Yerim

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XY

Je sèche les quelques larmes de Samira et la prend dans mes bras. Personne ne nous remarque, perdu entre des adieux et des retrouvailles. Elle s'agrippe à ma chemise et plonge sa tête dans mon cou. Elle sent bon, tellement qu'elle me donnerait presqu'envie de la voir rester. Je lui rends son étreinte, j'en profite pour sentir encore un peu son merveilleux parfum.

-        Je ne veux pas partir, marmonne t'elle, la tête enfouie dans mon cou. Son souffle me caresse la peau, et la seule pensée qui me vient à l'esprit à ce moment-là, c'est mon tee-shirt gris prenant le risque d'être taché par son maquillage.

-        Tu peux rester si tu veux.

Je prononce mes mots en les accompagnant d'une prière pour qu'elle n'y réponde pas positivement.

-        J'aimerais bien, mais ma vie n'est pas ici, j'ai mes cours.

-        Je sais.

Tout à fait

-        Je t'aime tellement Yerim, soupire-t-elle.

Je sais.

Cette phrase contient une énergie incroyable, je ne pense jamais réussir à m'en lasser. Elle est une victoire, éveiller l'amour d'une femme est un accomplissement dont je ne pourrais cesser de me réjouir.

Je me surprends moi-même à la serrer plus fort et à lui faire un baiser rapide sur la joue, ce n'était ni calculé ni réfléchis. Elle passe ses mains dans mon dos et finis par se détacher de moi. Son regard est triste et ses doigts se nouent aux miens quelques instants, le temps qu'elle puisse accepter l'information. Je n'ose pas regarder l'heure, mais j'ai l'impression d'être en retard pour le rendez-vous que Nevitha m'a fixé.

-        Bon je vais y aller avant de rater mon train.

-        Fais bon voyage, tu me fais signe quand tu arrives.

-        Ok.

Je serre Samira une dernière fois dans mes bras, en essayant de deviner quel est le parfum qu'elle porte, puis je la laisse s'éloigner de moi. J'attends qu'elle ne soit plus qu'un point dans la foule, pour m'éclipser.

Je marche quelques temps avant de retrouver mon chemin vers la voiture. J'essaie d'aller vite mais les voyageurs semblent aussi pressés que moi, me forçant à jouer des coudes pour arriver à destination. J'entre dans la voiture en soupirant. Je me pose quelques secondes, je ferme les yeux et je fais le point sur ce qui s'est passé et sur ce que je suis censé faire ; Samira est enfin partie, je suis libre. Maintenant il faut que j'aille chercher Nevitha pour faire ses courses, en essayant une énième fois de trouver une faille à sa carapace.

J'ouvre les yeux et je regarde l'heure rapidement ; 13h16.

Merde.

Je tape rapidement son adresse sur le GPS de mon téléphone et démarre en trombe. Je suis certain qu'elle va m'en vouloir, j'ai peur de ne même pas la trouver en arrivant. Je pense à lui envoyer un message mais je suis trop occupé à essayer d'aller plus vite que les autres. Je klaxonne comme un hystérique à l'encontre de tous ceux qui me bloquent le passage d'une manière ou d'une autre. J'essaie d'imaginer Nevitha calmement en train de m'attendre, mais je ne suis capable que de la voir énervée. J'ai l'impression que rien dans l'univers ne veut m'autoriser à paraitre sous mon meilleur jour avec cette fille, à chaque fois il doit se passer quelque chose qui va baisser la considération qu'elle a difficilement trouvé pour moi. Je me demande s'il n'est pas préférable que je laisse tomber, mais mon ego me rappelle bien vite qu'il n'en est pas question.

TempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant