Jong Ho devait passer par l'assassinat pour m'éliminer, je doutais que le roi ait besoin d'user de ce stratagème si ma tête ne lui revenait pas. Mais à la place, pour le moment, je semblais l'intriguer.

Vu ce que j'étais censée faire, c'était plutôt un avantage. Encore fallait-il que je maintienne son intérêt, ce qui me semblait improbable, d'autant qu'avec la bonne douzaine de concubines que j'avais dénombrée, il ne devait pas manquer d'occupation.

Même si j'avais été soulagée en constatant que le roi n'était pas le vieux pervers dégueulasse que j'avais imaginé étant donné qu'il ne devait avoir que quelques années de plus que moi, je gardais quand même à l'esprit qu'il avait un harem assez conséquent. Je devais avouer que cet aspect-là me rebutait un peu. Mais pour l'instant, je ne devais que le séduire. Si j'avais de la chance, je trouverais le moyen de revenir à mon époque avant que le premier ministre m'en demande plus.

A la fin du repas, les ministres ainsi que les concubines semblèrent quitter la salle assez rapidement pour aller vaquer à leurs occupations habituelles. Festivités terminées, je ne valais tout de même pas plus que quelques heures. J'étais pratiquement sûre que n'importe quel autre invité en aurait été insulté. Pour ma part, j'étais plutôt soulagée. Moins j'étais entourée, moins j'avais d'yeux posés sur moi, moins je risquais de commettre d'impair.

En se levant, le roi fit un signe et aussitôt, l'homme de grande taille aux habits sobres arriva près de nous.

« Ri Ah, je te présente Yun Ho. » me dit le roi. « C'est mon ami et intendant. Il va te guider pour aujourd'hui. »

Je levai la tête vers lui. Il avait des cheveux et des yeux noirs, comme pratiquement tout le monde, et affichait un air neutre mais plutôt gentil. Il tourna la tête vers moi pour me détailler de plus près et fronça les sourcils en reculant d'un pas.

« C'est que... J'ai d'autres obligations, votre altesse. » tenta-t-il.

« Tu es celui en qui j'ai le plus confiance. » répliqua le roi. « Et cette demoiselle doit être installée au palais. Trouve lui un logement. Ne la met pas au pavillon des invités, il lui faut quelque chose de plus permanent comme elle risque de rester un moment. Pourquoi pas le Pavillon du Soleil ? ça semblerait approprié. »

« Vous êtes sûr ? C'est... »

« Il est inhabité depuis trop longtemps. Il est temps que quelqu'un occupe de nouveau les lieux. » trancha le roi.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant