Nevitha

108 18 4
                                    

XX

J'arrive chez Imane à bout de souffle.

Je la vois assise dans son canapé en train de lire un livre à l'eau de rose. J'expire bruyamment, mais elle fait semblant de ne pas m'avoir vue. J'avance vers elle et m'affale à ses côtés.

-        Alors ton film ?

-        Nul à chier.

-        Et Yerim ?

-        Pareil, à la fin il me suivait, je savais pas comment me débarrasser de lui, il est bizarre ce gars.

Sans décoller son regard du livre elle pousse un petit rire.

-        Au moins il est beau.

-        Si c'était pas le cas, il ne servirait absolument à rien dans la société.

Imane rigole plus fort. Je la regarde, elle n'est pas comme à son habitude, elle n'est pas assez réceptive à ce que je dis, on dirait qu'elle n'est même pas concentrée sur son livre.

-        Bon, tu as quoi ?

-        Qui ? moi ?

Elle lève les yeux vers moi, et me regarde en fronçant les sourcils, comme si elle se posait réellement la question. J'ai envie de la frapper à chaque fois qu'elle fait ça.

-        Tu vois quelqu'un d'autre dans la pièce ?

-        Peut-être que tu parles seule, fait-elle en reportant son attention sur la flamme du baiser ardent.

-        Imane, tu as quoi ?

-        J'ai rien.

Elle ment, visiblement, et elle va continuer à le faire jusqu'à ce que je trouve un indice. Je la regarde, qu'est ce qui est susceptible de la mettre dans un état aussi mou ? Sa famille ?

Peut-être qu'elle est malade

Quand elle est malade, son mal est plus physique que moral, elle a des traits qui ne trompent pas, ce n'est pas ça.

Son école.

-        Il s'est passé quoi à l'école ?

-        Tu veux qu'il se passe quoi ?

-        Je sais pas, une mauvaise note, on t'a crié dessus, tu as pas eu ce que tu voulais, peut être que tu es découragée, je sais pas moi, à toi de m'aider.

-        Ça c'est le quotidien de cette école, répond-elle en riant.

C'est vrai, elle m'en avait déjà parlé. Quand ça arrive de toute façon, je ne suis pas la première au courant ; c'est super-Béchir qui s'occupe de lui remonter le moral et de lui répéter à quel point elle est géniale. Moi, je suis juste la meilleure amie qui fait semblant de ne pas être complètement jalouse d'être tenue dans l'ignorance de ce genre de détails.

Béchir doit déjà être au courant de ce qui se passe, j'ai envie de lui demander mais mon ego m'en empêche. Je suis la meilleure amie, c'est censé être mon travail d'être au courant sans l'aide de personne, c'est mon rôle de savoir lire sur le visage. Même si je suis complètement nul à ça et que ça fait des années que j'essaye de me convaincre du contraire.

-        Imanouchka, dis-moi ce qu'il se passe.

La technique de supplication marche bien généralement, c'est vraiment tout ce qu'il me reste avant de faire appel à super-Béchir.

TempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant