41/ Héritage inattendu et rétablissement de droit

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Le cabinet de Maitre Lombardo est intimidant. Silencieux. Feutré. Rien qui dépasse. Rien qui sort du cadre de la bienséance et de la bonne éducation. Debout devant le comptoir de l'accueil, Katerine attend que la secrétaire prête enfin attention à elle en raccrochant son téléphone.

La jeune femme se demande si elle n'aurait pas dû s'habiller un peu plus. Elle a juste mis une robe noire que lui a prêté sa mère. Pas une robe chic, ni très bien coupée. Mais noire. Pour signifier le deuil. Mais tout d'un coup, cela ne lui semble plus aussi judicieux. Elle porte des ballerines noires toutes simples. Une veste légère en lin gris. Sa besace en cuir fatigué jure un peu avec l'ensemble. Dans la voiture, elle s'est appliquée à discipliner ses cheveux court autant que possible, mais ne porte aucun maquillage. Et comme d'habitude avec sa silhouette menue, on lui donne douze ans. Même pas quinze ! Douze, tout au plus ! Elle ne cadre pas vraiment ici.

Et puis, elle hausse les épaules. Elle ne doit rien à personne. Elle a affronté des obstacles bien plus impressionnants. Elle s'approche un peu plus du comptoir, tape du plat de la main dessus. La secrétaire fronce les sourcils en bouchant le combiné du téléphone.

— Veuillez patienter, je vous prie, jeune fille, dit la secrétaire d'un ton sec en la toisant comme on le fait à un enfant que l'on veut intimider.

— Non.

— Pardon ?

— Non. Je ne patiente pas. Je suis attendue, et ça fait déjà plus de cinq minutes que vous m'ignorez royalement. Ça impressionne peut-être certains, mais pas moi. Vous êtes secrétaire, pas le pape ! Alors, dites-moi où je dois me rendre pour voir Maitre Lombardo ?

La secrétaire pose lentement le combiné. C'est bien la première fois qu'une gamine se permet de lui parler de cette manière. Elle va pour répondre, quand un homme de petite taille, armé d'un grand sourire s'approche.

— Mlle Bridgewater ? C'est bien ça ?

— En effet.

— Nous vous attendions.

« Nous » ? Pourquoi ce « nous » ? Ils ont besoin d'être plusieurs pour discuter de la mort de son père ? Katerine suit Maitre Lombardo en répondant aux questions banales qu'il lui pose sur le voyage, le chauffeur, son potentiel besoin de boisson chaude ou de biscuits. Elle sait que ces questions sont moins anodines qu'elles n'y paraissent. Par exemple sur le chauffeur. Elle se doute que ce genre de cabinet évalue les professionnels qu'ils engagent. Elle répond de manière laconique. Elle n'a pas envie de faire un faux pas dont pâtirait M. Philips. Et puis, elle se méfie de ce Maître Lombardo. Elle le sent calculateur.

Il l'a fait entrer dans une salle de réunion pourvue d'une longue table ovale autour de laquelle se tiennent plusieurs personnes. Douze exactement, comme les apôtres... Super... elle entre sous les regards curieux ou durs. Personne ne lui adresse la parole, et Maître Lombardo ne la présente pas. Elle ne sait donc pas qui sont les autres. De nouveau, super !

Maitre Lombardo lui propose la chaise en bout de table. Elle en choisit délibérément une autre à gauche et légèrement en retrait des autres. Elle n'est pas une bête de foire.

— Très bien. Nous sommes au complet. Nous allons pouvoir commencer.

Faire le grand sautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant