Katerine ne comprend pas pourquoi Campbell a fait ça. Elle le déteste. Et maintenant ? Est-ce qu'il l'emmène dans un lieu isolé pour mieux profiter d'elle ? Il va déchanter ! Elle n'a pas fait des arts martiaux pour rien... Elle se demande d'ailleurs fugitivement pourquoi elle ne s'est pas mieux défendue dans le parking souterrain. Elle ne l'aurait peut-être pas neutralisé tout de suite, mais elle aurait pu le mettre au tapis sans problème. Sans. Problème.
La voiture s'arrête devant une maison posée sur pilotis au bord de la plage. D'autres maisons plus grandes ou plus étranges s'alignent sans être accolées, tout au long de la route qu'ils ont empruntée pour arriver jusqu'ici. Pas vraiment isolé comme endroit.
Matthew Campbell descend et se penche vers elle.
— Vous venez ?
Puis sans l'attendre, il se dirige vers la maison.
Katerine résiste deux minutes. Puis n'y tenant plus, elle descend à son tour. Elle regarde la maison. Puis aperçoit un chemin qui descend vers la plage. Trop tentant. Elle l'emprunte. Elle se campe devant l'océan. Le vent qui lui fouette le visage et la fraîcheur de l'air l'étourdissent. Elle sent sa colère s'estomper. Si elle ferme les yeux, elle peut imaginer être un bateau en pleine tempête. Elle se sent sauvage. Brute. Elle sourit.
— Vous venez ? dit Campbell derrière elle.
À croire qu'il ne sait dire que ça, l'homme de Néandertal ! Elle ouvre les yeux et le découvre en caleçon de bain. Elle ne peut dissimuler son étonnement. Il a un demi-sourire en voyant sa surprise. Elle a aussitôt envie de le gifler. Mais il ne lui en donne pas le temps. Il laisse tomber à ses pieds un maillot et un drap de bain avant de s'élancer vers les vagues. Il plonge comme quelqu'un qui a l'habitude, et s'éloigne, luttant contre le courant.
Katerine l'envie brusquement. Elle qui n'a jamais peur de rien ou presque, voudrait se confronter à la fureur des éléments comme lui. Mais elle ne va pas lui donner ce plaisir ! Elle continue à le regarder s'éloigner marmonnant de injures qu'elle espère portées par le vent jusqu'à lui. Elle fixe le maillot. La serviette. Se dit que finalement elle peut bien nager aussi.
Il n'y a personne sur la plage à cet endroit, ni sur les terrasses avoisinantes. Campbell lui tourne le dos. Elle se déshabille rapidement, trop heureuse de quitter son uniforme, et met le maillot. Il est un peu grand au niveau de la poitrine, mais elle s'en fiche. Un type comme Matthew doit avoir dans sa vie autre chose qu'une nana qui est obligée de prendre ses fringues au rayons enfant. Elle comprend.
L'eau est vraiment glaciale, mais elle rit de plaisir. Elle ne croit pas s'être baignée dans une eau aussi froide de toute sa vie. Elle ne brave l'océan qu'en fin d'après-midi et uniquement les jours de grosses chaleurs. Ce qui n'est pas encore le cas en ce début d'été.
Katerine nage. Campbell s'est assis sur une petite plate-forme d'amarrage. En le rejoignant, elle découvre d'autres plateformes de loin en loin. Certaines ont une petite barque accrochée. Elle s'assoit sur un bord loin de Campbell. Elle ne le regarde pas.
— Ça va mieux ? demande-t-il.
— Oui.
Car elle est bien obligée d'admettre que sa colère s'est évanouie. Que Madame Beautemps peut bien aller se faire empapaouter ailleurs. Que Campbell peut bien passer son temps à l'enquiquiner et à la kidnapper. Elle s'en fiche. L'océan l'a réconciliée avec la vie...
— Est-ce que je peux espérer être pardonné pour mon manque de manière ?
Katerine se tourne vers lui. Il sourit. Les jambes à moitié dans l'eau, les bras en appui derrière lui, la peau ruisselante d'eau, il sourit, et elle le trouve très, très séduisant comme ça. Puis, elle pense à Sylvia. Elle détourne la tête en rougissant et plonge dans l'océan pour repartir. L'eau glacée la calme. Il ne manquerait plus qu'elle s'amourache de lui... la cata !
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Faire le grand saut
Chick-LitQuand le père de Sylvia la contraint, elle et sa meilleure amie, à accepter un job d'été dans un hôtel, il n'imaginait pas qu'il allait non seulement changer l'existence de sa fille qu'il adore, mais aussi, et d'une manière bien plus radicale, celle...