Tempête

Nevitha

XX

S'il pense sérieusement, que c'est en m'invitant au cinéma, qu'il s'attirera mes bonnes grâces, il va droit dans le mur.

Je ne suis pas corruptible.

Imane aussi m'énerve à lui accorder son soutien, j'aurais eu l'air de quoi moi, si j'avais refusé son offre après la manifestation de son enthousiasme ? C'est ma meilleure amie, elle est censée me soutenir et comprendre les messages subliminaux que je lui envoie. Au lieu de tout de suite me discréditer auprès de Yerim.

Il risque d'utiliser ça comme un avantage.

Je ne suis pas idiote, aucun garçon ne revient sur ses intentions en moins d'une heure. Mais ça je me suis bien gardée de le dire en voyant tout l'intérêt qu'Imane lui porte. Je déteste lorsque les hommes oublient que j'ai un cerveau et essaient de me manipuler comme une marionnette. Je ne suis pas un objet, j'ai un libre arbitre et si je dis que je ne veux pas de tes avances, ce n'est pas la peine de passer par des chemins plus discrets.

Tout m'agace chez lui, son regard de serpent et son sourire satisfait, en passant par son attitude calculée. Mais tant qu'il n'essaie pas de me séduire, je peux encore le tolérer.

Je regarde Imane s'extasier devant les tenues que l'on a observé sur scène et Malick s'agiter devant Yerim, en lui expliquant pour quelles raisons le jugement du public sur ses tenues est erroné.

Je vois ma meilleure amie revenir vers moi, avec un grand sourire.

-        Contente ? je demande.

-        Trop.

-        On fait quoi maintenant ?

-        On rentre.

-        Déjà ?

-        Tu veux faire quoi d'autre ?

Je n'ai pas assez profité d'elle, les heures sont passées bien trop vite. Je ne veux pas rentrer, j'ai envie de rester avec elle encore un peu, sans qu'il y ait Béchir dans les parages. Je veux ma meilleure amie, comme avant.

-        Viens, on se balade.

-        Ok, tu veux aller où ?

-        On trouvera sur le chemin, fais-je en lui tirant le bras.

-        Salut les gars ! crie-t-elle à l'intention de Yerim et de Malick, qui se retournent afin de répondre aux signes que nous leur adressons.

On repasse par notre place, pour récupérer notre couverture et poursuivre notre chemin sans en connaitre la destination finale.

Je passe un bras au-dessus de ses épaules et je l'embrasse sur la joue, en faisant bien exprès de lui passer ma langue dessus.

-        Tu es dégoutante Vita, sérieux, fait-elle, en essayant de se dégager de mon étreinte.

-        Mais je t'aime.

-        Trouve-toi un gars, tu lui feras ça si tu veux.

Je soupire et fais mine de ne pas l'écouter, en posant encore une fois mes lèvres sur sa joue.

Je suis trop heureuse de pouvoir, enfin, me retrouver seule à seule avec elle, elle m'a trop manquée.

Tout va bien.

L'air frais de la nuit nous caresse le visage, en faisant chanter les feuilles des arbres par la même occasion. Le ciel montre quelques étoiles, dissimulées par les ombres de certains nuages. Des spectateurs du festival se retrouvent à marcher à nos côtés, nous plongeant ainsi dans une ambiance conviviale.