Chapitre 122

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Je me réveillai vers la fin d'après-midi si j'en jugeais par la luminosité. Le répit avait été de si courte durée... Je me sentais lucide. Peut-être trop. Surtout, je me sentais seule comme si le monde m'avait abandonnée.

« Yeo Sang ? » appelai je, le cœur serré.

Il n'y eut aucune réponse. L'air sembla s'alourdir autour de moi. Peut-être était-il dehors ? Je devais quitter cette pièce beaucoup trop vide. Je me levai péniblement. J'avais une impression d'étrangeté, comme si le monde avait décidé de changer sans qu'il en ait l'air. Il y avait du bruit mais je n'entendais que le silence. Il y avait de la lumière mais je ne voyais que l'obscurité. Il faisait chaud mais j'avais froid.

Je quittai la pièce aussi vite que je le pouvais. En descendant les escaliers du pavillon, j'appelai à nouveau.

« Yeo Sang ? »

Mais personne ne répondit. Ma tête commença à tourner alors que j'avais le terrible pressentiment que toutes les personnes vivantes de ce monde avaient disparu en me laissant derrière.

« Ton serviteur n'est pas là ? » demanda pourtant une voix, au bout de quelques instants.

Mon cœur se serra de joie et d'appréhension mêlée. Quelqu'un était là. Mais ce pouvait être quelqu'un de dangereux. Yeo Sang avait disparu. Mes pensées devinrent incohérentes jusqu'à ce que je voie le prince de Silla -qui était visiblement allongé à plat dos sur le pyeongsang- se redresser.

Des émotions contradictoires m'assaillirent. D'abord de la lassitude. Je n'avais pas la force de le gérer aujourd'hui. Mais étrangement, aussi de la gratitude. Je n'étais pas seule ici. Il y avait quelqu'un d'autre. J'avais même envie de lui saisir les mains pour m'accrocher à cette présence.

« Qu'est ce que vous faites ici ? » lui demandai je plutôt, refoulant avec difficulté cette pulsion irréfléchie.

« Je venais te parler. » répondit-il. « J'ai dû attendre longtemps. C'est ta conversation avec ton frère qui t'as fatiguée à ce point ? » s'enquit-il.

Je grimaçai et regardai autour de moi. Il n'y avait ni trace de Yeo Sang, ni trace de mes servantes. Je savais que le roi m'avait demandé de me tenir écarté de lui et objectivement, j'aurais apprécié lui obéir pour tout un tas de raisons. Seulement, dans la situation actuelle, je ne voyais pas bien comment faire en plus de ne pas en avoir vraiment l'envie.

« Vous m'espionnez ? » l'interrogeai je à la place.

« Je venais seulement te parler. » assura-t-il. « Je suis juste arrivé au mauvais moment. J'ai appris que tu cherchais une chamane ? » se permit-il.

« Vous avez quand même écouté la conversation. » l'accusai je.

J'étais un peu embêtée. Je ne me rappelais pas distinctement de ce qu'il avait dit mais je me rappelais que Yeo Sang avait été bavard après le départ de Jong Ho. Comme d'habitude. Je ne voulais pas que le prince Hong Joong en sache trop sur moi. J'imaginais que s'il avait un quelconque moyen de pression, il l'utiliserait sans se poser de question. A vrai dire, j'étais certaine que s'il jouait la carte de la sympathie, c'est qu'il n'en avait pas d'autre.

« J'ai entendu ce qui se disait quand je suis arrivé, oui. » affirma-t-il. « Et je suis reparti pour revenir à un moment plus opportun. Mais quand je suis revenu, tu dormais. L'heure suivante aussi. Et l'heure d'après également. C'était ma dernière tentative. » m'apprit-il. « Finalement, j'aurais dû écouter la fin de la conversation pour savoir ce qui t'a épuisée à ce point. » regretta-t-il.

Je soupirai. En plus de tout, il avait un vrai comportement de harceleur. Malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de lui être reconnaissante d'être là en cet instant précis même si je ne l'aurais jamais avoué à personne.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant