18/ Et la provoquer

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Le premier mois s'achève sur une bonne nouvelle. Violette Beautemps prend un congé. L'ensemble du service entretien soupire d'aise. L'assistante de Beautemps est une femme revêche mais juste. Elle ne harcèlera personne et certainement pas Kat qu'elle aime bien.

Pendant sa pause, Kat part se réjouir auprès de Sylvia au service financier.

Elle entre dans l'ascenseur bondé, sans prêter attention à personne. Elle ne le voit pas tout de suite, trop occupée à tenter d'échapper à la chaleur des corps d'un groupe de techniciens qui entre à sa suite et s'agglutinent partout. Elle se faufile. Atteint le fond de la cabine. Elle reste stoïque. Ne bronche pas, même quand elle sent qu'il y a quelqu'un derrière elle. Elle ne se retourne pas. Ce serait impoli. Et puis, au fond, elle sait. Elle sait qui se tient derrière elle.

Campbell. Il est là. Elle n'aurait pas dû prendre cet ascenseur. Définitivement. Maintenant elle sent son souffle sur sa nuque. Sa main qui frôle la sienne. Elle sent sa peau frémir. La chair de poule s'invite comme une onde. La main remonte le long de son bras. Atteint son épaule. Elle ne bronche pas. Elle ne veut pas qu'il arrête parce que quelqu'un se sera aperçu de son manège. La main caresse la petite parcelle de peau dénudée juste entre le cou et l'épaule. Puis, elle descend lentement dans son dos, suit le tracé de l'omoplate, s'arrête dans le creux des reins. Elle ne peut s'empêcher d'espérer qu'il aille plus bas. Même si cette attitude contrevient à leur accord. Ils ne se sont pas vus du week-end. Elle a envie de lui. Elle se mord les lèvres pour ne pas sourire.

La main poursuit finalement son chemin s'arrête cette fois sur la rondeur d'une fesse. Elle ne caresse plus. Elle s'arrondit. Prend sa forme. L'ascenseur s'arrête, et le mouvement du groupe la bouscule. Un bras enveloppe sa taille et la presse contre le corps derrière elle. Elle sent son désir d'elle. Dur. Érigé. Elle manque de rire. Il ne pourra pas sortir si facilement de cet ascenseur. En tout cas pas avec des témoins. Son désir à elle est bien plus facile à dissimuler, même si elle à les joues rouges et remarque que ses seins pointent de manière provocante sous son chemisier. Elle positionne le paquet de draps qu'elle tient sur sa poitrine.

— Tricheuse, l'entend-t-elle murmurer à son oreille.

— Je descends à la prochaine. Comment vas-tu faire ?

— Je vais me ridiculiser à moins que tu ne restes avec moi.

L'ascenseur se vide. Elle reste.


— Tu viendrais dîner demain soir ? demande-t-il en reboutonnant sa chemise.

Ils ont trouvé refuge dans une réserve du premier étage. Une réserve qui ne sert que le soir tardivement quand l'équipe de nuit fait le ménage des bureaux du service administratif.

— Dîner ? Mais... pour quelle raison ?

— Parce que ça se fait de dîner entre gens de bonne compagnie...

Katerine flaire le piège. Elle remet ses ballerines. Elle est prête avant lui.

— Nous serons tous les deux ?

— Il y aura ma sœur et son compagnon.

— Ta sœur jumelle ?

— Yes. Je ne vais pas t'inviter avec les pestes...vous risqueriez d'être amies pour la vie... ensuite je serais en minorité, et alors, ce serait l'enfer pour moi !

— Ce qui veut dire que je ne serai pas amie avec ta sœur jumelle...

— Mais pas du tout... ça n'est pas ce que je voulais dire !

— Demain soir, je ne peux pas...

— Kat... Je... Tu ne pourras pas éternellement éviter ma famille, tu sais... Pas si nous continuons à nous voir... ils vont finir par croire que je les mène en bateau, que tu n'existes pas, ou pire, que tu existes, mais que tu les snobes !

On y est. L'éclatement de la bulle. Sauf qu'elle n'a pas envie que ça s'arrête. Pas tout de suite. Elle pensait avoir tout l'été avec Matthew. Un mois, c'est peu en définitive. Surtout quand on connaît un tel accord entre corps et esprit.

Elle n'a pas de réponse. Elle ne veut pas en donner. Profitant qu'il n'ait pas encore pris sa veste, elle sort, le laissant en plan. Elle n'a pas de réponse, bon dieu ! Elle na aucune réponse !

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant