Nevitha

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XX

-       Vita tu gènes.

Je lève doucement les yeux vers ma meilleure amie, afin de mieux comprendre ce qu'elle me dit. Assise sur les genoux de son petit ami, elle me regarde en haussant les sourcils, comme si elle attendait de moi que je réagisse. Sauf que je dois bien avouer, que je n'ai absolument pas écouté ce qu'elle a dit ; j'étais plongée dans une observation captivante de leurs embrassades.

Imane continue de me lancer un regard accusateur, elle essai de communiquer le moins possible avec des mots, dans ce vacarme assourdissant qui nous entoure. Mais je ne comprends toujours pas ce qu'elle me veut. Assise en face d'eux, je suis affalée sur la table, je finis par lever mes bras en l'air pour lui signifier que je ne saisis pas son manège.

-       Intimité tu connais ? fini-t-elle par dire en parlant fort pour se faire entendre à travers la musique.

-       De quoi tu parles ?

Je la vois lever les yeux au ciel en soufflant bruyamment. Lorsqu'elle repose son attention sur moi, elle a un regard sévère.

-       Arrête de nous regarder nous embrasser, concentre-toi sur autre chose, va danser, va boire, vas emmerder quelqu'un d'autre.

-       Vous vous embrassez en public, toute personne posant les yeux sur vous, a objectivement le droit de vous observer, je rectifie dans une moue désinvolte.

La fête dans laquelle nous nous trouvons est ennuyante, il y a bien de trop de monde, la musique ne correspond à aucun de mes registres habituels, et le DJ ne fait aucun effort de diversification. A force d'observer les gens bourrés, et les filles à moitié nues, danser en contretemps sur la musique, j'ai fini par m'en lasser et à détourner mon attention sur les deux tourtereaux assis en face de moi, goulument en train de s'échanger des baisers. Avant qu'Imane me le reproche, ça ne m'était pas venu à l'esprit que mon geste pouvait être déplacé.

-       Nevitha la décence sociale est telle que l'on détourne le regard lorsque deux personnes s'enlacent ou s'embrassent, pour leur laisser l'intimité qu'ils méritent, argumente mon amie en gardant son air sévère.

J'entrouvre les lèvres pour répliquer, mais ses yeux me lancent des éclairs, je décide donc de me taire et de ne pas faire opposition.

-       C'est bon, je vais aller me chercher à boire, je capitule en posant mon regard sur son petit ami, dans le but d'éviter ses yeux à elle. Il affiche un sourire espiègle, amusé par la situation qui se déroule sous ses yeux. Je lui fais une grimace, avant de me redresser mollement, puis de me lever dans un long soupir de capitulation.

Je regarde une dernière fois mon amie avant de m'engouffrer dans la foule serrée et dégoulinante de sueur, d'où émanent des effluvent d'alcool, de cigarettes et de drogue. Me déplacer vers le bar est éprouvant, je suis obligée de jouer des bras et des coudes pour pouvoir avancer dans cette foule de mauvais danseurs et d'alcooliques complètement incontrôlables. Je finis tout de même par atteindre mon objectif, et je m'accroche au bar comme à une bouée de sauvetage, en essayant d'éviter de me faire bousculer par tout le monde qui s'y trouve. Les gens crient autour de moi, tandis que je m'agite de toutes mes forces pour me faire remarquer par le barman.

Sans succès.

-       Un mojito sans alcool ! je cris, une fois avoir réussi à capter son regard. Il me fait un léger signe de tête avant de reprendre ses activités.

Je me retourne pour faire face à la foule en délire sur un rythme de rap US. Je secoue la tête lorsque je remarque que les corps se meuvent dans un rythme aléatoire, comme si leurs propriétaires étaient en train de se débattre dans des lianes invisibles et coriaces.

TempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant