XX
Imane me fixe en attendant la suite de ce que je m'apprête à dire.
— Je suis désolée.
— Moi aussi, fait-elle en me prenant longuement dans ses bras.
Sa chaleur me réconforte, je ne peux pas cesser d'être dans sa vie, elle est trop importante pour moi. Ces deux jours sans lui parler m'ont semblé une éternité. La culpabilité m'a rongé jusqu'aux os, celle de ne pas être là en sachant qu'elle souffre.
Et celle de lui cacher des choses.
Je ne sais pas comment je dois m'y prendre, mais je suis obligée de lui faire part de ce qui s'est passé. Mon cœur bat la chamade, comme si ce que je devais annoncer pouvait me coûter la vie.— J'ai embrassé Yerim.
Quand on enlève un pansement, on le fait le plus rapidement possible.
J'entends Imane s'étrangler avec sa salive, puis mettre fin à l'étreinte et me fixer avec de gros yeux.— Tu peux répéter ?
— J'ai embrassé Yerim, dis-je plus lentement.
— Mais à quel moment tu as changé d'avis ? On s'est disputé il y a à peine deux jours.
— Juste après qu'on se soient disputées.
— Quoi ?
Je lui résume la situation, en espérant ne pas trop me faire gronder pour mon attitude plutôt précipitée.
Un peu de honte.
Je me sens un peu mal, d'avoir ouvert aussi grand les portes à Yerim, j'ai l'impression d'avoir pris une décision hâtive, sans pouvoir faire marche arrière et j'ai peur qu'Imane me le reproche. Je la regarde en attendant une réaction de sa part, elle est ma Bible, mon Coran et ma Torah, je prêche sa parole sur tout ce qui concerne l'amour.
Parce que tu es certainement pas très douée.— Je suis dépassée, dit-elle simplement.
— Je suis allé un peu vite n'est-ce pas ?
— Vous étiez déjà en flirt tous les deux et c'est lui qui est venu en bas de chez toi, même si j'aurais quand même préféré que ce soit lui qui introduise le sujet de votre relation, là tu ne lui as pas vraiment laissé le choix.
Ce n'est pas bon ça.
Je commence à m'agiter, en me rendant peu à peu compte que j'ai peut-être fait une erreur. J'aurais dû me douter que j'allais droit dans le mur, rien ne se passe jamais bien pour moi en amour, pourquoi ai-je cru que cette fois ce serait diffèrent ?— Arrête de paniquer Vita, tout va bien, détend toi.
Je sais qu'elle est très heureuse que je sois finalement allée en faveur de ce qu'elle me disait, elle se trahit par les étoiles qui sont apparues dans ses yeux. Et c'est certain, peu importe ce qui se passe, elle s'arrangera pour que je reste sur cette voie. Je prêche une parole subjective.
— Je sais pas si c'est une bonne idée.
— Si, si, c'est très bien, fais les choses à ton rythme comme il l'a dit, ne te mets pas trop la pression, agis comme tu agissais avant, c'est tout.
— D'accord, d'accord.
Elle me regarde avec un grand sourire fier.
— Je suis trop contente.
— Je sais, fais-je sèchement, trop aigri de lui avoir donné satisfaction.
Elle se met à rire aux éclats en essayant de retenir son excitation nouvelle. Je la comprends, le fruit de ses efforts a enfin payé, au bout de plusieurs années de lutte. Elle espérait tellement que je puisse recommencer à aimer, que là j'ai l'impression de lui avoir ôté un poids sur le cœur.
Mon téléphone vibre, m'extirpant de la contemplation de ma meilleure amie. Lorsque je vois le nom de Veronica s'afficher, je m'empresse de répondre, soulagée qu'elle ait enfin la décence de me donner des nouvelles.
Moi : tu étais où toi ?
Vero-nicka : salut, tu vas bien ? oui moi aussi, super !
Moi : arrêtes tes conneries, tu étais passée où ?
Vero-nicka : j'ai fait une retraite spirituelle.
Moi : il va falloir que tu m'expliques.
Vero-nicka : je n'allais pas très bien, donc j'ai décidé de me couper du monde pendant quelques jours.
Moi : tu es allé où ?
Je vois Imane se redresser et se mettre à parcourir la pièce en arrangeant certaines choses.
Vero-nicka : dans un endroit sans réseau.
Moi : où ça ? Tu as voyagé ?

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Tempête
RomansaC'est l'histoire de deux âmes opposées qui vont se rencontrer, qui vont s'apprivoiser, s'aimer peut être, mais qui vont apprendre mutuellement l'une de l'autre.