XX
Il y a un homme dans mon appartement, un homme que j'ai invité dans mon appartement.
Un homme que tu as voulu inviter.
Ce n'est jamais arrivé, même Béchir n'est pas le bienvenu. Je regarde discrètement Yerim assis près de moi, il semble pris dans ses pensées. J'observe sa petite barbe frisée sur le menton et ses locks coiffées en chignon négligé. Pourquoi je me sens si mal à l'aise ? On s'entendait pourtant bien avant de décider de se mettre en couple, pourquoi ça devrait changer tout à coup ? Je continu de le regarder en espérant qu'il ne tourne pas la tête brusquement vers moi. J'aime bien sa présence pourtant, ça me plait de passer du temps avec lui ce soir, mais il est aussi très intimidant, trop à l'aise dans le fait d'être en couple. Je devrais certainement me détendre, il n'a rien fait qui puisse me mettre mal à l'aise, au contraire je le sens patient.
Et tes doutes ?— Tu veux manger quoi ?
Je prends quelques secondes avant de réaliser qu'il s'adresse à moi.
— Heu, je sais pas, je réponds en détournant mon regard.— Nevitha.
— Oui ?
— Tu peux me regarder s'il te plait.
Sa voix est bien trop douce pour moi, à quoi il joue ? Pourquoi adopter ce ton si séducteur ? Il se prend pour un héros de film romantique ou quoi ?
— Oui qu'est-ce qu'il y a ?
Je plonge mes yeux dans les siens, en essayant de paraitre le plus désinvolte possible, ce qui s'avère beaucoup plus difficile que ce que je pensais.
— Tu peux m'expliquer pourquoi tu es bizarre ?— Je ne suis pas plus bizarre que d'habitude.
Le sourire en coin qu'il affiche m'énerve, je n'aime pas être dans une position aussi vulnérable, j'ai l'impression de lui donner le pouvoir de se moquer de moi.
— Tu es mal à l'aise ça c'est sûr, je veux juste que tu comprennes que rien ne change entre nous, à part le statut de notre relation.— Oui, oui, je sais.
Plus facile à dire qu'à accepter.
— Tu n'as pas l'air de savoir, on dirait que je t'ai obligé à me voir.
J'ai terriblement envie de continuer à nier, je n'ai aucune envie de me confier à lui sur ce que je ressens quant au fait de commencer une nouvelle relation amoureuse. Je lui ai déjà dévoilé que je n'en avais pas l'habitude et que j'avais peur de souffrir, que veut-il de plus ? Que je me mette à pleurer en jurant sur le ciel qu'il est ma vie ? Pas question, ma dignité a repris place.
— T'inquiètes, fais-je en tournant la tête vers mon téléphone, d'ailleurs c'est quoi ton Insta, je l'ai pas trouvé.
Je le sens se lever du fauteuil, en levant les yeux je le vois se diriger vers la porte de sortie, mon cœur se met à battre.
— Tu fais quoi ?— J'ai l'impression de déranger, je vais rentrer chez moi.
— Quoi, mais pourquoi tu dis ça ?
Il se prend pour qui ?
— Écoute, j'essaie de faire les choses bien, mais on dirait que tu ne veux rien savoir, je préfère ne pas te déranger plus longtemps.
Mon cœur se serre atrocement, mais même en sachant qu'il s'agit simplement d'une impression, ça fait mal. Son attitude m'agace, c'est donc ça être en couple ? Subir ce genre de discussion ? Il me fait me sentir coupable de tout garder pour moi et d'être trop fière pour m'exprimer, je lui en veux de me faire ce genre de chantage.
Ça commence bien.
— Tu m'as dit qu'on irait à mon rythme.
J'ai peur de l'énerver en lui disant ça et de le voir passer la porte de chez moi, mais en même temps je ne sais pas quoi dire d'autres.
— Je suis prêt à prendre mon temps et à aller à ton rythme mais, tu devrais faire un peu plus d'efforts, tu me rejettes alors que je ne te mets aucune pression.— Je t'ai rejeté quand ?
Je fais un regard surpris, qui, je le sais, n'est pas le bienvenu durant cette conversation. Je sais très bien ce que je fais, je connais mon attitude protectrice par rapports aux hommes, et le nier alors que Yerim sait très bien de quoi il parle, ne ferait que l'irriter encore plus. Je me sens vraiment mal, d'être aussi renfermée.
— Arrête de faire semblant.
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Tempête
RomansaC'est l'histoire de deux âmes opposées qui vont se rencontrer, qui vont s'apprivoiser, s'aimer peut être, mais qui vont apprendre mutuellement l'une de l'autre.