Nevitha

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XX

J'ai une sensation d'inachevé dans le cœur.

— C'était comment ? S'impatiente Imane.

Vero-nicka : oui raconte ! Hurle Vi à travers le haut-parleur de mon téléphone.

— C'était bien.

Au regard que me lance Imane, je sens que je n'ai pas été très convaincante.

Vero-nicka : heu, les détails s'il vous plait madame.

— On l'a fait deux fois de suite, on a fait le missionnaire, on a fait la levrette et il m'a laissé le chevaucher autant que je voulais.

Vero-nicka : mais tu as eu un orgasme ou pas !?

— Non, mais c'est pas grave, c'était agréable.

Vero-nicka : donc c'était nul quoi.

J'essaie de paraitre le plus détachée possible, mais je me sens gênée de devoir avouer que je ne suis pas satisfaite. C'était agréable, mais je n'ai pas ressenti autant de plaisir que je l'aurais voulu. Et si je suis complètement honnête, je dois tout de même avouer que ce n'était pas agréable tout le temps.

— Dit la vérité, il s'est passé quoi ? Me demande posément Imane.

Je prends une grande inspiration. J'aime Yerim, je n'ai pas envie de le discréditer devant mes amies, je n'ai pas envie de leur donner ce genre d'image. J'ai même l'impression que ce moment intime doit le rester. Je n'ai pas à raconter un instant qui s'est passé entre deux personnes dans une pièce close, mais j'ai également besoin de me confier, pour comprendre.

— J'ai eu mal à un moment, il est devenu trop brusque et vous connaissez mon problème du coup vers la fin c'est devenu désagréable.

Je me suis forcée à ne rien dire à Yerim et à supporter jusqu'à ce qu'il finisse pour ne pas me faire passer pour un mauvais coup, ou pire le toucher dans son ego. Comment expliquer à un homme qu'il n'est pas aussi bon qu'il le croit ? Comment lui dire que ce qu'il fait est plus douloureux qu'autre chose ? Surtout quand on ne veut pas le vexer. Je compense mon plaisir en me contentant du sien, il est aussi important.
Bof.

— Mais la toute première fois, c'était bien non ? Me demande Imane en fronçant les sourcils.

— On est pas allé jusqu'à la pénétration.

— Mais c'était bien non ?

— Oui j'ai joui.

— Hum, c'est pas grave on ne peut pas avoir du plaisir tout le temps.

Vero-nicka : heu bien sûr que si, c'est parfois plus long mais c'est pas impossible, il suffit de savoir s'y prendre, là il a pas pris son temps ou alors il est nul.

Je persiste à croire qu'il n'a simplement pas pris son temps, même si cette alternative signifie qu'il n'a pas pris mon plaisir en compte. J'ai ce gout d'inachevé sur le bout des lèvres, car je m'attendais à quelque chose de plus doux, plus concerné, et à la place j'ai passé mon temps à faire en sorte qu'il prenne son plaisir. J'ai plus réfléchi à ma manière de bouger pour lui que pour moi, pour être une bonne amante et rester dans l'utopie de lui faire ce que personne ne lui avait jamais fait. Je me suis donc endormie dans ses bras sans être pleinement satisfaite et frustrée de ne pouvoir lui en toucher un mot pour améliorer la situation. Étrangement cette expérience m'a légèrement dégoutée du sexe, mais à l'exemple d'une drogue dure, j'ai tout de même envie de recommencer.

— Vous vous êtes reparlés ?

— Non non.

Vero-nicka : fais-toi désirer, ne lui envoie pas le premier message.

Je me mets à rire. Tant que Yerim et moi on ne se reparle pas, nous n'aurons aucun moyen de savoir les raisons de sa présence dans ma vie.
Est-il sincère ou pas ?
Je suis inquiète de connaitre la réponse à nos interrogations, je crains de découvrir une triste réalité au lieu de continuer de nager en plein rêve.
Ce n'est pas toujours bien de rêver.

Vero-nicka : s'il l'a refait plusieurs fois c'est qu'il a pris son pied, ne t'inquiète pas il va pas tarder à ramper à tes pieds. Allez j'y vais !

Une fois Veronica partie, Imane me fixe.

TempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant