Chapitre 45

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Avant que nous repartions, j'avais laissé le roi me bander le genou. Il avait aussi voulu y appliquer une sorte de pommade ou cataplasme censé aider la cicatrisation mais j'avais refusé qu'il mette ce truc à l'hygiène douteuse sur ma plaie. Au moins, cette fois ci, il n'avait pas plus insisté que ça et maintenant, nous étions devant la porte du jardin du pavillon du soleil, en train de vérifier que la rue était bien déserte. Enfin... Moi je vérifiais que la rue était déserte et le roi cherchait dans ses manches pour sortir la clé.

« Je crois que c'est bon, là. » m'impatientai je au bout d'un moment. « Y'a absolument personne. »

« Encore une minute. » me répondit-il en fouillant toujours dans ses manches.

Je le regardai farfouiller dans ses habits avec un air blasé.

« En fait, vous avez perdu la clé ? » demandai je avec un calme apparent.

Alors là, si j'étais coincée avec le roi en dehors du palais, je n'osais même pas imaginer les conséquences.

« Alors... Il se pourrait bien que oui. » me dit-il, l'air gêné.

Je ne répondis rien. Mais c'était surtout que j'avais l'impression que si j'ouvrais la bouche, j'allais éclater en sanglots. C'était trop d'émotions pour ce soir. Il s'était plus passé de choses en une soirée que pendant toute la semaine. J'en avais marre.

« Pas de panique. » me dit le roi en reprenant ma main qu'il avait lâchée pour chercher la clé. « Je connais un autre passage. »

« Vraiment ? » demandai je d'une voix blanche.

« Bien sûr. » affirma-t-il avec un sourire rassurant. « Je suis le roi, j'ai grandi dans le palais, je le connais par cœur. »

Je préférai ne pas répondre et me contentai de le suivre. Au moins, il avait l'air de savoir où il allait.

Nous longeâmes le mur extérieur du palais pendant un moment. Un long moment.

« Vous êtes sûr que vous vous souvenez d'où est votre autre passage ou il est de l'autre côté du palais ? » demandai je au bout d'un temps raisonnable.

Le roi me regarda avec un air amusé.

« Il est précisément de l'autre côté du palais. » me répondit-il. « Tu ne trouves pas ça amusant ? »

Je lui jetai un regard fatigué.

« Non, je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. » lui signifiai je.

« Ben... Faire le mur comme ça, à l'insu de tout le monde, rentrer le plus tard possible par des passages secrets... C'est stimulant, non ? »

« Ça l'est peut-être quand vous ne risquez pas de vous faire tuer pour un oui, pour un non, peut-être. » soupirai je. « C'est sûr que pour vous, si on vous prend, vous aurez à peine une petite tape sur les doigts. Mais moi... »

« Ah oui... On pourrait penser que je t'ai ravi ton honneur. » sembla se rendre compte le roi.

Quant à moi, j'aurais ri de la tournure si je n'avais pas conscience que c'était très sérieux.

« Mais tu n'aurais qu'à m'épouser et tout serait réglé. » conclut-il, les yeux rieurs.

« Ça serait réglé pour vous. Moi, pour l'instant... »

Je m'interrompis dans ma phrase. J'avais voulu lui lancer une répartie cinglante parce que j'étais fatiguée, contrariée et que j'avais mal au genou mais voilà, il fallait bien que je me souvienne que je n'avais plus spécialement d'espoir de retour chez moi. A moins que... Je retrouve une éventuelle âme jumelle ? Ou l'esprit -ou quoi que ce soit d'autre- qui m'avait amenée ici ? Mais cela me semblait très hypothétique. Tout était trop flou.

Le souhait du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant