29/ La perspicacité d'une sœur

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— Mais... Qu'est-ce qu'il lui a pris ? Je l'ai fait fuir avec mon chocolat chaud, tu crois ? dit Harry déconcerté.

— Non, mon Harry ! Elle ne voulait pas rester à cause d'autre chose, dit Jane en se levant pour attraper la tasse de Matthew. Tu as remarqué comme elle a hésité en donnant son nom ? Et elle connaissait les lieux. Elle n'a pas eu besoin que je lui indique où se trouvait la salle de bain.

— Qu'est-ce que tu suggères ?

— Elle ne s'appelle pas Sylvia Benford. Sylvia Benford est une jolie brunette aux yeux vert si je me souviens bien. Pas une petite blonde androgyne.

— C'était qui alors ? Une psychopathe ? Je t'interdis de faire entrer qui que ce soit à l'avenir...

— Pas une psychopathe. Non. Celle qui vient de briser le cœur de mon frère plus probablement.

— Matthew a le cœur brisé... Je n'ai pas remarqué à midi.

— Ça n'est pas ton frère... je te rappelle que nous sommes jumeaux. Tu vois...

— Je vois... le lien. Tout ça. Tout ça... Mais Matthew te l'avait décrite ?

— Non. J'ai entrevu une photo qu'il a prise d'elle sur cette même plage.

— Tu devrais l'appeler. Si cette fille peut débouler dans la maison de la plage sans prévenir pour faire du grabuge, il faut qu'il le sache.

— Elle n'a pas fait de grabuge. Et je te signale que c'est moi qui lui aie forcé la main pour qu'elle vienne. Non. Je crois qu'elle ne venait pas faire du grabuge. Elle venait parce qu'elle aussi a le cœur brisé.

— C'est pas elle qui a provoqué la rupture ?

— Si. Mais tu sais, « le cœur a ses raisons que la raison ignore » ...


Katerine court comme une dératée. L'orage est fini, mais le vent continue à mugir autour d'elle. Elle se bat contre lui, ce qui lui évite de penser à ce qui vient de se passer. Ce qu'elle peut être sotte ! Pourquoi a-elle accepté d'entrer ! C'est ridicule ! Elle est ridicule ! Heureusement Jane Campbell ne connaît pas les Benford. Il n'y aura sans doute pas de conséquences à l'incident. Mais quand même ! Elle a pris un tel risque ! Que pensera Matthew s'il apprend ce qu'elle a fait ? Elle est ridicule ! Vraiment !


— Matthew ? Je te dérange ?

— Un peu, Jane. Je boucle un dossier pour M. Greengard... Tu te souviens. C'est pour cette raison que nous avons mangé ensemble à midi, et que je ne suis pas venu au repas des parents ce soir.

— Je sais ! Mais il est bientôt 22h ! Il est temps d'arrêter ! C'est le week-end ! Tu as le droit d'en profiter aussi !

— Pas le temps, Jane.

— Pas le temps ou pas l'envie ?

— Peu importe. Je raccroche maintenant.

— Attends ! Je t'appelle parce que j'ai quelque chose à te dire !

— Vas-y !

— Non. Tu es trop mal luné ce soir ! Viens à la maison de la plage demain pour déjeuner.

— Jane... Tu sais que j'ai une vie ?

— Ah bon ! Sérieusement ! Je t'attends demain, finit-elle en raccrochant avant que son frère ne refuse catégoriquement.

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant