Nevitha

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XX


Je regarde ma brioche d'un œil incertain.

— Heu, Vita c'est quoi ce truc ?

Je me tourne vers Veronica qui touche du doigt ma création.

— C'est une brioche.

— Ah non, ça c'est pas une brioche.

Je n'ose pas la contredire, je me contente de regarder cet étrange pain marron gisant sur une assiette.

— Une brioche c'est censé être mou, léger et gonflé, ajoute mon amie, comme si je n'avais pas remarqué.

— J'ai suivi la recette.

— Tu es sûre ? Parce que tu ne suis jamais les recettes.

Je lui lance un regard noir, mais elle n'a pas l'air de s'en préoccuper. Je la vois couper un morceau de ma pâtisserie et la mettre dans sa bouche, avant de faire une tête bizarre.

— Attention c'est chaud.

— C'est surtout que c'est trop dur pour être mangé ce truc, je m'étouffe, fait-elle en mâchant avec difficulté le morceau qui se trouve dans sa bouche.

Je repense à tout ce temps passé à pétrir la pâte, à toute cette farine utilisée, à tout cet espoir que j'avais et je me sens soudain ridicule. Je sens un projectile contre mon épaule, et je me retourne vers Veronica qui me fixe.

— Ça fait mal ?

— Mais bien sûr que ça fait mal, ça va pas ou quoi ?

— C'est ta brioche que j'ai lancée.

Je la fixe pendant quelques secondes sans rien dire, jusqu'à ce qu'elle commence à éclater de rire.

— C'est pas drôle, j'ai suivi la recette.

— T'as utilisé du ciment à la place de la farine ou quoi ?

— Tu es trop bête, je m'esclaffe.

— Avoue que c'est drôle.

— C'est un peu drôle.

— Une brioche en ciment, pouffe-t-elle encore.

Je la regarde rire jusqu'à devenir rouge, sans chercher à cacher le sourire qui orne mon visage.
Elle n'a pas tort, la situation est plutôt amusante.

— Tu es joviale aujourd'hui, qu'est ce qui se passe, tu vois un mec ce soir ?

— J'en vois un presque tous les soir, tu dis n'importe quoi.

— Peut-être que c'est un que tu aimes bien.

— Non pas particulièrement.

— Et ton meilleur plan cul, il est passé où ?

— Depuis qu'on s'est vu samedi dernier il ne m'a plus recontacté. Et d'ailleurs ce n'est pas mon meilleur plan cul, il est doué mais il ne fait pas tout bien.

— Pourquoi tu le recontacte pas ?

— Parce que c'est pas mon pote et que j'ai d'autres plans.

— D'accord, madame.

Je place ma brioche sous un torchon et je pose l'assiette dans un coin discret, je la mangerai peut-être petit à petit, pour moins culpabiliser d'avoir gâché de la nourriture.

— Et toi ton chéri comment il va ?

— C'est pas mon chéri.

— Bien sûr que si, vous sortez ensemble.

— Oui c'est mon copain, mon gars.

— C'est pareil Nevitha

Je ne me sens pas très à l'aise pour parler de ma vie amoureuse, comme s'il s'agissait de quelque chose qui ne me ressemblait pas et dont je devrais avoir honte. Pourtant je me sens bien avec Yerim, les choses se passent bien, mais je n'arrive toujours pas à me faire au fait d'avoir accepté quelqu'un dans ma vie, j'ai l'impression de trahir certains de mes principes.

— Il va bien, on se parle tous les jours.

— Est-ce que vous avez déjà passé la porte du paradis ?

TempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant