XY
J'écoute à moitié ce que le professeur est en train de dire, je me suis arrêté à « par exemple », car ses fameux exemples sont réputés comme étant de longues tirades interminables, sans aucune utilité . Je fixe le tableau d'un air absent, en attendant un mot ou une phrase, qui m'indiquerait le retour au cours. Je sors mon téléphone de ma poche et me connecte à internet, je passe un coup d'œil sur mon actualité Instagram, twitter, Snapchat et je vérifie mes messages WhatsApp. Il n'y a rien d'important, rien qui ne me soit utile et pourtant je continue de faire des allers-retours entre ces différents réseaux. Le professeur finit par mettre fin à la classe, sans avoir clos son interminable exemple. Je m'empresse à l'extérieur pour échapper à cette atmosphère renfermée. Je regarde l'heure ; 13h32. Je ne dois travailler qu'à 17h, j'ai donc un gros trou au milieu.
À combler.
Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, et je n'ai pas non plus envie d'aller chez mon père, à cause de l'environnement bruyant.
Moi : yo Malick, tu es chez toi là ?
Malick : u ve koi ?
Moi : j'arrive.
Malick : pk ?
Moi : parce que j'ai envie de venir chez toi, y a quoi ?
Malick : jsui en train de baiser mon gros, u pe pas vnir plu tar ?
Moi : il est 13h30 mon pote.
Malick : bah oui, c l'heur d manger.
Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un rire bruyant, au milieu des passants qui me dévisagent comme si j'avais un problème.
Moi : le temps que j'arrive tu auras fini.
Malick : heu, jcroi ps, il fo k j la trmine.
Moi : ok, je serais au salon, quand tu finiras tu sortiras.
Malick : ok on fai ça.
Je remets mon téléphone dans ma poche et je m'engage dans les couloirs du métro. Je prends mon temps, ce qui me met à la place de ces marcheurs qui m'horripilent le plus lorsque je suis pressé.
En arrivant sur le quai, je laisse passer le premier métro, pour éviter de me retrouver coincé entre des odeurs d'aisselles et de cigarettes fraichement fumées. Le deuxième train est moins rempli, je m'y engage donc et me précipite sur une place assise, en étant pourtant parfaitement conscient de ne pas y demeurer longtemps.
***
Je sors du métro, en me faufilant entre les corps, serrés les uns contre les autres, et ne bougeant pas, afin de ne pas perdre leur si précieuse place qu'ils ont gagnée à l'issu du combat de coude qui s'est mené sur les quais.
Je cours presque dans les couloirs, pour pouvoir sortir rapidement et retrouver mon ami.
Ton ami qui, lui, aurait été content de ne pas te voir aujourd'hui.
Il ne fait pas très beau, le ciel, qui ces derniers temps était d'un bleu limpide, est aujourd'hui voilé par de gros nuages qui ne prévoient pourtant aucune pluie. Ce temps est agréable, mais je ne peux pas m'empêcher d'être frustré qu'il soit un entre-deux, je voudrais qu'il pleuve, pas qu'il fasse un temps de pluie.
L'appartement de Malick est assez éloigné du métro, m'obligeant à marcher une quinzaine de minutes pour y arriver. Je passe devant plusieurs petites boutiques de quartiers, un fleuriste, un mécanicien, sans oublier les nombreux fastfoods que j'ai arrêté de compter depuis des années que je viens ici. Plusieurs odeurs différentes me titillent les narines en même temps, me rappelant que je n'ai pas mangé. Je regarde autour de moi, et choisi du regard un fastfood qui me semble assez alléchant, avant de m'y diriger d'un pas déterminé.

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Tempête
RomanceC'est l'histoire de deux âmes opposées qui vont se rencontrer, qui vont s'apprivoiser, s'aimer peut être, mais qui vont apprendre mutuellement l'une de l'autre.