Tempête

Nevitha

XX

J'essaie d'avancer au milieu de cette foule de jeunes, agglutinés dans les couloirs. Ils ne semblent pas se rendre compte qu'ils gênent le passage et discutent comme s'ils étaient dans leur salon. J'aimerais pouvoir les écarter de mon chemin d'un simple revers de main, à la place je dois me tortiller comme une salamandre, afin de me créer un passage. Je souffle et je grogne, mais mes plaintes sont à peines remarquées.

Je finis par arriver devant ma salle de classe, par chance les autres élèves commencent à peine à s'installer. Je me dirige vers ma place habituelle ; la table du fond, meilleure emplacement possible pour dormir, bavarder, manger ou même regarder des vidéos sur son téléphone.

Je m'assoie sans efforts et sort un cahier et un stylo de mon sac.

-        Salut.

Je me tourne, pour observer Veronica, elle porte des verres noirs et s'assoit sans énergie près de moi.

-        Longue nuit ? je demande d'un air sournois.

-        Si encore c'était dû au sexe, je serais plus heureuse. J'ai passé la nuit à faire une analyse de texte pour ce matin. J'ai pas dormi.

-        Et tu as été notée ?

-        Non, il rend les copies la semaine prochaine, je suis trop énervée.

-        Pourquoi ? Tu devais le faire de toutes façons ton devoir non ?

-        Ouais mais je vais avoir une note minable, l'analyse de texte c'est du chinois.

-        Alors là vraiment je ne peux pas t'aider, je ris en ouvrant mon cahier.

Elle soupire et pose son menton dans sa main. Je sais qu'elle s'intéresse peu à ses notes, elle est plus frustrée par le fait d'avoir veillé toute la nuit, pour faire un devoir dans une matière qu'elle n'aime pas. Elle s'efforce de tenir bon jusqu'au second semestre pour faire une demande de réorientation, sinon rien de tout ça n'aurait d'importance.

-        Tu vas suivre aujourd'hui ? me demande t'elle en regardant mon cahier ouvert et mon stylo prêt à écrire.

-        Quoi ? tu dis ça comme si c'était un miracle.

-        Ça l'est, tu ne suis jamais ce cours.

-        Parce que le prof ne dit jamais rien que je ne sache pas déjà dans les livres.

-        Et là, pourquoi tu te décides à suivre, madame-je-sais-tout ?

-        Parce qu'il va lancer des débats et j'adore les débats.

Elle me fixe à travers ses lunettes noires et je devine qu'elle lève les yeux au ciel, avant de se tourner. Je l'ignore, je suis habituée à ses mauvaises humeurs. Le professeur fini par faire son entrée, ce qui met fin au brouhaha des étudiants. Lorsque je regarde Veronica, elle est plongée dans un sommeil divin, toujours avec ses lunettes sur les yeux.

***

-        J'en ai marre

Je lève les yeux vers mon amie qui a les siens rivés sur son portable.

-        De quoi ? je demande.

Elle secoue la tête d'un air fatigué.

-        Je viens encore de recevoir un commentaire sous une de mes photos.

-        Qui dit ?

-        « A défaut de fermer ta bouche quand tu n'as rien à dire, ferme tes jambes pour commencer »