Chapitre 103 bis

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Ae Weol me servit un thé vert, comme il était de coutume dans la matinée. Je ne dérogeais pas à mes habitudes. Mais malgré mon calme apparent, j'étais préoccupé.

Ce n'était pas dans les habitudes de San de m'envoyer son intendant plutôt que de me parler des choses lui-même. Surtout qu'il avait bien remarqué que nous ne nous appréciions pas spécialement lui et moi, même si je ne lui avais jamais fait part de ce qui provoquait mon animosité envers lui.

Et pourtant, l'intendant Yun Ho avait bien été chargé de me faire savoir que je devais me rendre chez Ri Ah rapidement pour lui enseigner les manières de la cour. Pour en arriver à de telles extrémités, la décision avait dû être prise rapidement, probablement du jour au lendemain.

Je n'avais aucun doute sur le fait que Ri Ah le convaincrait vite d'organiser ces réunions mais j'imaginais que San viendrait me voir en premier lieu pour s'assurer que j'aie bien compris que je n'étais autorisé à poser les yeux sur elle que pour lui apporter mon aide. San savait se montrer possessif quand quelque chose lui tenait à cœur. Et en ce qui concernait Ri Ah, il était tout à fait probable qu'il reste méfiant tant qu'il n'aurait pas la certitude absolue qu'il n'y avait aucun danger qu'on la lui vole.

Donc le fait que je n'aie pas eu le droit à cette visite préalable laissait à présager qu'il y avait un problème urgent ou en tout cas, un problème que San avait dû trouver très visible, ce qui n'était pas une bonne nouvelle du tout.

Pour être concerné, je savais que les dons spirituels pouvaient s'avérer dangereux pour leurs porteurs et surtout, se déclencher n'importe quand, ce qui n'était pas très agréable en plus de pouvoir être inopportun. En ce qui me concernait, j'avais jugulé le problème en m'isolant dans mon pavillon et en réduisant le plus possible les contacts. Puisque mon don n'était pas stimulé, il se manifestait moins fréquemment. Mais Ri Ah ne jouissait pas d'une position aussi pratique que la mienne et ne pouvait pas se permettre de garder tout le monde à distance. Dans ces conditions, elle devait surement s'épuiser rapidement. Je redoutais un peu l'état dans laquelle j'allais la trouver.

Il fallait absolument que je trouve un moyen de lui venir en aide et de réintégrer son monde avant qu'il ne lui arrive quelque chose d'irréversible. Parce que c'était la Piri qui l'avait amenée ici et que par conséquent, ce qui lui arrivait était de ma faute et de ma responsabilité.

« Se sentir coupable ne suffit pas. » railla la Piri. « Encore faut-il assumer ses responsabilités. Comment serait-ce possible pour quelqu'un qui ne sait rien faire d'autre que fuir ? » se moqua-t-elle encore.

Je l'ignorai royalement. Si elle essayait de me démoraliser, c'était parce qu'elle avait bien compris que cette fois ci, justement, je comptais bien agir. Mon rôle était de protéger le monde de la Piri. Jusque-là, la stratégie la plus efficace avait été de l'en isoler avec moi pour gardien. Mais malgré tout, elle avait réussi à atteindre Ri Ah. En tant que victime de l'esprit malveillant, je me devais de tout tenter pour rectifier la situation.

« D'autant plus que c'est une jeune et jolie demoiselle en détresse. » rit la Piri. « Et très à ton goût. » appuya-t-elle.

Je secouai la tête sans vraiment y penser. La Piri avait tout faux. Ri Ah faisait partie d'un autre monde et j'en avais bien conscience puisque je voulais essayer de l'aider à y retourner. En prenant cette donnée en considération, il aurait été tout à fait stupide d'imaginer construire quelque chose avec elle. Et quand bien même elle aurait été destinée à rester à Joseon, San en était fou amoureux. C'était trop important pour lui pour que je songe à interférer de la sorte.

« Tu as bien raison d'y renoncer. » pouffa la Piri. « Peu importe ce qui se passera dans le futur, elle ne sera jamais, absolument jamais à toi. » énonça-t-elle comme une certitude absolue.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant